2018

Moi, Simon ,16 ans, Homo Sapiens

07:58

de Becky Albertalli


« Moi, c'est Simon. Simon Spier. Je vis dans une petite ville en banlieue d'Atlanta. J'ai deux sÅ“urs, un chien, et les trois meilleurs amis du monde. Je suis fan d’Harry Potter, j’ai une passion profonde pour les Oréo, je fais du théâtre. Et je suis raide dingue de Blue. Blue est un garçon que j’ai rencontré sur le Tumblr du lycée. Je le croise peut-être tous les jours, mais je ne sais pas qui c’est. On se dit tout, sauf notre nom. À part Blue, personne ne sait que je suis gay », Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens, édition Hachette

Cher lecteur,
Je t’écris un mail comme le héros de notre roman Simon avait l’habitude de le faire avec Blue. Mais avant laisse-moi te resituer dans le contexte. Bienvenue au lycée. Ce lieu auquel personne n’échappe, qu’on côtoie tous les jours pendant quelques années. Alors les mêmes visages se croisent. Les groupes se font et se défont. Certains partent, d’autres arrivent. Dans ce petit microcosme tout le monde se connaît et rumeurs et commérages se murmurent entre deux casiers et  passent de tête en tête. Elles ont même atteint la vitesse de la lumière grâce –ou à cause- de la magie d’internet et des réseaux sociaux. Le tumblr de lycée réserve à chacun des élèves d’une petite ville d’Atlanta des nouvelles aussi croustillantes qu’infondées. C’est dans cette ruche d’adolescents en pleine puberté que se trouve Simon, 16 ans, homo sapiens. Lui aussi est un ados en pleine puberté et en quête de lui-même, comme n’importe quel lycéen. Il a une super bande de copain, une famille qui l’aime, il se passionne pour le théâtre, les Oréos et Harry Potter. Le lycée le connaît. Sa famille le connaît. Ses amis les connaissent. Mais lui, que sait-il vraiment de lui-même ? Derrière son sourire, ses blagues et ses longues séances câlins avec son chien, il s’interroge, se questionne et un secret le ronge de l’intérieur : son homosexualité. Simon aime les garçons mais il n’y arrive pas à en parler à ses proches, même à ses amis d’enfance. Néanmoins le sentiment de solitude et de différence qu’il éprouve se retrouve atténué grâce à la rencontre de Blue. Derrière ce pseudo se cache un autre garçon du lycée également gay. Des mails envoyés, des mots échangés, des pensées dévoilées et quelques blagues salaces. Et voilà Simon amoureux de cet anonyme, du nom de Blue.

Je ne te mentirais pas en disant que j’avais ce livre depuis très longtemps dans ma wishlist. Disons que la bande annonce du film m’a motivée à lire ce roman. J’ai passé un agréable moment aux côtés de Simon : j’étais là pour suivre ses doutes, ses inquiétudes, ses moments de joie, d’excitation et de tourmentes. Un héros principal attachant (et honnêtement qui pourrait détester un gars qui adore Harry Potter, hein ?) et j’ai aimé que l’auteur l’est inséré dans un cadre aussi simple et banal que celui d’un adolescent de 16 ans. Pas de rebondissements mélodramatiques ou la description d’un personnage isolé et complexe. Juste le récit sur un garçon de 16 ans et ses sentiments. La plume de Becky Albertalli est drôle, simple et délicate et illustre avec une grande justesse la voix de Simon. L’homosexualité est évoquée  naturellement sans pincettes ni exagération : les questions autour de la sexualité et sortent de la bouche d’un adolescent en plein questionnement. Les mails échangés par Blue et Simon permettent à ces deux garçons de se comprendre eux même, d’accepter leur sexualité et de tisser des liens forts. Donc à ces échanges autour de l’acceptation de soi s’ajoute une romance. Blue et les sentiments de Simon restent donc le nÅ“ud central de l’histoire : on voit cette romance se créer et évoluer jusqu’à la révélation de  l’identité de Blue (l’auteur a bien entretenu le mystère car je n’ai rien vu venir).  J’ai été soulagée de constater que cette romance s’éloignait des clichés sauf peut-être la fin, un peu guimauve –mais attendrissante je l’avoue-. Cette authenticité se retrouve aussi dans l’illustration de l’adolescence : être ados, ne signifie pas qu’on aime la bière et faire la fête tous les samedis soirs.

Je retiens enfin de jolis passages entre Simon et ses parents même si je regrette que sa famille et ses amis gardent une place en arrière plan ; j’aurais aimé en apprendre davantage sur son entourage et j’espère que le film sera pallier cette absence.

Moi, Simon, 16 ans, Homos Sapiens, est le récit touchant et drôle d’un adolescent qui explore sa sexualité et cherche qui il est. Une jolie peinture sur les années lycées, l’homosexualité et l’acceptation de soi.

★   ★ ✩ 

Simon aurait probablement signé son mail par : Love, Simon alors je fais de même :

Love, Gwendoline

2018

Les cancres de rousseau

06:36

d'Insa Sané

« 1994, Sarcelles, Djiraël en est sûr, cette année sera exceptionnelle. Il entre en terminale, dans la même classe que ses potes Sacha, Jazz, Rania et les autres. En plus, la belle Tatiana semble enfin réponde à ses avances... Cerise sur le gâteau, le prof principal, c'est monsieur Fèvre - le seul qui s'intéresse à eux. Bref, c'est parti pour une année d'éclate... sauf que parfois, plus on prévoit les choses, moins elles se passent comme on le pensait. », Les cancres de Rousseau, édition Sarbacane (collection Exprim’)

Merci aux éditions Sarbacane et à Julia de m’avoir envoyé ce roman et de m’avoir permis de découvrir Insa Sané.

Années 90. Sarcelles. La musique hip hop éclate des postes de radio. L’horloge sonne la rentrée des classes. La terminale. Le bac. Une dernière année au lycée pour être ensemble, pour profiter avant l’après, l’incertitude, la vie d’adulte. Djiraël promet à sa bande de potes, le « Komité », une année inoubliable. Une année pour saisir la chance : la chance d’embrasser Tatiana, la fille que Djiraël guette du coin de l’Å“il depuis la seconde. La chance de montrer au monde de quoi les cancres du lycée Rousseau sont capables. Cette chance éclot, ricoche et se divise entre un désir personnel, une envie commune et une soif de justice. Quand une promesse balancée un soir de rentrée, va se transformer en chant de vie et de rébellion…

Insé Sané, un auteur jusqu’alors inconnu pour moi. J’ai tourné la première page sans repères, ni indications si ce n’est cette petite pastille « comédie urbaine » qui rayonnait sur la couverture. Plonger dans le noir ne me fait pas peur. Car quand on ouvre les yeux, la surprise ne peut être que plus grande. Une écriture moderne, réaliste et pourtant douce et poétique, reflet de Djiraël, un enfant de la banlieue, un adolescent en quête de lui-même. 

Une histoire d’amitié entre ces jeunes du même milieu. Un clan consolidé depuis l’enfance pour fuir les problèmes familiaux enfermés dans ces hautes tours HLM. Une devise : veiller les uns sur les autres. Une amitié rythmée par des lancées d’insultes amères, des jeux de vengeance et l’organisation de l’année scolaire la plus délirante de leur vie. Sacha, la fille qui sort les poings pour ses amis, Jazz, le passionné de musique, Rania, elle fait vibrer le cÅ“ur des gars sans jamais dévoiler le sien, Douman, l’intello baratineur, Armand, l’ami qui se bat contre ses mauvaises notes. Et Djiraël : une âme de leader, déterminé à prouver à ses parents qu’il peut avancer seul. Une force qui le fera évoluer : son esprit un brin calculateur et égoïste se tournera vers le souci de l’autre et la justice. La promesse qu’il fait au Komité le mène à devenir la voix d’une minorité rejetée par l’équipe enseignante, la voix contre une discrimination suivant son milieu social, sa couleur de peau ou son handicap. Pas de victimisation juste une réalité énoncée, et un désir d’agir, de contredire ceux qui ne voient en lui et en ses amis que des « cancres ». 

Le lecteur suit les rêves de Djiraël, ses décisions, les responsabilités qu’il endosse au fil des chapitres qui se mêlent à des sacrifices, des élans sentimentaux,  des pulsions égoïstes et des actes de solidarité. Le récit se termine sur les résultats du bac, la fin des années lycées où on regarde le chemin parcouru tout en avançant vers le l’horizon.

Les cancres du Rousseau, un roman d’expériences et de formation, un récit urbain et moderne autour d’une amitié, et d’une jeunesse oubliée qui fait entendre sa voix !

★   ★ ✩ 
Gwendoline

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