de Sabaa Tahir
« Laia est une esclave. Elias est un soldat. Aucun d'entre eux n'est
libre. Sous l'Empire Martial, la défiance est synonyme de mort. Ceux qui ne
dédient pas leur sang et leur corps à l'Empereur risquent l'exécution des
personnes qu'ils aiment et la destruction de tout ce qui leur est cher. C'est
dans ce monde brutal, inspiré de la Rome ancienne, que Laia vit avec ses
grands-parents et son frère aîné. Sa famille survit comme elle peut dans les
allées sombres et pauvres de l'Empire. Ils ne défient pas l'Empire. Ils ont vu
ce qui arrive à ceux qui osent le faire. Mais quand le frère de Laia est arrêté
pour trahison, Laia doit prendre une décision. En échange d'aider les rebelles
qui ont promis de secourir son frère, elle doit risquer sa propre vie pour
jouer les espionne à l'intérieur même de la plus grande académie militaire de
l'Empire. », Une braise sous la cendre, édition Pocket Jeunesse
Une brume épaisse t’aveugle. Des grains de sable glissent
sous tes lèvres et croquent sous tes dents. Le voile qui te couvre le visage
n’empêche pas les bourrasques de vent de te griffer la peau. Sens-tu cette
odeur de fumée froide ? Vois-tu, au milieu de ces ruines, la résistance
qui rougit silencieusement ? Non. Et pourtant une braise est là. Sous la
cendre.
Un monde où les édifices sont faits de sang, de chair et de
larmes. Dystopie. Fantasy. Martiaux
contre Érudits. Sur ce territoire asséché par le soleil, léché par des vagues
de sables : l'oppression siffle dans les rues. Les Martiaux et leurs sabres
puissants ont écrasé les Érudits et leur savoir aiguisé. Opprimée, tuée,
séquestrée, cette classe vit dans la peur. Laïa aidait sa grand-mère à
confectionner des confitures, épaulait son grand père pour soigner des malades,
restait éveillée toute la nuit jusqu'au retour de son frère et ses escales
nocturnes mystérieuses. Jusqu'à. Un nom murmuré au bord des lèvres. Les Masks. Des
guerriers aussi rapides qu'un sabre. Des machines à tuer. Le sang coule. Laïa prend la fuite. Elle
court vers un appel à l’aide, une chance, un espoir. Sauf que l’espoir se paye.
Durement. Laïa s’introduit dans la gueule du loup : Blackliff, l’école qui
transforme des âmes innocentes en soldats sanguinaires. Espionne sous sa
tunique d’esclave. Esclave de la femme à la tête de cette armée. Une minuscule
fourmi dans l’antre de la reine impériale. Sa mission : survivre sans se
faire écraser.
Une braise sous la
cendre m’a
transporté dans un univers instable et chaotique. Un univers régi par une seule
règle : survivre ou mourir. Un panorama de personnages. Un enchaînement de
combats. Des mythes et des monstres oubliés qui apparaissent comme un mirage
dans les dunes. Des épreuves à surmonter. Autant vous dire que ce livre ne
manque pas d’action ! Une série de péripéties présentes dès le début du
roman. Et pourtant je ne me suis pas transformée en papivore. Une lecture
fracturée, des pages difficiles à digérer. Pour la première partie du roman.
Uniquement. Des personnages principaux et secondaires bien dessinés et réactifs
dans le récit. Ce manque d’immersion complète dans le roman tient au décor
construit par l’auteur. A mon goût, il manque de descriptions et de détails.
J’aurais aimé en connaître davantage sur le monde de Laïa et Elias, car
l’histoire de ce roman et ses composantes offrent une richesse infinie d’interprétation
et d’imagination.
Les personnages et
leurs interactions sont la clé du récit. Deux héros aussi attachants que
différents : Laïa, la jeune fille fébrile qui endosse courageusement le
rôle d’esclave pour sauver son frère, et Elias, le prochain guerrier influent
de son régiment, assoiffé de liberté. Helen. Cuisinière. Marcus. Keenan. Des
noms en arrière-plan mais tout aussi captivants. Sans parler du Gouverneur, la
femme qui emprisonne dans sa main de fer le destin de ces jeunes. Elle est
imprévisible, insensible et détestable. Dès qu’elle se apparaître entre deux
mots, on retient son souffle. Des personnages et leur complexité. Bon ou
mauvais. Bien ou Mal. L’auteur dissipe toute vision manichéenne, aucun
personnage, aucune situation n’est aussi tranchée. Derrière cette barbarie et
cette angoisse constante, une humanité rayonne. Ce roman illustre l’humain et
ses élans naturels, ses choix, ses doutes, son égoïsme, sa peur, son orgueil,
sa générosité. Éclatement de sentiments contradictoires, ces émotions si
complexes qui constitue l’Homme. Le chaos n’empêche pas l’affection. Sabaa
Tahir prend le choix audacieux de construire dans ce premier tome « un quatuor »
amoureux. Étrangement, cette caractéristique n’a pas entaché le plaisir de cette
lecture : pas de romance au détriment de l’intrigue principale, pas
d’émotions superflues pour dynamiser le texte. Une romance qui s’immisce
naturellement dans le récit et s’éclaircit dès le dénouement. Une romance sans
excès aussi bien menée, je ne peux que valider !
Avec Une braise sous la cendre, aiguisez vos
armes, ouvrez l’œil et préparez-vous à vous confronter à vos plus grandes peurs
et mêmes à vos amis ! Un roman fantasy porté par une action intense et des
personnages travaillés : découvrez les origines de cette braise destinée à
brûler !
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Gwendoline