Toute la lumière que nous ne pouvons voir
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de Anthony Doerr
« [Roman qui] nous entraîne, du Paris de
l’Occupation à l’effervescence de la Libération, dans le sillage de deux héros
dont la guerre va bouleverser l’existence : Marie-Laure, une jeune aveugle,
réfugiée avec son père à Saint-Malo, et Werner, un orphelin, véritable génie
des transmissions électromagnétiques, dont les talents sont exploités par la
Wehrmacht pour briser la Résistance. », Toute la lumière que nous
ne pouvons voir, édition Albin Michel
Destins croisés. De deux enfants pendant la guerre.
Allemagne. France. Werner, une jeune orphelin qui passe son adolescence dans
les camps militaires hitlériens. Marie Laure, une jeune fille aveugle, qui fuit
Paris, sa chambre et ses repères pour la mer. Connaître l’angoisse, la
peur ; grandir trop tôt pour être au milieu de la crainte, de l’oppression
et des bombardements. Un seul leitmotiv : être courageux c’est survivre.
Deux âmes éloignées, deux camps ennemis et une rencontre dans ce chaos.
Toute la lumière que
nous ne pouvons voir.
C’est peut être ces images que Marie Laure ne voient plus, car une voix, un
individu, un lieu se transforment en un son coloré, à des sensations. 6 bouches
d’égout avant le parc. Un éclat de rouge quand son père rit ; des tons de
gris quand il allume, pensif, sa cigarette dans le salon. Cette lumière
éteinte, c’est peut être cette voix française à la radio que Werner écoutait
avec sa sœur Jutta, jusqu’à ce silence rompe ce doux moment loin de la
précarité, de l’orphelinat et de la vie à la mine qu’on lui destine. Cette
lumière est peut être ces rencontres et ces instants égarés au milieu de ce
monde de terreur : les balades sur la plage et la chasse aux mollusques,
cet ami amoureux des oiseaux, les lectures à voix haute des romans de Jules
Verne ou encore les lettres de sa sœur. Cette lueur invisible, discrète, vite
oubliée, et pourtant essentielle à la survie de nos héros. De chaque côté, les
interdits et les menaces n’entachent pas les forces de la résistance ou de
l’humanité.
Un récit à deux voix. Qui s’entrechoquent et s’entrecroisent
autour de chapitres courts. Pourtant les mots se posent lentement :
peut-être trop lentement, l’intérêt se décroche, quelques lignes sautent et on
reprend doucement la lecture. J’ai aimé suivre le point de vue détaillé des
personnages, seulement, souvent, le rythme ralentissait et s’allongeait. Comme
cette narration parallèle au récit principal et inutile autour d’une pseudo
chasse au trésor. Je regrette que ces phénomènes de descriptions et de ralentis
n’aient pas eu lieu lors des scènes finales. Une rencontre. Presque aussi
rapide qu’un battement d’aile. Le temps de cligner les yeux et tout est déjà
loin. Alors cette scène reste en suspens avec un goût amer.
Toute la lumière que ne nous pouvons voir. Une lecture historique en demi-teinte, assombrie par des longueurs aux
effets décrocheurs. Un récit lumineux pour ses héros : deux jeunes
adolescents enrôlés dans les sursauts de leur époque, dans une guerre qui a
massacré leur enfance.
Gwendoline
★ ★ ★ ✩ ✩
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