La Reine des Lectrices

11:09


de Alan Bennett


« Que se passerait-il outre-Manche si, par le plus grand des hasards, Sa Majesté la Reine se découvrait une passion pour la lecture ? Si, tout d'un coup, plus rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne à négliger ses engagements royaux ? C'est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. », La Reine des Lectrices, édition Folio

Scénario catastrophe à Buckingham Palace : la reine est soudain prise de passion pour la lecture et néglige peu à peu ses devoirs royaux. Tout débute avec un bibliobus dans les jardins du palais qui permet aux employés au service de la reine d’emprunter des livres. Sa Majesté découvre ce bus à livre ambulant et fait la rencontre de deux passionnés. Et c’est le coup de foudre ! Comment a-t-elle pu attendre si longtemps sans lire ? Auteurs contemporains ou auteurs classiques. Littérature étrangère ou anglaise. Fiction, autobiographie ou témoignage. Rien ne lui échappe. Les ouvrages s’empilent sur son bureau et sa table de nuit. Au détriment des proches de la reine et de son personnel, chaque occasion est la bienvenue pour lire ou parler de littérature. Le tout saupoudré d’humour anglais.

Cette petite fiction nous fait sourire, on passe un bon moment le long de ces cents pages. La reine est indéniablement un peu caricaturée tellement sa passion pour les livres est presque obsessionnelle.  Néanmoins cette nouvelle image de la reine complètement détaché de ce que l’on peut voir m’a plu : imaginez Sa Majesté la reine dans sa voiture saluant la foule d’une main, absorbée par le livre qu’elle  tient secrètement sur ces genoux. Invraisemblable, n’est-ce pas ?

Je ne pense pas que ce récit soit fait pour être vraisemblable ; c’est une farce qui vise gentiment Buckingham. Derrière cette histoire aux traits légers, on décèle une réflexion sur la royauté britannique. Alan Bennett pique le protocole et l’étiquette où chaque évènement ou apparition publique est préparé et répété. Pas une once de spontanéité, tout est calculé. Alors on comprend pourquoi une reine qui passe ses heures à lire, devient le problème majeur à Buckingham Palace. Ce livre montre que la passion ne va pas de pair avec la sphère politique. Nombreux sont ceux qui tentent de raisonner la reine ou de mettre fin à tous ceux qui nourrissent son goût de la lecture.

De plus, l’écrivain illustre le pouvoir subversif de la littérature. Les livres menacent l’image de Sa Majesté et de la monarchie car la littérature est incontrôlable et elle diffuse des idées pas forcément appréciées ; elle est donc dangereuse. Comment la reine réussira à allier obligations et passion ? Jusqu’où ira-t-elle ? Réponses à découvrir par vous-même.

La Reine des Lectrices  c’est un humour so british qui pointe du doigt de la monarchie, c’est un texte avec joies réflexions sur la littérature, et surtout c’est une belle démonstration sur le pouvoir des mots –la page 122 vous réserve des surprises- !

« Cet attrait pour la lecture, songeait-elles, tenait au caractère altier et presque indifférent de la littérature. Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s'ils étaient lus. Tout le monde était égal devant eux, y compris elle. (...) Ayant mené une existence à part, elle se rendait compte à présent qu'elle désirait ardemment éprouver un tel sentiment : elle pouvait parcourir toutes ces pages, l'espace contenu entre les couvertures de tous ces livres, sans qu'on la reconnaisse. » (p36)


 Gwendoline

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2 commentaires

  1. Je l'ai lu il y a quelques mois ;)
    Comme tu l'écris: de l'humour british et une réflexion sur la lecture !

    Camilla

    Voldelivre@gmail.com

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    Réponses
    1. Coucou Camille ! :) J'espère que tu as autant aimé cette lecture que moi. Je vois que l'on a retenu les mêmes choses sur ce livre. Bonne lecture. Bisous G.

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