Le Petit Chose
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d'Alphonse Daudet
« Le premier roman d'un célèbre écrivain qui
cache à peine une autobiographie à la fois tendre et violente. L'histoire est
celle d'un petit provincial pauvre et fragile dont on va suivre le parcours
semé d'embûches, d'une enfance difficile à une maturité douloureuse. Cette
sorte d'Education sentimentale avant l'heure s'adresse tout particulièrement
aux adolescents à l'âme romantique et joue sur une identification très forte du
lecteur à ce Petit Chose souvent si démuni devant la terrible école de la vie.
Le style, de facture classique, fait de cette œuvre un des romans les plus
représentatifs de la littérature du 19e siècle et a valu à son auteur le surnom
de "Dickens français". », Le Petit Chose, édition Le Livre
de Poche
L’histoire d’un enfant. Un
enfant devenu grand. Qui nous conte son enfance, ses robinsonnades, l’éclatement
de sa famille et son indépendance forcée. Le
Petit Chose c’est un roman qui puise
ses sources dans la vie de son auteur : Alphonse Daudet. Peut-être que
certains le connaisse pour Les Lettres de
Mon Moulin. Ici on est face à une œuvre d’apprentissage. Ce jeune garçon maigrichon
et tout petit, Daniel Eyssette, est contraint de grandir trop vite. Fini les
aventures de Robinson dans les locaux de son père, toute la famille déménage vers
le nord, à Lyon, sans sou en poche. On espère y retrouver la fortune perdue. Cette
famille exilée devient une famille déchirée quand quelques années plus tard, la
misère n’a plus seulement envahi leurs visages mais aussi les murs. Il ne reste
plus qu’à se séparer et combattre cette perfide pauvreté chacun de leur
côté. Le petit Daniel réintègre les bancs de l’école mais pas en tant qu’étudiant ;
dorénavant il est pion. Son unique quête est de reconstruire cette harmonie
familiale détruite. Y parviendra-t-il ? Réussira-t-il à s’élever de sa
simple condition de surveillant ? Le
Petit Chose est le récit d’une enfance privée, d’une lutte constante pour s’imposer
dans un monde de misère et de désillusions au XIX ème siècle.
Après Pagnol, continuons avec
les auteurs français et leur rapport avec l’école. Alphonse Daudet a également
inscrit l’école comme un de ses décors majeurs du roman. L’école, un luxe pour
les petites gens, où les distinctions sociales sont inévitables et où les
moqueries fusent pour un simple cartable usé. L’école, un lieu d’enseignement
pas toujours facile à contrôler, où l’autorité est nécessaire. Notre héros principal
va passer un bout de sa vie dans ce lieu rempli d’encre, de craie et de
pupitres. Elève puis pion il est toujours victime des autres. Ne croyez pas que
ce livre contient autant d’action qu’une épopée ou autant d’amusement qu’une
comédie. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle un peu Daudet le « Dickens
français » : l’univers y est lugubre, une série de malheurs s’enchaînent
et au milieu de cette constante noirceur très rarement dissipée par des éclats
de bonheur : on a un héros qui
encaisse très jeune toutes les tristesses du monde. Daniel Eyssette n’échappe
au modèle du vilain petit canard : un joli minois, une innocence et une
faiblesse de caractère, une incapacité à se prendre en charge et un besoin de
se réfugier dans les bras d’un amour maternel. Une âme d’enfant dans un corps d’homme,
je dirai. Même si ce roman retrace des épisodes émouvants et joyeux, ces
moments sont vite effacés face au quotidien malheureux de ce personnage, en
pleine détresse émotionnelle et qui a certain penchant pour faire les mauvais
choix. Malgré tout, cet homme qu’on surnomme « Le Petit Chose »,
m’a touché. Après toutes les épreuves qu’il a dû traverser dans l’enfance, on
juste envie de le voir réussir ; et quand la déprime l’enferme on aimerait
le prendre dans nos bras et lui dire de s’accrocher. On irait presque jusqu’à
le sermonner à haute voix quand il part à la dérive et empire sa condition en
choisissant le mensonge, l’irrationalité ou les élans colériques de son cœur. C’est
un héros qui nous prend par les sentiments et qu’on plaint sans cesse.
L’écriture favorise peut être
aussi ce rapport si intime que l’on entretient avec Daniel. A la première
personne du singulier, il s’adresse souvent à nous lecteur : il nous
raconte son histoire, nous interpelle sur les évènements à venir. Il y a une
réelle importante accordée au personnage que « Le Petit Chose »
incarne : il arrive couramment à ce narrateur fictif de se présenter à la troisième
personne du singulier pour renforcer la condition pathétique dans laquelle il
se trouve.
Lire Le Petit Chose, c’est
accepter de découvrir la vie ordinaire et malheureuse d’un garçon du XIXème
siècle, au milieu d’un univers dicté par les classes sociales, l’hypocrisie et
la misère.
Gwendoline
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