En attendant Bojangles
00:42
d'Olivier Bourdeaut
« Sous le regard émerveillé de leur fils, ils
dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique,
vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le
plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal,
c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté
le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau
exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les
entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle
va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que
la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son
nom. » En attendant Bojangles, édition folio
Ouvrir le roman En attendant Bojangles, tourner la
première page et ouvrir la porte du pays des merveilles. Comme face à un miroir
inversé, Olivier Bourdeaut dépeint le portrait d’une famille déjantée et sans
règles. Les yeux de Georges et Louise se rencontrent lors d’un gala, et après
quelques mensonges échangés, ils ne se quittent plus. Ce couple sorti tout
droit d’une autre dimension –d’une fiction ?- embarque leur fils dans
cette vie extravagante. Danser toute la nuit. Boire. Fumer. Lire de la poésie. Vivre
dans un château en Espagne. Ne jamais ouvrir le courrier. Le laisser s’empiler.
Se déguiser. Faire la fête. Rêver. C’est avec une grande innocence que le fils
de ce couple décalé nous conte son quotidien. Une vie que beaucoup trouveraient
irréelle. Une maman qui change de prénoms tous les jours. Qui lui apprend à
vouvoyer chaque passant ou à faire un baisemain à chaque fille qu’il croise.
Qui s’envole quand Mr Bojangles résonne dans une pièce. Il est entouré de
musique, de contes, d’aventures et de paillettes. La vie n’est qu’un
divertissement où entre deux pas de danse on s’aime, on rit. Derrière cette
heureuse représentation, les rires se fissurent. Et si rester au pays des
merveilles est l’unique moyen d’oublier la cruelle vérité ?
Une histoire douce, pétillante et
terriblement bouleversante. Deux versants dans cette famille secouée par la légèreté
de l’instant et ensuite par les conséquences de cette ivresse joyeuse. « Mettons
un peu de folie dans notre vie », dit-on. Mais qu’en est-il quand il y en
a trop ? C’est la première fois que je lis un roman qui évoque les
troubles psychologiques d’une manière aussi originale. Le décor n’est pas
déprimant ou sombre. Sous l’œil de ce petit garçon, les mots s’envolent aux
côtés de sa maman, l’embellissent. Innocence et grâce se dégagent de ses
phrases. En parallèle, Georges, le père de ce trio, confie au lecteur l’amour inconditionnel
qu’il éprouve pour Louise. Un amour délirant. J’ai lu les dernières lignes la
gorge nouée. J’ai été assommée par des milliers d’émotions en même temps :
de la joie, de la tristesse, de la nostalgie. C’est beau. C’est tragique. C’est
magnifiquement renversant.
Je n’en dirai pas plus. Mettez Mr Bojangles, montez le son, dansez –like
nobody is watching-, sautez sur votre lit puis munissez-vous d’un mouchoir et d’une
coupe de champagne : Georges et Louise vous attendent déjà pour la fête. Vous n’avez
plus qu’à commencer par le chapitre un.
❤
COUP DE COEUR
Gwendoline
2 commentaires
Un beau texte ! Bisous
RépondreSupprimerMerci Mia c'est adorable ! :) Bisous G.
Supprimer