2018

Swimming Pool

10:06

de Sarah Crossan

(traduction de Clémetine Beauvais)

 
« Kasienka est polonaise
et elle vient d'arriver
en Angleterre avec sa mère.
Mais la vie ici n'a rien d'une vie rêvée.
Heureusement, il y a la piscine,
il y a l'eau. Et dans l'équipe de natation,
il y a William...
 », Swimming Pool, édition Rageot

Plonger.
Dans un monde sourd
Corps en apesanteur
Des bulles d’airs dansent autour de lui.
Tout est calme et serein.
Libre de ces bruits et ces pensées parasites.
Seule avec l’eau.
Avancer, onduler, glisser.
Nager à en perdre le souffle.
Nager sur plusieurs longueurs
Aussi rapide et délicate qu’une anguille
Elle trouve la paix à la piscine
Quand le poids de l’eau l’entoure.

Swimming Pool nous emmène à Coventry. Là où le ciel est aussi gris et pluvieux que la vie de Kasienka : elle a quitté sa Pologne natale pour suivre sa mère dans son désir de retrouver l’homme qui les a abandonnées, celui qui est partie en fracturant leur famille. Ce rêve de famille réunie libère un goût amer : une petite chambre miteuse pour deux, un quotidien troué et effiloché, fait de moqueries, de jugements, d’indifférences et d’espoirs perdus. Sur le visage de Kasienka des traits rayonnent et portent en eux des thèmes forts : le regard de la société sur les jeunes immigrés, l’acceptation de l’autre, le harcèlement scolaire. Du haut de ses 13 ans, Kasienka est une jeune fille touchante : elle porte les décisions de sa mère sur ses épaules et accepte cette nouvelle vie et ses conséquences en silence. Sans rien attendre en retour. Juste un peu d’affection et de considération. Quelques bulles d’air lui permettent de reprendre son souffle : les repas chez son voisin, William et la natation.

Une nouvelle fois j’ai été charmée par l’écriture de Sarah Crossan. Une histoire en vers libres. C’est innocent, délicat mais aussi percutant et réaliste. Pas d’ornements. Chaque mot compte et résonne dans le texte. Je trouve que les vers transcrivent assez bien l’adolescence : on a une certaine insouciance, une douceur qui se mêle à une criarde vérité. L’adolescent ne pèse pas ses mots, il dit les choses comme elles sont, il crie ses émotions. La délicatesse des premiers sentiments amoureux. L’apaisement une fois dans l’eau. La colère qui consume l’héroïne, notamment, face à la minimisation du harcèlement scolaire.

J’ai aimé retrouver la plume de Sarah Crossan et son atmosphère si bien retranscrite par Clémentine Beauvais. J’ai aimé ralentir le rythme, lire chaque page de ce roman avec lenteur comme pour profiter un peu plus longtemps de ces mots qui s’enchaînement comme des notes de musique (c’était presque trop rapide). J’ai aimé cette douceur adolescente tout comme cette réalité naturellement racontée.

J’ai plongé dans la Swimming Pool avec Kasienka : je l’ai vu retenir son souffle quand elle a posé les pieds sur le sol anglais et le libérer dès qu’elle entrait dans l’eau. Un récit adolescent court et délicat !

★    
Gwendoline

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