chronique

daisy jones and the six

11:49

de Taylor Jenkins Reid (ed. Charleston)


Ça commence avec 2 accords de guitares. 2 échos distincts. Qui se répondent, se cherchent sans se trouver. Deux accords qui étouffent le brouhaha mélodique formé par la basse, le clavier et les percussions en fond. Deux notes que le guitariste décide d’unir. C’est la naissance d’un des groupes de rock les plus mythiques des années 70.

Daisy Jones et Billy Dunne sont comme ces deux notes de guitare. Des leaders. Des étoiles qui aspirent toute la lumière autour d’elles. Elles sont hypnotiques et chaotiques car derrière leur voile magnétique, on y découvre un trou noir.

Daisy est la Cendrillon du groupe Téléphone. Elle « est la plus jolie des enfants ». Ignorée par ses parents, elle s’en va « sur son cheval blanc ». Elle « commence à boire, à traîner dans les bars » et c’est tout qu’il a suffi pour « la changer en junkie ». Cette Cendrillon rebelle ne se laisse pas marcher sur les pieds (merci de rire à ce jeu de mots pourri) : elle se bat pour chanter ses compositions et balaie d’un revers de mains les paroles naïves qu’on lui impose.

Billy est l’idole des foules et des femmes.  C’est une rockstar. Le meneur des Six. Il chante. Il compose. Il dirige. Et les autres suivent. Jusqu’à ce que le phénomène Daisy Jones s’invite dans la bande.

J’étais hyper impatiente de replonger dans l’écriture de Taylor Jenkins Reid. Une nouvelle fois, elle berne son lecteur à la perfection. Un décor authentique. Une narration inédite, construite sous forme d’interview où les voix des personnages se mélangent, donnent leur perception de l’histoire et la chute de ce groupe emblématique. Très souvent, les discours et les points de vue divergent sur un même évènement (parce que on vit et on perçoit tous les choses différemment). On y croit tellement qu’à la fin, on fredonne l’air de ces chansons qui n’ont jamais existé. Et on s’imagine nos grands parents danser sur ces hits imaginaires. L’autrice nous offre même à la fin de notre lecture les paroles de toutes les chansons qui ont rythmé le roman.



Cette minutie pour nous impliquer dans son univers se retrouve aussi dans la construction de ses personnages. Les trois héroïnes principales rayonnent. Elles gravitent autour d’un cercle majoritairement masculin et une industrie musicale patriarcale. Daisy est l’enfant abandonnée qui se métamorphose en interprète-compositrice acharnée et en figure d’obsession. Karen est la musicienne ambitieuse sans attaches. Camilla est la femme, la mère et l’épouse, prête à tout pour obtenir ce qu’elle veut. Un écho féministe résonne entre les lignes. Je me suis attachée à ces trois femmes et à l’évolution de leurs histoires. J’ai aussi énormément apprécié le respect et l’amitié qui se tissent entre elles. (girls support girls)

Je retiens le combat de Daisy pour défendre son art et ses textes dans cette industrie musicale sexiste (et qui clairement n’a pas trop changé quand on sait qu’il y a quelques mois Taylor Swift a perdu les droits de ses 6 albums à la suite d’un contrat signé à l’âge de 15 ans).

L’autrice en profite pour démystifier cette représentation idéalisée que l’on a du monde du rock. Elle montre le revers de cette fameuse maxime « sex, drugs and rock’n’roll », glamourisée depuis les années 1970, en développant le thème des addictions qui affectent les personnages. Tout comme The Seven Husbands of Evelyn Hugo, on est témoin d’une phase plus sombre de la célébrité et des paillettes.

Mon concert des Daisy Jones and the Six était électrique, authentique, poignant et féministe mais il lui manque cette force scénaristique et ces ascenseurs émotionnels qui m’avaient retourné pendant ma lecture de son précèdent roman.

Je suis impatiente de retrouver le groupe pour sa prochaine tournée sur sa seule et unique date sur Amazon Prime très bientôt.

Et si, c’était une chanson ? :

-       Le roman : 𝒶𝓂𝑒𝓇𝒾𝒸𝒶𝓃 𝓅𝒾𝑒 - 𝒹𝑜𝓃 𝓂𝒸𝓁𝑒𝒶𝓃

-       Daisy Jones : 𝒸𝒽𝑒𝓇𝓇𝓎 𝒷𝑜𝓂𝒷 - 𝓉𝒽𝑒 𝓇𝓊𝓃𝒶𝓌𝒶𝓎𝓈

-       Billy Dunne : 𝓈𝑜𝒷𝑒𝓇 - 𝑒𝓁𝓁𝑒 𝓀𝒾𝓃𝑔

(retrouve la playlist complète sur instagram !)

𝕕𝕒𝕚𝕤𝕪 𝕛𝕠𝕟𝕖𝕤 𝕒𝕟𝕕 𝕥𝕙𝕖 𝕤𝕚𝕩

tw: addictions / drogue / alcoolisme / avortement


2019

le prince et la couturière

11:20

de Jen Wang (ed. Akileos)


Une bande dessinée jeunesse sous forme de conte qui mêle 
douceur, acceptation de soi et robes de bal !

Tout ce qu’on veut pour le prince Sébastien, c’est qu’il se trouve une épouse. Tout ce que le prince Sébastien veut, c’est porter des robes.  La nuit, il devient en Lady Cristallia. Il court les cafés parisiens habillé de robes audacieuses et fabuleuses créées par sa couturière Francès. La jeune fille ne manque pas d’imagination pour faire de Lady Cristallia une icône de la mode mais garder le secret du prince se complique quand plusieurs épouses potentielles se pressent au palais.

J’avais comme une envie de lire de la bande dessinée récemment alors, quand j’ai aperçu celle-ci en librairie -sachant qu’elle attendait depuis trop longtemps dans ma wishlist-, je n’ai pas pu résister. Le prince et la couturière est une très belle bande dessinée sur la tolérance et la différence, elle balaye d’un revers de main les stéréotypes de genre. Sébastien est un garçon attachant, peu sûr de lui car il cache au monde une facette de sa personnalité dont il a peur d'être jugé. L’histoire se construit comme un parcours initiatique vers l’épanouissement du personnage principal et retrace son amitié avec Francès, une jeune fille ambitieuse, bienveillante et loyale. Les questions de la liberté de soi et de l’acceptation de la différence sont bien traitées et s’accompagnent de petites touches d’humour et d’émotions (notamment la scène du défilé final). L'avancée des événements est peut être en trop prévisible même si cet aspect est compensé par la relation entre les personnages, leurs personnalités et le trait de crayon de Jen Wang.



Ses dessins dégagent une simplicité et une certaine douceur avec des traits assez ronds et épais et les couleurs vives utilisées qui accentuent cette atmosphère féerique. J’ai beaucoup aimé le travail fait sur les expressions des personnages et leurs représentations. Ils ne sont pas aussi lisses et parfaits que les héros Disney et ça fait du bien ! Gros coup de cœur pour la palette de robes qui nous est offert dans cette histoire. L’objet livre en lui-même est magnifique et on peut même découvrir le processus de création à la fin de la bande dessinée.

Il ne m’en fallait pas plus pour tomber amoureuse de cette petite pépite !  

𝕝𝕖 𝕡𝕣𝕚𝕟𝕔𝕖 𝕖𝕥 𝕝𝕒 𝕔𝕠𝕦𝕥𝕦𝕣𝕚𝕖𝕣𝕖
rep  genderfluid

Instagram

Popular Posts

Like us on Facebook

Flickr Images