de Sarah Crossan
(traduction de Clémetine Beauvais)
« Kasienka est polonaise
et elle vient d'arriver
en Angleterre avec sa mère.
Mais la vie ici n'a rien d'une vie rêvée.
Heureusement, il y a la piscine,
il y a l'eau. Et dans l'équipe de natation,
il y a William... », Swimming Pool, édition Rageot
et elle vient d'arriver
en Angleterre avec sa mère.
Mais la vie ici n'a rien d'une vie rêvée.
Heureusement, il y a la piscine,
il y a l'eau. Et dans l'équipe de natation,
il y a William... », Swimming Pool, édition Rageot
Plonger.
Dans un monde sourd
Corps en apesanteur
Des bulles d’airs dansent autour de lui.
Tout est calme et serein.
Libre de ces bruits et ces pensées parasites.
Seule avec l’eau.
Avancer, onduler, glisser.
Nager à en perdre le souffle.
Nager sur plusieurs longueurs
Aussi rapide et délicate qu’une anguille
Elle trouve la paix à la piscine
Quand le poids de l’eau l’entoure.
Swimming Pool nous emmène à Coventry. Là où le ciel
est aussi gris et pluvieux que la vie de Kasienka : elle a quitté sa
Pologne natale pour suivre sa mère dans son désir de retrouver l’homme qui les
a abandonnées, celui qui est partie en fracturant leur famille. Ce rêve de
famille réunie libère un goût amer : une petite chambre miteuse pour deux,
un quotidien troué et effiloché, fait de moqueries, de jugements, d’indifférences
et d’espoirs perdus. Sur le visage de Kasienka des traits rayonnent et portent
en eux des thèmes forts : le regard de la société sur les jeunes immigrés,
l’acceptation de l’autre, le harcèlement scolaire. Du haut de ses 13 ans,
Kasienka est une jeune fille touchante : elle porte les décisions de sa
mère sur ses épaules et accepte cette nouvelle vie et ses conséquences en
silence. Sans rien attendre en retour. Juste un peu d’affection et de
considération. Quelques bulles d’air lui permettent de reprendre son souffle :
les repas chez son voisin, William et la natation.
Une nouvelle fois j’ai
été charmée par l’écriture de Sarah Crossan. Une histoire en vers libres. C’est
innocent, délicat mais aussi percutant et réaliste. Pas d’ornements. Chaque mot
compte et résonne dans le texte. Je trouve que les vers transcrivent assez bien
l’adolescence : on a une certaine insouciance, une douceur qui se mêle Ã
une criarde vérité. L’adolescent ne pèse pas ses mots, il dit les choses comme
elles sont, il crie ses émotions. La délicatesse des premiers sentiments
amoureux. L’apaisement une fois dans l’eau. La colère qui consume l’héroïne,
notamment, face à la minimisation du harcèlement scolaire.
J’ai aimé retrouver la
plume de Sarah Crossan et son atmosphère si bien retranscrite par Clémentine
Beauvais. J’ai aimé ralentir le rythme, lire chaque page de ce roman avec
lenteur comme pour profiter un peu plus longtemps de ces mots qui s’enchaînement
comme des notes de musique (c’était presque trop rapide). J’ai aimé cette
douceur adolescente tout comme cette réalité naturellement racontée.
J’ai plongé dans la Swimming Pool
avec Kasienka : je l’ai vu retenir son souffle quand elle a posé les pieds
sur le sol anglais et le libérer dès qu’elle entrait dans l’eau. Un récit adolescent
court et délicat !
★ ★ ★ ★ ★
Gwendoline