de Mercedes Helnwein
« C'est l'histoire d'une fille qui ne veut pas
aller au bal de promo, d'un apprenti poète qui l'a épousée pour trouver
l'inspiration, et d'un petit garçon rondouillard qui, à défaut d'être cow-boy
de l'espace, est ravi de tracer la route en camping-car avec eux. L'équipée
sauvage d'Hester Louise Day s'annonce comme un fiasco épique. Parce que la
famille, même bricolée, ce n'est jamais un long fleuve tranquille, surtout
quand on est recherché par la police et le FBI. Il faut dire que, quand Jethro,
son cousin de dix ans, s'est invité dans son road trip, Hester n'a pas réfléchi
aux conséquences. » La Ballade d’Hester Day, édition Le Livre
de Poche
Hester Day n’est pas une
adolescente comme les autres. Elle n’est pas réactive à aucune émotion et
préfère s’enfermer dans l’indifférence et l’extravagance, plutôt que de suivre
les mêmes idéaux que ses camarades de classe. Le bal de promo ? Très peu
pour elle. Elle s’y rend pour céder au caprice de sa mère et détruit
sauvagement toutes les espérances de son cavalier. L’université, les études de
médecine sont des mots dont elle ne veut pas entendre parler. Hester Day est
une âme vagabonde et romantique, elle pourrait sortir tout droit d’une fiction
écrite par la « beat generation ». Elle suit ses envies, vit l’instant
présent sans se soucier du lendemain. Elle ne décline jamais ses verbes au
futur. Un soir, elle nourrit le désir d’adopter un enfant ; d’offrir une
famille à un orphelin et par la même occasion de se libérer de son propre cocon
familial qui l’étouffe. Il lui suffit de quelques semaines pour épouser un
apprenti poète et sillonner les Etats Unis dans un vieux camping-car avec son
cousin de dix ans, grand fan de cow boys et d’extraterrestres. La route et ses
disputes, et ses rencontres, et ses aléas, et ses paysages. Ce road trip se
révèlera être une véritable bouffée d’air frais pour Hester Day, mais elle
devra bientôt retenir sa respiration car l’Amérique entière la recherche pour
kidnapping…
Prendre la route et ne jamais
revenir : une idée un peu folle, un brin carpe diem. On comprend pourquoi le titre s’attache au mot « ballade »
et non « road trip », car cette virée d’Etats en Etats s’enchaîne
rapidement –trop rapidement- pour se concentrer sur les personnages. Des
personnages construit aux antipodes des héros littéraires et qui pourtant restent
dans une boule de cristal : inaccessibles, irréalistes, romantiques. Comme
si en voulant ne pas en faire des archétypes, l’auteur les avait transformés en
caricatures. Hester s’impose comme une adolescente en pleine crise, aux limites
de l’anti-héros : imperméable aux sentiments, instable dans le monde qu’elle
connaît, elle ne communique que par le biais d’un cynisme virulent. Fenton est
l’incarnation du poète raté qui vit son Å“uvre, l’expérimente pour l’écrire
ensuite ; malheureusement il reste souvent en retrait ou silencieux. J’aurais
aimé voir ce qui se cachait derrière ce poète esquissé et non développé par
Mercedes Helnwein. Et enfin Jethro est la troisième roue de ce trio. Il incarne
l’innocence et l’insouciance d’un enfant en soif d’aventure et contraste avec
les deux héros principaux en décalage avec la société et la réalité. Le roman
offre un joli chant sur la liberté, le lâcher prise et le non-conformisme face
aux chemins préétablis par la société et nos proches. Il nous dit : « vivre
de vie et d’eau fraîche dans un camping-car sans penser à demain, être un outcast, ce n’est pas si mal si on est
heureux » ; seulement quand arrive les personnages ça déraille. Sincèrement,
je ne me suis pas du tout attachée à Hester –ni à un autre protagoniste- et j’ai
eu l’impression que ce voyage sur les routes était un caprice, un moyen d’entrer
un peu plus en collision avec sa famille et non une envie –un besoin- qui
pousse l’héroïne à l’errance. Je m’attendais à mieux de ce roman, j’ai été déçue.
La ballade d’Hester Day se
promène dans l’esprit d’Hester, une jeune fille pommée, révoltée et cherche Ã
donner un sens à sa vie en s’embarquant sur les routes américaines aux côtés de
son époux, un inconnu rencontré à la bibliothèque, et son cousin de dix ans. Une
histoire qui ne m’a pas séduite même si elle cherchait à affirmer des héros
originaux et à faire souffler un goût de liberté.
★ ★ ✩ ✩ ✩
Gwendoline