2017

La Cave

08:34

de Natasha Preston


« Imaginez une maison comme n’importe quelle autre. Dedans, une pièce. Dans cette pièce, une armoire. Derrière cette armoire, une porte. Au-delà de cette porte, des escaliers. Et en bas, une cave. Une cave où sont séquestrées trois filles, Rose, Iris et Violette, soumises à la folie maniaque et meurtrière d’un homme : Trèfle. Dans une autre maison, dans une ville où il ne se passe jamais rien, Summer mène une vie parfaitement banale. Elle a des parents, un frère, des copines, un petit ami. Mais un soir, sa route croise celle de Trèfle, et Summer ne rentre pas chez elle. Elle se retrouve enfermée dans une cave en compagnie des autres filles et rebaptisée Lila. », La Cave, édition Hachette

C’est l’histoire d’un jeu. D’une main détraquée amoureuse des fleurs. Elle les arrache à leurs tiges, à leurs familles et les enferme dans une boîte. Une toute petite boite, isolée du monde. Comme des poupées, cette main habille ces fleurs et les emprisonne dans un rôle. Obsédée par leur beauté, elle ne voit pas que ces fleurs perdent leurs couleurs et menacent de se faner. Rose, Iris, Violette : trois pétales condamnés et un espoir desséché. Lila est une fleur fraîchement coupée. Enlevée de ses parents, son frère et son petit ami, elle veut quitter cette boîte par tous les moyens. Cette jeune fille refuse d’agir comme les autres fleurs dociles : elle ne sera jamais Lila, l’objet de ce monstre. Elle reste Summer et l’adolescente est déterminée à s’enfuir. Seulement pour s’échapper, il faut déjà survivre aux règles imposées dans cette cave…

Peu habituée aux récits angoissants et psychologiques, je me suis lancée dans la lecture de La Cave, intriguée. Rapidement, le quotidien de Summer bascule, une nuit où elle se rend à une fête. Adieu ses préoccupations d’adolescente, la voilà jetée dans une cage, fermée à double tour, avec des jeunes femmes toutes aussi étranges que son kidnappeur. Un combat intérieur s’enclenche avec elle-même : coincée entre quatre murs elle doit jongler entre deux personnalités pour survivre : la jeune femme qu’elle est vraiment qui garde l’espoir d’une délivrance et Lila, cette fleur muette, pure et soignée que chérit Trèfle, le gardien de ce jardin. Autour de la détresse de Summer se noue d’autres points de vue : Lewis, le petit ami, et Trèfle. Ces variations ont l’avantage d’inclure du dynamisme au récit mais révèlent également la bête noire de l’histoire : les personnages et leur construction.

Tous les protagonistes et surtout les héros manquent de profondeur ; ce roman tend vers le young adult à cause notamment de ses thèmes forts (séquestration, viol, syndrome de Stockholm, troubles psychologiques) sauf que la psychologie des personnages est survolée. Le point de vue de Lewis ne sert qu’à montrer l’avancement extérieur de l’intrigue. Le point de vue de Trèfle reste décousu, même si l’auteur s’appuie beaucoup sur l’enfance et les souvenirs de son héros, l’esprit détraqué de cet homme reste insaisissable. D’autres personnages auraient mérité un petit peu plus de développement, comme Rose, l’une des séquestrée les plus touchées par le syndrome de Stockholm. Malgré tout, j’ai été agréablement surprise par le détournement final et la conclusion  du récit qui révèlent les séquelles de cette séquestration. J’ai eu le sentiment que l’auteur avait privilégié son héroïne principale et son caractère psychologique au détriment du reste. C’est dommage car l’intrigue reste stressante et déroutante.


Descendez dans La Cave et ouvrez la porte d’un thriller young adult glaçant et psychologique où pour survivre il faut endosser le rôle d’une fleur soumise et délicate. 

★   ✩ 

Gwendoline

2017

Appuyez sur étoile

12:28

de Sabrina Bensalah


« Quelques saisons ? Quelques mois ? Avril ne sait pas combien de jours il reste à sa mémé avant « d'appuyer sur Étoile ».La maladie est revenue, et ça fait peur. Mais Avril est prête à tout pour tenter de rendre les derniers jours de sa mémé plus beaux, moins durs. Il faut dire que mémé, ce n'est pas le genre chandail & tisane. Elle a passé sa vie dans les lumières tamisées d'un bar à champagne ; elle a chanté, dansé, aimé plus que d’autres en mille vies ; alors, pas question pour elle de mourir les yeux rivés sur un plafond blanc ! », Appuyez sur étoile, édition Sarbacane

Levons les yeux de nos écrans, penchons nos têtes vers le ciel. Autour de notre nuage urbain, les étoiles sont là, immobiles, elles nous attendent. Chaque nuit elles se parent de leur voile lumineux. Prêtes à étinceler les pupilles de l’individu qui la contemple. Quand le regard d’Avril se tourne vers les étoiles, elle voit un rêve : devenir une coiffeuse renommée foulant les plateaux de cinéma munie de ses pinces et son sèche-cheveux. Pour sa mémé, les étoiles sont sa délivrance ; elle attend le jour où elle « appuiera sur étoile », où leurs rayons berceront son corps fatigué. Vous l’aurez compris Appuyez sur étoile est une histoire de vie. Avril entre dans le printemps de sa vie : le monde l’attend, son esprit fleurit d’idées et de projets. Avec des parents en pleine crise sentimentale depuis leur divorce, la jeune fille s’accroche à sa grand-mère, une vieille dame aimante et délurée. Elle se bat contre la maladie mais sentant que l’hiver de sa vie se termine, elle confie à sa petite fille son dernier souhait : se rapprocher des étoiles. Avril va remuer corps et âme pour apporter les étoiles au chevet de sa mémé.

En lisant le synopsis ce roman, un mot m’a sauté au visage : l’émotion. Tout au long de ma lecture, j’ai attendu cette émotion qui ne s’est pas présentée. J’espérais être davantage impliquée émotionnellement dans ce récit, si bien j’ai été déçue de ne pas éprouver de l’empathie que ces personnages et leur histoire. Peut-être attendais-je quelque chose de plus grandiose, de plus bouleversant. Puis j’ai éteint mes peut être et mes espérances et c’est à ce moment-là qu’une étoile s’est allumée et que j’ai compris ce livre. C’est l’histoire de la vie, authentique, vraie, sans artifices. Une vie avec ses rêves, ses doutes, ses amitiés, ses choix, ses débuts, ses fins et surtout ses grandes doses d’amour. Je n’ai peut-être pas été émue mais j’ai été témoin d’une belle peinture de la vie : j’ai vu un lien indéfectible entre une grand-mère et sa petite fille, j’ai vu une jeunesse optimiste, acharnée et rêveuse, j’ai vu des êtres qui avancent malgré la perte. C’est un livre juste sur la beauté imparfaite de la vie. Cette idée s’illustre également dans l’écriture de Sabrina Bensalah : son style se balance entre poésie et authenticité. Il incarne cette délicatesse qui hante notre quotidien.  


Appuyez sur étoile, pour écouter la vie et la mort se chamailler, pour observer le tracé que laisse une âme déterminée, pour admirer ce débordement d’amour qui fait descendre les étoiles jusqu’à nous. 

Gwendoline

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