L'Oeuvre
11:15
de Zola
I’M BACK !
Poster mes chroniques m’a tellement manqué. Je suis désolée d’avoir laissé ce
blog inactif pendant plusieurs semaines, mais je suis un peu submergée de
travail à la fac en ce moment et je fais face à une petite panne de lecture. J’ai
envie de lire mais ma tête ne veut pas alors je mets une éternité pour finir un
livre. J’espère que je réussirai à retrouver un rythme de lecture pour les
prochaines semaines ; je ne peux rien vous garantir…
Retournons au
roman du jour, l’Œuvre de Zola :
« Camarade de jeunesse de Cézanne, ami et
défenseur de Manet et des impressionnistes, Zola a résumé dans L'Œuvre toute
son expérience du milieu et des problèmes de la peinture sous le Second Empire
et les premières décennies de la IIIe République. Document de premier ordre sur
ces «Refusés», ces «plein-airistes» que nous considérons comme les fondateurs
de la modernité, L'Œuvre dit aussi la tragédie d'un homme, Claude Lantier,
tempérament romantique hanté par des rêves d'absolu, le désir de «tout voir et
tout peindre. Des fresques hautes comme le Panthéon ! Une sacrée suite de
toiles à faire éclater le Louvre !» Mais, devant l'incompréhension de l'époque,
l'absolu du rêve deviendra celui de la détresse, et Claude, qui a commencé
comme Manet, aura la même fin que Van Gogh. », L’Œuvre, édition
France Loisirs
Cette « œuvre »
(c’est le cas de le dire : ) ne m’est pas tombée entre les mains par
hasard. Ce livre fait partie de mes lectures imposées pour la fac, plus précisément
d’un cours qui mêle à la fois la littérature et l’art. Zola a puisé son inspiration dans son
quotidien et plus particulièrement dans l’amitié qui le lie avec Cézanne – un film
vient de sortir à ce sujet intitulé Cézanne
et Moi - et qui apparaît dans les personnages de Claude et de Sandoz.
Ce roman est
un très beau témoignage sur les réalités de la condition d’artiste et du
peintre dans la société, et notamment comment la peinture est perçue dans le
Second Empire : quelles sont ses codes ? ses courants artistiques ?
ses influences ? L’écrivain dépeint ces vérités sans ornements :
cette vérité pure s’affiche à côté de la fiction. Zola va s’attarder à
détailler un portrait en particulier : celui de Claude Lantier, un peintre
déchu, en quête de cette « œuvre » qui bouleversera les règles de l’esthétique
traditionnelle et qui imposera une nouvelle vision de l’Art. Il laisse les
coups de pinceaux à Claude et lui esquisse son héros à coups de plume. Autour
de cet individu gravite un groupe d’hommes, d’amis, avec leurs rêves et leurs
idéaux Sur une vie, on les voit vieillir, évoluer et devenir parfois des êtres
éloignés de leur ambition de jeunesse. Un seul semble ancré dans un cycle
éternel : Claude. Certes, il grandit et il subit les surprises de l’existence
et pourtant son processus créatif se répète. Toujours insatisfait et en quête de
l’ « Œuvre », ce bijou pictural qui se révèlera à lui et lui apportera sa renommée,
il est l’image de l’artiste tourmenté et passionné. Un éternel Romantique qui
vit sa création. Une relation presque amoureuse naît entre l’artiste et sa
toile. Une relation qui vire toujours à l’excès entre fascination et dégoût. Ces
sentiments face à ses peintures sont toujours excessifs et violents.
Pourtant le
lecteur s’attendrit devant le caractère pathétique de ce héros : vacillant
entre des phases d’échecs et de révélations, humilié par les autorités du monde
de l’Art et admiré par ses proches amis. De telles contradictions expliquent
cette étiquette de poète incompris et inaccompli dans laquelle il s’enferme.
Cette histoire
pose aussi la problématique du peintre et de son œuvre. Quel rapport il
appartient avec elle et comment elle influence son rapport au monde ? Car
plus qu’une passion, la peinture se révèle être pour notre personnage, une
réelle obsession : esquisser, dessiner, gratter et recommencer pour
gratter et redessiner. Reproduire le réel, l’embellir et donner vie à ces couleurs et ces corps magnifiés.
Le mythe de de Pygmalion est largement visible à certains moments clés du
récit. Tel Pygmalion devant Galatée, Claude tombe amoureux de ces nudités qu’il
fait naître. Zola montre avec justesse cette complexité entre l’artiste et son œuvre
en mettant des mots sur les sensations qui se dégagent de la contemplation d’une
création et surtout grâce la vision d’autrui sur ce phénomène.
En plus d’être
un texte sur l’artiste et l’Art au XIXème siècle à Paris, c’est aussi l’histoire
d’un couple. Un couple que l’on voit éclore et faner au fils de ces 500 pages. La
place du mariage et de la femme dans la vie d’artiste est très largement développée,
et c’est d’ailleurs très intéressant à observer. Suivant l’artiste (qu’il soit
sculpteur, peintre, écrivain ou architecte) l’illustration de l’amour et du
mariage varie.
Chez Zola, il
y a souvent ce contraste saisissant entre le bonheur et la tristesse, la misère
et la richesse, le monde s’incarne avec ses oppositions : quand l’un est
heureux l’autre se morfond. Et c’est cruellement vrai. A cela s’ajoute des
mouvements ascendant ou descendant chez les personnages eux-mêmes en termes de
condition de vie ou de popularité.
Pour revenir à
la dimension picturale de l’œuvre, les passionnés d’art ne peuvent être déçus.
Zola enrichit son texte de descriptions précises sur les peintures, les
sculptures etc et on reconnaît d’ailleurs plusieurs œuvres mythiques de cette
époque : dans le Plein Air de
Claude on retrouve Le Déjeuner sur l’Herbe
de Manet ou lors d’une exposition une peinture ressemble traits pour traits à Un enterrement à Ornans de Courbet. Une
multitude de références artistiques parsèment le récit.
Par
conséquent, l’Oeuvre perce les
secrets de ces artistes parisiens incompris et révolutionnaires en plongeant
dans l’intimité d’un peintre à la recherche du Beau dans un monde en pleine
mutations, déchiré entre les vestiges du Romantisme et les prémices d’une
modernité. Lire l’Oeuvre c’est
accompagner le peintre dans son atelier, contempler son mariage des couleurs,
assister à ses doutes et à ses révélations. Alors seriez-vous capable de courir
les rues de Paris avec lui et de vous mettre à nu pour l’Art en laissant la
toile absorber une part de vous-même et un morceau de l’âme de son créateur ?
Gwendoline
(MES PENSEES VONT AUX FAMILLES DES VICTIMES ET AUX VICTIMES DU 13 NOVEMBRE, 1 AN APRES CE DRAME)
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