2016

Le Cercle

07:31

de Bernard Minier


« Un coup de fil surgi du passé, un e-mail énigmatique, qui signe peut-être le retour du plus retors des serial-killers, précipitent le commandant Martin Servaz dans une enquête dangereuse, la plus personnelle de sa vie. Un professeur de civilisation antique assassiné, un éleveur de chiens dévoré par ses animaux... Pourquoi la mort s'acharne-t-elle sur Marsac, petite ville universitaire du Sud-Ouest, et son cercle d'étudiants réunissant l'élite de la région ? Confronté à un univers terrifiant de perversité, Servaz va rouvrir d'anciennes et terribles blessures et faire l'apprentissage de la peur, pour lui-même comme pour les siens. », Le Cercle, édition Pocket

Un nouveau thriller pour cette semaine.  Après un thriller psychologique qui m’avait laissé un goût amer, j’espérais que Le Cercle de Bernard Minier allait me consoler avec les polars. Et ce fut le cas. On peut prendre peur en voyant les 800 pages qui nous attendent. L’auteur nous submerge de détails, d’éléments en tout genre. Chaque lieu et chaque personnage même secondaire sont décrits avec précision. Parfois je me suis demandée pourquoi l’auteur avait fait ce choix ? Une envie de renforcer la vraisemblance du récit ? De brouiller les pistes ? Une impression de décousu, pour finalement constater que c’est un thriller très bien ficelé. Chaque intervenant dans l’Å“uvre a un impact, un lien avec l’enquête. Rien n’est superflu. On nous déploie une série de suspects pour nous surprendre encore plus lors du dénouement. Mais ne nous embrouillons pas ; repartons du début.

Le Cercle qu’est-ce que c’est ? C’est l’histoire d’un meurtre. D’une enquête à Marsac près de Toulouse. Claire Diemar, une enseignante de culture antique au lycée de Marsac est retrouvée morte dans sa baignoire. Un spectacle des plus étranges s’offre aux enquêteurs présents. Un premier suspect est arrêté. Mais rien n’est simple. Le commandant Martin Servaz et son équipe vont découvrir que ce meurtre cache de lourds secrets, des blessures impossible à cicatriser et un lien étrange entre les différents élèves de prépa. Martin Servaz, lui-même ancien élève au lycée de Marsac, va être contraint de faire face à son passé et à d’anciennes connaissances. Plus il approchera de la vérité plus il mettra sa vie en danger. Les dernières pages défilent sous nos doigts, si proche de l’heure des révélations on ne veut plus lâcher ce livre.  Qui a tué Claire Diemar ? Un homme jaloux ? Un élève rancunier ? Un tueur en série vivement recherché ? Les paris sont ouverts.

Cette enquête se déroule deux ans après les épisodes contenus dans le premier roman de B. Minier : Glacé. J’ignorais totalement que ce livre était une suite et cela n’a pas été un problème. Le héros reste le même mais l’intrigue est bien différente.



L’aspect à la fois déstabilisant et très dynamique de ce thriller, c’est que dans chaque chapitre se fracture différentes scènes, différentes focalisations sur les personnages qui constituent cette histoire. Certes le commandant Servaz reste le point central du récit. Mais il nous arrive de suivre, par exemple, sa fille Margot, en hypokhâgne, qui espionne les comportements étranges de ses camarades ou le quotidien dramatique d’une femme séquestrée par un détraqué sexuel.  En tant que lecteur, on ne peut s’empêcher d’enfiler nous aussi notre costume de détective :  on récolte les informations, on monte nos scénarios et comme notre héros on en oublie  ce qui est devant nos yeux. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas déçus, la vérité éclate, nous stupéfait. Ce roman à suspense ne laisse pas de marbre.

Bien entendu c’est un thriller pour adulte, donc attendez-vous à des scènes qui vous surprennent, vous dégoûtent parfois.


Le Cercle, toute la vérité se cache dans ce titre. Donc si vous voulez vous lancer dans un thriller où la peur règne au cÅ“ur d’une ville et d’un lycée, où personne n’est innocent, ce polar est fait pour vous ! Découvrez cette glaçante vérité dissimulée derrière les secrets, les manipulations et l’orgueil. 

Gwendoline

2016

Ma Meilleure Ennemie

11:01

de Paula Daly


« Natty et Sean forment un couple heureux depuis le lycée. Après avoir travaillé très dur, ils sont aujourd'hui propriétaires d'un charmant petit hôtel et mènent une vie confortable dans la région des Lakes au nord ouest de l'Angleterre. (…) Alors que la plus jeune de leurs filles, Felicity, est en voyage scolaire en France, Eve, la meilleure amie de Natty, vient lui rendre visite. Psychologue de renom, elle a toujours soutenu Natty dans les moments difficiles. Quand l'école appelle Natty pour lui annoncer que Felicity est gravement malade et vient d'être hospitalisée, Natty n'hésite pas une seconde et part en France au chevet de sa fille. (…) Lorsque Natty rentre enfin chez elle, après une dizaine de jours, c'est le choc : Sean lui annonce qu'il est tombé amoureux d'Eve et qu'il veut divorcer. Tout s'écroule autour de Natty. Elle n'a pas d'autre choix que de tenter de faire face, au moins pour ses filles, et d'accepter la fatalité. Mais un jour, elle reçoit une lettre : Eve aurait déjà agi ainsi à plusieurs reprises, avec des conséquences dramatiques. Natty va alors se lancer dans une bataille très dangereuse ... », Ma Meilleure Ennemie, édition Le Cherche Midi

Psychologie. Manipulation. Une famille qui éclate en mille morceaux. Des secrets enfouis ressurgissent. Ma Meilleure Ennemie relate le déchirement d’un couple et la trahison d’une amie. Natty et Sean sont gérants d’un hôtel en Angleterre. Ils vivent confortablement avec leurs deux filles. Leur couple bat de l’aile et tout s’aggrave lorsqu’une amie de longue date, Eve, vient leur rendre visite. En urgence, Natty abandonne son mari et sa fille ainée pour rejoindre sa fille Félicity hospitalisée en France. Eve lui promet de veiller sur sa famille. A son retour, c’est le déhanchement. Son mari la quitte pour son amie d’enfance. Natty est démoralisée. Un mystérieux mot va la pousser à enquêter sur cette amie qu’elle pensait connaître. Rattrapée par les erreurs de son passée, elle devra être prudente pour éviter de se brûler les ailes. Que va-t-elle découvrir sur Eve ? Des choses qu’elle n’avait pas imaginées ….

Mon avis sur ce livre tiendrait en quelques mots : bon thriller mais un démarrage très lent. Personnellement, je n’ai pas vu l’intérêt de cette histoire avant le milieu du roman (vers la page 200). Les scènes s’enchaînent, les points de vues d’Eve et de Natty se croisent, on devine facilement la suite des évènements même si on ne comprend pas vraiment les motivations des personnages. Je me suis énormément ennuyée durant cette première partie du roman. L’alternance de points de vue entre les différents protagonistes dans un même chapitre n’est pas ce que je préfère. La mise en place de cette manipulation affective aurait dû m’interpeller mais au contraire, j’ai trouvé certaines scènes inutiles et inintéressantes. Néanmoins dès que Natty débute son enquête pour découvrir qui se cache derrière le nom d’Eve, on raccroche au récit. On joue sur deux panneaux : l’aveuglement d’un époux, d’une famille et le dévoilement d’une vie cachée. La vérité surprend. La tension monte. Une atmosphère funeste se fait ressentir lors des dernières pages. Cette rencontre avec Eve brisera à jamais cette famille mais de ces blessures renaîtra une harmonie. J’aurai aimé un épilogue. On clôt ce livre avec un mot à la bouche : vengeance. Cependant que devient cette famille ? Quelle conséquence ce dénouement a eu ? On l’ignore.

Ce thriller n’est pas le meilleur que j’ai pu lire, j’en retiens des longueurs, et un texte peu captivant au départ, même si le portrait d’Eve et les révélations sur ce personnage énigmatique sont intrigantes.

Ma Meilleure Ennemie plaira aux lecteurs de thrillers psychologiques, qui veulent suivre l’histoire d’une manipulatrice machiavélique et insensible. 


Gwendoline

5 étoiles

Phobos (T1)

03:38

de Victor Dixen

 TOME 1   LES ÉPHÉMÈRES


« Six prétendantes. Six prétendants. Six minutes pour se rencontrer. L'éternité pour s'aimer.

ILS VEULENT MARQUER L'HISTOIRE AVEC UN GRAND H.

Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d'un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l'œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l'émission de speed-dating la plus folle de l'Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.

ELLE VEUT TROUVER L'AMOUR AVEC UN GRAND A.

Léonor, orpheline de dix-huit ans, est l'une des six élues. Elle a signé pour la gloire. Elle a signé pour l'amour. Elle a signé pour un aller sans retour...

MÊME SI LE RÊVE VIRE AU CAUCHEMAR, IL EST TROP TARD POUR REGRETTER. », Phobos, édition Robert Laffont – Collection R

Une émission de télé réalité inédite. Un voyage sans retour. Une diffusion mondiale. 12 adolescents sélectionnés aux quatre coins du globe pour vivre l’aventure de leur vie. Une aventure sentimentale. Préparés pendant un an à l’abri des regards, ces 6 filles et ces 6 garçons vont créer la première colonie humaine sur Mars. Rejoindre le programme Genesis c’est signer pour la gloire et l’amour. Les flashs. La popularité. Etre exposé aux yeux du monde. Léonor, la candidate française, connaissait les conditions. A la fin du voyage, elle sera mariée ; avec un prétendant qu’elle n’aura côtoyée que quelques minutes par semaine. Et pourtant, cette idylle dans l’espace se révèle bien plus dangereuse et chaotique que prévue. Cette chance de fuir un monde sans attache n’est-elle pas un trajet vers la catastrophe ? Quel sombre secret se cache derrière la mission Genesis ?

Moi qui redoute toujours les récits un peu trop fantastiques où règnent aliens, créatures étranges, j’ai été rassurée en lisant Phobos. C’est une dystopie originale comme je les aime. Le rythme est haletant. A la fois sur Terre et dans l’espace, on vit cette histoire. En tant que lecteur, on est cet Å“il qui sait tout et qui voit tout. Victoir Dixen alterne les points de vue en utilisant une écriture proche du script de cinéma. Chaque chapitre introduit un champ de caméra suivi du lieu et de l’heure. On alterne donc avec le point de vue interne de Léonor, notre héroïne, et celui du narrateur omniscient qui nous relate en parallèle les évènements sur Terre. On nous ouvre les portes du décor, les coulisses de l’émission et de la production nous sont dévoilés. Ce choix d’écriture permet vraiment un lecture presque visuelle, on s’imagine très bien les scènes filmées ; un peu comme si on était un spectateur devant sa télévision.  

Un spectateur qui découvre des personnages avec leurs failles, leurs secrets, leurs cicatrices. Tous les candidats ont un point commun : un passé à oublier et une vie meilleure à construire loin de la Terre.  Je me suis vraiment attachée à tous les prétendants. Filles comme garçons, ils ont une histoire et une personnalité bien définie par l’auteur. Léonor, cette orpheline, et ancienne ouvrière dans une usine de nourriture pour chien, part en quête d’une famille. D’une famille qu’elle n’a jamais eue. Ne pensez pas que le principe des speed-datings la plaise, au contraire, elle est la candidate la plus réticente à cette partie du jeu. Sa famille elle la voit dans ses coéquipières, Kristen, Safia, Kelly, Liz et FangFang. Mais une fois en orbite, la conquête vers l’Amour débute avec les premières excitations, les jalousies et les coups-bas. Vous vous imaginez bien que les romances occupent aussi le récit. Un peu déconcertée face à l’arrivée d’un triangle amoureux, je reste quand même satisfaite de la manière dont les histoires sentimentales sont traitées. Marcus reste mon personnage masculin favori, malgré son côté poète énigmatique un peu cliché mais que j’apprécie néanmoins.


Manipulation, machination, mensonges et faux semblants, Phobos porte bien son nom car le programme Genesis a de quoi faire peur. Ces 12 candidats ignorent dans quel pétrin ils se lancent. Ce premier tome se termine en pleine acmé dramatique !

Prenez siège à bord du Cupido, en compagnie de 12 candidats en quête d’une nouvelle vie. Le voyage ne sera pas sans turbulence ni frayeurs. Sur Terre comme dans l’espace personne n’est en sécurité. Surtout si vous êtes incapable de tenir un secret. Si vous êtes prêt à courir le risque alors Phobos est fait pour vous ! 

Gwendoline

2016

Le Quatrième Mur

11:35

de Sorj Chalandon 


« L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronnage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne... », Le Quatrième Mur, édition Le Livre de Poche

Un roman violent et bouleversant. Qui nous tire de notre quotidien tranquille et superficiel. Alors que non loin, sur terre, règne la guerre, les conflits religieux. Le chaos. Les tirs. Les bombes. Le sang. Le héros principal, Georges, fait l’amère expérience de ces deux mondes différents : « J'avais hurlé qu'ailleurs, dans des berceaux, des bébés avaient eu la gorge tranchée. Que des enfants avaient été hachés, dépecés, démembrés, écrasés à coups de pierres. Et ma fille pleurait pour une putain de glace? C'était ça, son drame? Une boule au chocolat tombée d'un cornet de biscuit? ».  La rencontre avec Sam, un juif, porteur d’un projet utopique, provoque son voyage au Liban où il fait face à l’atmosphère brutale et sanglante de la guerre ; mais où il noue aussi une amitié forte avec les individus qui croisent son chemin.

Tout démarre avec une passion et une promesse. Le théâtre. Ce lieu de représentation, d’art où l’acteur n’est plus qu’un être fictif. Ce lieu de résonance, éloigné du réel et pourtant profond en signification. Sur la scène, l’homme est presque invincible, protégé derrière ce quatrième mur qui arrête toute intervention du réel, du spectateur.



Sam, Georges et Aurore. Le théâtre va les rassembler et les séparer. Et la promesse me diriez-vous ? Georges quitte son cocoon parisien pour continuer le projet de son ami : représenter Antigone de Jean Anouilh, dans un cinéma à l’abandon de Beyrouth. Réunir des peuples qui s'entretuent, des religions et des croyances qui s’opposent. Faire stopper ce bain de sang pour une représentation. Un challenge des plus complexes. La détermination et le courage de Georges sont remarquables. Cette aventure change son destin à jamais et modifie complètement sa vision du monde. Il est spectateur de cette peinture macabre : les corps tombent, les pleurs et les cris résonnent ; il se heurte à ce quatrième mur, impuissant. Alors avec cette tragédie, en tant que metteur en scène, il garde espoir en l’humanité et il espère que le théâtre marquera une trêve.

Nous lecteurs, suivons avec appréhension le rêve de cet homme ; les mots de Sorj Chalendon nous percutent tels des balles, on s’horrifie face à cette cruauté, la violence du texte nous frappe au ventre. Georges, l’étudiant en Histoire, est tout aussi atteint que nous. La confusion nous fait parfois décrocher, de nombreuses analepses viennent scinder le récit et l'auteur ouvre son oeuvre par un incipit proleptique (la suite de la narration n'est que des retours en arrière). Ces récits enchâssés demandent donc une attention plus intense car on peut perdre le fil assez facilement. 

Néanmoins on reste captivés par le texte. Quand on lit la dernière page, on ne peut constater qu'une seule chose : le quatrième mur est tombé, une tragédie nous a été contée, le rideau se ferme.

Le Quatrième Mur est un récit brutal et tragique sur les réalités de notre monde, entre fiction et réalité, entre guerre et paix, entre amitié et indifférence, cette histoire est une tragédie moderne ! 

Gwendoline

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