L'élégance du Hérisson
09:45
de Muriel Barbery
« Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même... », L'Élégance du Hérisson, édition Gallimard
Renée à 54 ans est la concierge
d’un immeuble huppé de Paris. Elle est l’archétype de veille concierge avec son
chat, ses robes négligées et son physique repoussant. Et pourtant Renée a un
secret : derrière son tablier se cache une femme intelligente et
passionnée. Tolstoï. Peinture Hollandaise. Films japonais. C’est une vraie
érudite. Ses voisins, aux portes monnaies lourds et aux comportements guindés,
n’y voient que l’image de cette pauvre concierge banale et stupide. Une image
que Renée entretient, et pour combien de temps ? L’arrivée d’un nouvel
habitant menace de rompre la carapace pleine de clichés dont elle vêt en public.
A cette histoire s’ajoute les confessions d’une enfant de 12 ans, Paloma, terriblement
mature et philosophe pour son âge, et
terriblement triste et solitaire dans sa cage dorée. Que vaut la vie dans ce
monde de luxe, d’apparence et de faux sentiments ? C’est l’une des
questions à laquelle elle essayera de répondre, dans ses « pensées
profondes ».
Que de labeur m’a demandé ce
livre ! Si vous êtes des visiteurs constants sur le blog, vous l’aurez remarqué :
que de retard ! Je peux accuser la rentrée, et son organisation. Pour être
honnête, ma lecture de « L’Elégance
du hérisson » a été très sectionnée, hachée – 10 pages par-là, 20
pages par ici, 5 pages d’un côté, 30 de l’autre- durant les deux premières parties du roman.
Comment expliquer ensuite que les secondes parties ont été lues très rapidement ?
L’histoire a vraiment attisée ma curiosité dès l’installation du nouveau propriétaire.
Je pense que j’ai eu un peu de mal à rester concentrer sur ce récit au départ.
Le roman nous présente deux héroïnes très intelligentes par conséquent les mots
et l’écriture de Muriel Barbery ne sont que plus « lettrés ». Je m’explique.
C’est un style très bien mené, très bien écrit, les tournures de phrases sont mûrement
réfléchies et ne font d’embellir les réflexions de nos personnages. Des réflexions
qui nagent entre philosophie, poésie, le tout dans une réalité assez banale où
la culture et les mots ont une place majeure dans le texte et dans le cœur de
nos protagonistes. Les yeux ne se contentent d’effleurer les mots, ils les
apprivoisent. Apprivoiser ces mots et les comprendre requiert donc plus de
concentration. C’est un roman qui demande une implication au lecteur. Il m’est
arrivée de relire des phrases pour en saisir parfaitement le sens, de réfléchir
aux propres remarques que faisaient les héroïnes, et même d’aller chercher la
définition exacte de certains mots. Même
quand la dernière page est tournée, l’histoire nous hante. Ces séries d’œuvres
littéraires, artistiques, et cinématographiques citées tout au long du roman et que j’ignorais pour la plupart,
nous invite à les découvrir à posteriori. En plus d’être un récit fictif c’est
une mine d’informations culturelles.
Ce style soutenu et singulier et
ce besoin de montrer cette richesse culturelle peuvent effrayer, peuvent
parfois ennuyer (si si je l’admets), et surtout
peuvent s’avérer complexes pour certains d’entre vous mais il ne faut pas désespérer.
Le tout n’est pas de terminer au plus vite cette lecture mais de savoir ce que
l’on veut retenir de celle-ci. Voir au-delà des préjugés. Ne pas juger par l’apparence.
La culture générale, les connaissances ne se limitent pas à des rangs d’études
mais à la détermination que l’on a d’apprendre et de se cultiver. Chacun est
libre de lire ou non. La littérature nous rend tous égaux (pour reprendre l’idée
d’Alan Bennett dans La Reine des
Lectrices ) donc pourquoi une concierge ne pourrait pas être une championne
de grammaire ou devenir une très bonne
critique littéraire ?
Ce roman est bourré de réflexions
sur la nature humaine et d’interrogations sur l’Homme ; c’est un vrai
tremplin à méditation. Mais n’oublions la fiction. Car c’est aussi pour son
histoire émouvante que l’on apprécie. Une enfant et une veuve, toutes deux
malheureuses. Elles ont une vie morose et elles cherchent le bonheur, la
lumière dans les moments ordinaires de la vie. La trouveront-t-elles ? A vous
de me le dire.
Pour simple conclusion je me
vous laisse avec ces mots : « Mme
Michel, elle a l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de
piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle
est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes
faussements indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. »
Gwendoline
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