de Amy Ewing
« Qui dit Joyau dit richesse. Qui dit
Joyau dit beauté. Qui dit Joyau dit royauté. Mais pour les filles comme Violet,
le Joyau est avant tout synonyme de servitude. Et pas n'importe quelle
servitude : Violet est née et a grandi dans le Marais avant d'être formée dans
l'optique de devenir Mère-Porteuse pour la royauté. En effet, au sein du Joyau,
la seule chose qui prime sur l'opulence et le luxe, c'est la descendance... (…)
Désormais connue sous l'appellation #197, Violet va rapidement découvrir la
brutale réalité qui sous-tend l'étincelante façade du Joyau : cruauté,
trahisons et violence sourde sont les méthodes de la royauté. », Le
Joyau (tome 1), édition Robert Laffont, collection R
Dans les
hautes sphères du Joyau, on a tout : argent, luxe, abondance, artifices,
pouvoir. On a tout sauf de quoi assurer sa lignée. Les unions consanguines ont
fait tellement des dégâts que les aristocrates se battent pour acquérir la mère
porteuse la plus prometteuse de l’année. Violet était une enfant des plus normales,
issue d’une famille modeste dans la région du Marais, quand, pour ses douze
ans, elle est enlevée à ses parents et à ses frères et sœurs. Elle compte parmi
les jeunes femmes capables d’accueillir au creux de leurs reins la future
progéniture des privilégiés de ce monde. Pendant six ans, elle suit une
éducation stricte avant d’être vendue au Joyau à sa prochaine propriétaire :
la comtesse du Lac. Violet s’efface pour devenir le lot 197, un objet qu’on
traîne partout pour épater la galerie. Dans un tel espace de démesure et d’apparence,
la jeune fille découvrira la sombre réalité de sa condition et les enjeux qui l’entourent.
Certains
comparent le Joyau à La Sélection et à Hunger Games ; moi ça m’a fait directement penser à la Servante Ecarlate de Margaret Atwood. Je
m’étais beaucoup renseignée sur cette dystopie classique (écrite en 1985) au
lycée pour mon cours de littérature anglaise, et je dirai que la Joyau est une copie moins trash et moins
approfondie, en terme d’univers, de La Servante
Ecarlate. J’ai vraiment envie de lire le roman de Margaret Atwood et de
comparer les deux.
Il est clair
que de nombreuses similitudes m’ont sauté aux yeux entre ces deux œuvres néanmoins
Amy Ewing dissimule la reprise de ce modèle en ajoutant une nouvelle perspective :
l’implication du fantastique. En effet, chaque mère porteuse est dotée de
pouvoirs magiques plus ou moins puissants qui permettent à leurs maîtresses de
créer un bébé sur mesure, de son sexe à la rapidité de sa croissance. Dans cette fiction, les femmes dominent. Au
sein de cette société matriarcale, les hommes sont soit complètement effacés du
récit et des conflits politiques, soit jugés insignifiants. Entrer dans une
dystopie où les femmes dictent les règles, j’admets que c’est assez novateur ;
on a plus l’habitude de croiser un dictateur moustachu.
De plus j’ai
bien aimé découvrir l’organisation de cet univers et comment Violet et ses
camarades évoluaient dans ce nouveau milieu hostile. Amy Ewing prend le temps
de poser les bases de sa société imaginaire, d’expliquer ses diktats tout en
restant vague sur les intentions de la Royauté. L’intrigue a donc une bonne
cadence, néanmoins dès que la romance s’invite
à la fête, tout dérape. Au menu : romance à la guimauve et je vois déjà se
dessiner un triangle amoureux pour le second tome –il faut arrêter avec les
triangles amoureux ; en plus à chaque fois ce sont des schémas qui se
répètent : le gentil et le mystérieux, le pauvre et le riche-. Dès que Cupidon
se pose sur l’épaule de notre héroïne, elle devient subitement agaçante et
niaise. C’est dommage car les personnages ont un bon potentiel, surtout les
deux protagonistes masculins qui gravitent autour de Violet. Le retournement
final invite notamment à reconsidérer l’un d’entre eux et j’ai envie de lire la
suite pour en apprendre davantage sur ce héros qui, pour l’instant, reste caché
derrière la toile de fond.
Le Joyau,
c’est un peu comme un bracelet de breloques en argent : on sait que ce n’est
pas un bijou inédit mais il nous plaît alors on lui laisse une chance en se
disant qu’il pourra s’embellir au fur et à mesure que l’on rajoutera des
breloques. Et même si la première breloque ne nous séduit pas entièrement, on
se dit que la suivante sera peut-être plus étincelante !
★ ★ ★ ✩ ✩
Gwendoline