de Natasha Preston
« Imaginez
une maison comme n’importe quelle autre. Dedans, une pièce. Dans cette pièce,
une armoire. Derrière cette armoire, une porte. Au-delà de cette porte, des
escaliers. Et en bas, une cave. Une cave où sont séquestrées trois filles,
Rose, Iris et Violette, soumises à la folie maniaque et meurtrière d’un homme :
Trèfle. Dans une autre maison, dans une ville où il ne se passe jamais rien,
Summer mène une vie parfaitement banale. Elle a des parents, un frère, des
copines, un petit ami. Mais un soir, sa route croise celle de Trèfle, et Summer
ne rentre pas chez elle. Elle se retrouve enfermée dans une cave en compagnie
des autres filles et rebaptisée Lila. », La Cave, édition Hachette
C’est l’histoire d’un jeu. D’une main
détraquée amoureuse des fleurs. Elle les arrache à leurs tiges, à leurs familles
et les enferme dans une boîte. Une toute petite boite, isolée du monde. Comme
des poupées, cette main habille ces fleurs et les emprisonne dans un rôle.
Obsédée par leur beauté, elle ne voit pas que ces fleurs perdent leurs couleurs
et menacent de se faner. Rose, Iris, Violette : trois pétales condamnés et
un espoir desséché. Lila est une fleur fraîchement coupée. Enlevée de ses
parents, son frère et son petit ami, elle veut quitter cette boîte par tous les
moyens. Cette jeune fille refuse d’agir comme les autres fleurs dociles :
elle ne sera jamais Lila, l’objet de ce monstre. Elle reste Summer et
l’adolescente est déterminée à s’enfuir. Seulement pour s’échapper, il faut
déjà survivre aux règles imposées dans cette cave…
Peu habituée aux récits angoissants et
psychologiques, je me suis lancée dans la lecture de La Cave, intriguée. Rapidement, le quotidien de Summer bascule, une
nuit où elle se rend à une fête. Adieu ses préoccupations d’adolescente, la
voilà jetée dans une cage, fermée à double tour, avec des jeunes femmes toutes
aussi étranges que son kidnappeur. Un combat intérieur s’enclenche avec
elle-même : coincée entre quatre murs elle doit jongler entre deux
personnalités pour survivre : la jeune femme qu’elle est vraiment qui
garde l’espoir d’une délivrance et Lila, cette fleur muette, pure et soignée
que chérit Trèfle, le gardien de ce jardin. Autour de la détresse de Summer se
noue d’autres points de vue : Lewis, le petit ami, et Trèfle. Ces
variations ont l’avantage d’inclure du dynamisme au récit mais révèlent
également la bête noire de l’histoire : les personnages et leur
construction.
Tous les protagonistes et surtout les
héros manquent de profondeur ; ce roman tend vers le young adult à cause
notamment de ses thèmes forts (séquestration, viol, syndrome de Stockholm,
troubles psychologiques) sauf que la psychologie des personnages est survolée.
Le point de vue de Lewis ne sert qu’à montrer l’avancement extérieur de l’intrigue.
Le point de vue de Trèfle reste décousu, même si l’auteur s’appuie beaucoup sur
l’enfance et les souvenirs de son héros, l’esprit détraqué de cet homme reste
insaisissable. D’autres personnages auraient mérité un petit peu plus de
développement, comme Rose, l’une des séquestrée les plus touchées par le syndrome
de Stockholm. Malgré tout, j’ai été agréablement surprise par le détournement
final et la conclusion du récit qui
révèlent les séquelles de cette séquestration. J’ai eu le sentiment que l’auteur
avait privilégié son héroïne principale et son caractère psychologique au
détriment du reste. C’est dommage car l’intrigue reste stressante et déroutante.
Descendez
dans La Cave et ouvrez la porte d’un
thriller young adult glaçant et psychologique où pour survivre il faut endosser
le rôle d’une fleur soumise et délicate.
★ ★ ★ ✩ ✩
Gwendoline