Le rêve
10:49
d'Emile Zola
« Angélique, enfant trouvée, s'enfuit de chez
sa nourrice. Recueillie par un couple de brodeurs, elle grandit là comme dans
un cloître, loin du monde, niant le mal. «Le mal... on n'a qu'à le vaincre, et
l'on vit heureux», pensait-elle. L'amour vient sous les traits d'un peintre,
Félicien d'Haute coeur, fils d'un gentilhomme devenu évêque. L'idée du plus
léger empêchement à leur mariage ne pouvait effleurer Angélique : «On s'adore,
on se marie, et c'est très simple. » Mais l'évêque refuse son consentement. (…)
Le Rêve, c'est l'éternité d'un mythe, c'est aussi, entre les deux romans les
plus noirs de Zola, La Terre et La Bête humaine, une halte dans cette
description des vices de la société du Second Empire. Un hymne à l'amour. »,
Le Rêve, édition France Loisirs
Avec Le Rêve de Zola, nous n’allons pas dans les marchés de Paris ou
dans les mines. Nous nous rendons près de la cathédrale. Non loin de ses murs
niche une petite maison où vit un couple de brodeurs, malheureux et sans
enfants. C’est ici que cette histoire –et je dirai presque « ce conte »
- commence. Un soir d’hiver, une orpheline vient échouer son âme en peine au
pas de leur porte. Il n’en faudra pas beaucoup plus à Hurbert et Hubertine pour
adopter cette enfant. Angélique grandit à l’égard du monde, comme une princesse
cloîtrée dans sa tour. Quand elle ne brode pas, elle se réfugie dans ses
lectures mystiques sur les Saintes Vierges. Elle rêve du prince charmant qui
viendra l’épouser et faire d’elle une reine. Le miracle se produit un jour de printemps. En
faisant sa lessive, elle croise le regard d’un peintre verrier et tombe sous
son charme. Félicien est peut-être le prince qu’elle attendait, seulement le monde
est-il un doux rêve ?
Angélique a tout d’une héroïne de
conte de fée : elle croit avec ferveur au grand amour, et quand elle ne passe
par ses journées à broder ou à attendre à sa fenêtre son bien aimé, elle aide
les miséreux. Son innocence et sa naïveté pourraient être agaçantes pour le
lecteur mais sous la plume de Zola, Angélique est un personnage très
attachant. Cette jeune fille donne
l’impression de sortir tout droit d’un conte et on aimerait presque la protéger
du monde extérieur – si vous connaissez le film Il était une fois, et bien Angélique c’est Gisèle- .
Ce roman se démarque assez des autres
écrits de Zola. Sur un fond mystique et religieux, le lecteur découvre un récit
qui évoque les premiers sursauts des sentiments : un amour adolescent, un
amour irréel. Des personnages de contes de fées, une romance à la Roméo et
Juliette, un cadre parisien, précaire et religieux ; le tout accompagné d’une
écriture hétéroclite et joueuse. Quelques interventions rieuses du narrateur
sur l’insouciance de ses héros. Des mots délicats retracent la romance de
Félicien et Angélique (la scène de leur rencontre est magnifique. Au milieu de
cet air printanier et d’un linge emporté par le vent, il y plane une légèreté
et une délicatesse synonymes des premiers amours). Et aussi des extraits plus indigestes quand le
narrateur s’attarde pendant plusieurs pages sur les saintes vierges et la
Légende dorée, ces légendes mystiques qui bercent la jeune Angélique.
Emile Zola surprend son lecteur avec ce roman, Le Rêve. Le titre est un guide, car une fois emprisonné dans les
pages de cette histoire, le lecteur est presque face à un rêve, un rêve
enchanté où l’héroïne principale, la
tête remplie de songes féeriques et mystiques, se détache de toute réalité. On se
laisse séduire par ce conte un moment, mais la réalité de la nature humanité n’est
pas loin, tapie dans l’ombre.
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