Ensemble c'est tout
13:23
d'Anna Gavalda
« Camille dessine. Dessinait plutôt,
maintenant elle fait des ménages, la nuit. Philibert, aristo pur jus, héberge
Franck, cuisinier de son état, dont l'existence tourne autour des filles, de la
moto et de Paulette, sa grand-mère. Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache
ses bleus, paniquée à l'idée de mourir loin de son jardin. Ces quatre là
n'auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés...
Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l'amour - appelez ça comme
vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu. Leur histoire, c'est la théorie
des dominos, mais à l'envers. Au lieu de se faire tomber, ils s'aident à se
relever. », Ensemble c’est tout, édition J’ai Lu
Ce roman c’est un peu gigantesque
aquarium avec ses poissons. Chaque personnage tourne en rond dans son bocal, suit
inlassablement la même routine, l’eau trouble de leur aquarium embrume leur
esprit. Et puis quand ces quatre âmes sont placées dans le même espace :
les vagues se dissipent, l’eau s’éclaircit et collées les unes aux autres, elles se pansent leurs blessures. Ensemble. C’est tout ce qu’il manquait aux
héros d’Anna Gavalda. Seuls, ils se perdaient dans leurs pensées, ils
s’enlisaient dans une monotonie constante, ils enveloppaient chaudement leurs
peines. Ensembles, ils deviennent plus forts et apprennent à aimer, s’aimer, s’accepter
et pardonner.
Camille vit en haut d’une tour –d’un
bel immeuble parisien –. Après ses longues nuits de travail, elle peine à se
hisser jusqu’à sa précaire chambre de bonne sous les toits. Elle se blottit
sous ses draps en laissant son ventre et son carnet à dessin vides. Frank
préfère bichonner les papilles de ses clients et ses vieilles bécanes plutôt
que d’entendre le mot « famille ».
Paulette regarde tristement par la fenêtre son jardin : son Eden
floral s’est transformé en une masse broussailleuse et sèche. Ses muscles
fatigués l’obligent à être spectatrice de cette dégradation. Ce jardin qu’elle
aime tant et qui est aussi abîmé que son propre corps. Philibert n’est pas né à
la bonne époque ; ce jeune aristocrate lit tristement les aventures de ses
ancêtres alors qu’il sait que sa vie ne dépasse pas sa boutique de cartes
postales et son anxiété sociale.
Anna Gavalda tire le portrait de
quatre personnages, d’apparence tous différents et incompatibles qui vont
vaincre main dans la main leur profonde solitude. La fin a beau être romancée
et un peu guimauve, l’histoire de ces quatre héros m’a touchée. C’est un récit
beau et émouvant sur la fraternité, l’amour et l’amitié. Un texte réaliste sur
quatre cœurs vagabonds qui avaient besoin de se retrouver, de s’épauler et d’être
ensemble pour raviver cette fleur desséchée qui nous donne le goût de vivre. Seuls,
ils chutaient et reculaient. Ensemble, ils avancent et rient.
L’écriture est simple et directe.
Elle existe majoritairement par le biais du dialogue. Des mots s’échangent. Les
cœurs se libèrent à voix haute. On se décharge du poids de son histoire entre
deux conversations. Ce choix d’écriture reflète l’authenticité et la simplicité
des personnages. L’auteur fait éclater par ci par là de jolis images et des
instants de vérités et je choisis de clore ma chronique en vous en dévoilant
deux :
« Ce qui empêche les gens de
vivre ensemble, c’est leur connerie, pas leurs différences... »
« - Tu crois que c'est comme
tes mines de crayon ? Tu crois que ça s'use quand on s'en sert ? - De Quoi ? -
Les sentiments. »
Lire Ensemble c’est tout d’Anna
Gavalda, c’est découvrir un joli récit sur la puissance de l’union entre les
individus : recoller ses verres cassés devient si facile quand on est plusieurs
à les ramasser.
★ ★ ★ ★ ✩
Gwendoline
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