Eleanor & Park
13:33
de Rainbow Rowell
« 1986. Lorsque Eleanor, nouvelle au lycée, trop rousse, trop ronde,
s'installe à côté de lui dans le bus scolaire, Park, garçon solitaire et
secret, l'ignore poliment. Pourtant, peu à peu, les deux lycéens se
rapprochent, liés par leur amour des comics et des Smiths... Et qu'importe si
tout le monde au lycée harcèle Eleanor et si sa vie chez elle est un véritable
enfer, Park est prêt à tout pour la sortir de là. », Eleanor &
Park, édition Pocket Jeunesse
1986. Pour connaître l’histoire d’Eleanor et Park, il faut
prendre le bus car tout débute sur une banquette. Le casque vissé à ses
oreilles, la tête embrumée par le son de ses groupes préférés, Park s’enfonce
un peu plus dans son siège. Il évite tout comportement qui pourrait attirer l’attention
de Steve et sa bande de brutes. Sauf qu’une large et vaporeuse silhouette
rousse s’avance vers le fond du bus. Eleanor remonte l’allée en quête d’une
place disponible, en quête d’un visage qui ne jugera pas ses rondeurs, ses
chemises d’hommes et sa cravate nouée autour de sa tête. Des moqueries, un
instant d’embarras et Eleanor et Park se retrouvent côte à côte, sur le même
siège. Pas un mot. Ni un regard. Jusqu’à ce qu’une romance adolescente éclot au
milieu d’un trafic de comic’s et de cassettes audio.
Comment ne pas tomber amoureux d’Eleanor et Park ? Une
romance avec des héros simples et vrais. Eleanor transparaît avec son style
vestimentaire délurée et son imposante crinière rousse. Derrière ses longues
chemises et ses cravates, elle cache les grisailles de son quotidien enfermées
dans sa maison familiale qu’elle tente de fuir à tout prix. Park, lui, a la
chance de vivre dans un foyer aimant et soudé, et sa relation avec Eleanor va l’amener
à s’affirmer complètement. Eleanor &
Park balaie ces archétypes que les romans young adult nous livrent sans
cesse : l’ingénue à la plastique parfaite et le bad boy mystérieux et populaire
–je vous ai juste légèrement grossis les traits-.
Rainbow Rowell a le don de
transformer la simplicité en une histoire émouvante et éblouissante. Son
écriture s’attache à dépeindre des détails –tels que la première fois où ils se
tiennent à la main « Tenir la main d'Eleanor, c'était comme tenir un
papillon. Ou un battement de cœur. C'était tenir une chose pleine, et
pleinement vivante. » - ; des
petits instants qui construisent peu à peu cette histoire d’amour et la
magnifie. « Cette fille comme ça » que voyait Park pour la première
fois dans ce bus, s’est envolée car ses
yeux l’ont peu à peu métamorphosé en « une œuvre d’art ». Autour de cette romance gravite
des sujets plus profonds : harcèlement scolaire, violence conjugale, précarité,
famille fracturée.
Les derniers mots du roman s’accrochent
à mes lèvres, à mes doigts. Je suis à la fois triste et heureuse pour ces deux
personnages ; j’aimerais rester avec eux un peu plus longtemps, mais
Rainbow Rowell a décidé de me laisser la fin entre les mains. Comme pour garder
un souvenir d’Eleanor et Park, un souvenir nostalgique, bloqué entre la joie et
l’amertume.
Avec Eleanor & Park,
Rainbow Rowell nous offre le récit d’un premier amour qui n’est pas un conte de
fée mais un texte vrai, à la fois simple et mémorable, à la fois beau et
douloureux !
★ ★ ★ ★ ★
Gwendoline
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