de Timothée de Fombelle
« Neverland est l’histoire d’un voyage au pays perdu de l’enfance, celui
que nous portons tous en nous. À la fois livre d’aventure et livre-mémoire, il
ressuscite nos souvenirs enfouis. », Neverland, édition
L’Iconoclaste
La deuxième étoile à droite et tout
droit jusqu’au matin : Neverland. Le pays imaginaire où Peter Pan et tous
les gamins perdus ne grandissent jamais. L’enfance, cette douce contrée que
l’on quitte tous un jour, sans trop savoir quand, ni comment. Quand passe-t-on
la frontière du monde adulte ? Quand l’enfant qui sommeille en nous se
fait de plus en plus petit ? S’est-il réellement évaporé ou se cache-t-il
malicieusement en nous comme l’ombre de Peter Pan qui marche joyeusement dans
ses pas et disparaît dès qu’il la cherche ? Des questions qui résonnent
dans mon oreille après avoir fermé le premier roman pour adultes de Timothée de
Fombelle. On le connaît pour ses romans jeunesses à succès comme Vango ou le Livre de Perle, des œuvres ancrées dans un imaginaire profond et
onirique où se mêle toujours un rapport particulier avec le temps. Le temps qui
s’écoule, l’enfant qui grandit, qui s’oublie. Neverland ré-ouvre ce carnet de l’enfance que de nombreux adultes
ont abandonné dans un tiroir. Sortir l’enfance du tiroir. Remonter le fleuve de
ses souvenirs enfantins à contrecourant pour y trouver sa source. Telle est la
quête du narrateur de ce récit. Un voyage fantastique et métaphorique vers le
pays de l’enfance. Les souvenirs tombent sur le papier, quelques instants d’un
passé oublié s’accrochent à cette canne à pêche plongée dans la mare à mémoire.
Tout se lie, se déroule, s’embobine vers un chemin brumeux. Est-ce que
l’enfance l’attend au bout du chemin ?
L’écriture de Timothée de Fombelle est
aussi ingénieuse et vagabonde que je l’imaginais. Cette introspection vers une
notion aussi abstraite et impénétrable qu’est l’enfance se transforme en une épopée
vers une terre inconnue. Sans carte, ni boussole, le narrateur s’arme de ses
souvenirs, ses objets anciens, ses carnets oubliés dans des cartons. A chaque
étape s’inscrit un possible évènement déclencheur de cette migration vers le
sol adulte. A chaque étape, le narrateur se glisse dans la peau de l’enfant
qu’il était : enfant et adulte se croisent, se regardent, se comparent. Il
y a une dichotomie constante entre la quête d’un adulte vers son passé et la
fuite de l’enfant qu’il était et qui vit par instants présents.
Le lecteur n’échappe pas lui aussi à son
lot de réminiscence. On se surprend Ã
chercher dans notre petite boîte mémoire, à tirer ce fil qui nous mène à notre
premier souvenir, à notre première rupture avec l’enfance (je me souviens des
larmes que m’a arraché la fameuse révélation du père noël). Certaines anecdotes
communes embaument ces souvenirs d’un halo de douceur : faire semblant de
dormir juste pour être bordé par nos parents ou les périples imprévus, en
famille, pendant les jours de classe.
Neverland : un récit intime, un récit poétique, un
récit énigmatique, aussi magique et abstrait que l’esprit d’un enfant !
Gwendoline