de Giorgia Marras (ed. Steinkis)
Sissi. Quand j’attends ce nom, je vois
le visage de Romy Schneider et sa robe bleue, les roses à la main le jour de l’annonce
de ses fiançailles. Je vois le tableau du peintre Franz Xaver Winterhalter avec cette
impératrice à la robe voluptueuse, cette chevelure en couronne tracée par des
fleurs blanches. Sissi, je la connais depuis mon enfance. J’admirais son goût
de liberté, son entêtement, sa beauté, ses robes majestueuses. Puis, j’ai découvert
la femme derrière le mythe. Derrière le voile cristallisé du cinéma.
Une femme prisonnière d’une cage dorée. Un oiseau sauvage
fermé entre quatre murs. Une jeune fille qui se bat pour faire entendre sa voix
d’impératrice et ses opinions politiques. Un cour impériale hostile. Un corps athlétique,
un cœur malheureux, une chevelure de 5 kg, véritable une torture au quotidien, cette
impératrice à la beauté mondiale était une femme complexée par son image et son
poids.
Toutes ces vérités, que l’on ignore (ou pas), se dessinent au
fil des planches de cette bande dessinée. Le ton sépia prend tout son sens. Il retranscrit
les difficultés et les désillusions de l’impératrice. Il s’oppose aux traits doux
et ronds de Giorgia Marras qui s’apparentent à la douceur des contes de fées. Les
moments clés ne sont pas épargnés. Néanmoins, des longueurs ralentissent le
récit et l’autrice désoriente son lecteur avec des transitions trop abruptes.
Plusieurs fois, j’ai tourné et retourné les pages pour comprendre le fil de la
narration.
Cette bande dessinée n’est pas l’histoire
d’une princesse mais le conte d’une femme avant-gardiste et déchue.