J'étais là

08:40

de Gayle Forman


« Quand j'ai appris la mort de Meg, j'ai cru qu'elle me faisait une blague. Une de celles dont elle avait le secret. Elle avait tout prévu : la méthode, le lieu, ce qu'il faudrait faire de ses biens. Et même ce fichu mail, envoyé en différé, annonçant qu'elle en finissait avec la vie. Ensuite, il a fallu affronter la pitié des habitants de Plouc-la-ville. Faire face aux questions que je lisais sur tous les visages. Oui, Meg était ma meilleure amie. Non, je n'étais pas au courant. Pourquoi ne m'avait-elle rien dit? Elle avait eu besoin de moi, et je n'avais pas été à la hauteur. Pourtant, j'étais là», J’étais là, édition Hachette Romans

Dans ce nouveau roman, Gayle Forman s’attaque à un sujet souvent tabou ou peu exploité : le suicide. Il met en scène les conséquences que peuvent entraîner cet acte pour les proches du défunt. Cody est une jeune femme qui vit de façon  très modeste avec sa mère mais elle peut compter sur sa meilleure amie, Meg, et ses parents pour jouir de certains plaisirs que ne peut pas lui offrir sa mère. Les deux amies ne se sont jamais quittées jusqu’à ce que Meg entre dans une école privée pour ses études.  Les deux amies se retrouvent séparées. Même si Cody promet d’intégrer l’université publique la plus proche, Meg et Cody s’éloignent l’une de l’autre. Jusqu’à ce que la mort les sépare. Meg se suicide et ravage le quotidien de sa famille et de Cody. Le plus surprenant est que Meg avait pris  soin de préméditer son geste jusqu’à laisser des messages à chaque personne de son entourage. L’histoire s’ouvre sur Cody, une héroïne rongée par la culpabilité et l’incompréhension. Suite à une demande des parents de la défunte, elle se rend chez les colocataires de sa meilleure amie pour récupérer ses affaires. Là-bas elle va faire de nombreuses rencontres et réaliser que sa meilleure amie était plus mystérieuse qu’elle ne le pensait. Une découverte dans  les affaires de Meg va l’amener à enquêter sur le suicide de sa meilleure amie. Une quête qui pourrait se montrer libératrice….

Je vais être honnête avec vous, à la lecture des premières pages j’ai réellement cru que j’allais placer ce roman dans les déceptions de l’année 2016 : au premier abord le récit me paraissait lent et morose, -j’ai trouvé quelques fautes d’orthographe qui m’ont chatouillée le nez- et l’entrée des différents personnages avec un minimum d’explications avait tendance à me faire décrocher. Nonobstant cette étape passée, j’ai commencé à apprécier cette lecture : la trame est apparue ainsi que des personnages intéressants : les colocataires et les amis de Meg, dont un certain Ben. 

L’héroïne découvre un univers et des individus qu’elle méconnaît, et tout au long des chapitres on voit sa perception évoluée, sur des gens que Meg avait l’habitude de caricaturer dans ses mails. Cody est certes une fille pas vraiment gâtée par la vie, néanmoins sa détermination et son courage sont touchants. L’aventure dans laquelle la mort de sa meilleure amie l’embarque, lui permet d’aller de l’avant en faisant face à son passé, son présent et son futur. Dans ces recherches, Cody est accompagnée de Ben, un jeune rockeur ; un brin dragueur, qui a bien connu Meg lors des derniers mois de sa vie. J’ai bien apprécié le personnage de Ben, qui a une personnalité intéressante malgré le fait qu’il incarne le cliché du chanteur de rock canon qui séduit toutes les femmes. En tout cas, on suit deux êtres envahis par la culpabilité qui partent à la recherche des réponses à leurs questions.


Gayle Forman évoque le thème du suicide avec une certaine originalité : il parle des influences et des motifs qui poussent à tel acte. La note de fin de l’auteur est très instructive. On apprend que sa fiction est inspirée d’un être et d’agissements réels que je méconnaissais. Avec ce thème, Gayle Forman délivre un constat sur les maladies psychiques comme l’a pu le faire Jennifer Niven, l’auteur de Tous Nos Jours Parfaits, tout en lançant un message d’espoir et de soutien aux « Meg » d’aujourd’hui.

Je vous conseille J’étais là si vous voulez suivre l’histoire d’êtres qui veulent se reconstruire, comprendre et se pardonner face à un acte qui les dépasse ; ici ce n’est pas le dessin morose du suicide mais une tentative de comprendre ce qui peut amener un tel geste tout en représentant la guérison d’une fille, d’un garçon,  d’amis et d’une famille accablés par le chagrin !


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