2018

ILLUMINAE, DOSSIER GEMINA 02

02:44

d'Amie Kaufman et Jay Kristoff


« Tout le monde se prépare à la grande fête de Terra sur la station spatiale Heimdall. Alors que les festivités ont commencé, BeiTech attaque la station, faisant un véritable carnage. Parmi les survivants, deux adolescents que tout sépare : Hanna Donnelly, la fille du commandant, et Nik, un jeune homme aux allures de voyou. », Illuminae, dossier Gemina 02, édition Casterman

*****DOSSIER CONFIDENTIEL*****

INSÉRER LE CODE : │ _ _ _ _ _ _ _ │

DÉVERROUILLAGE DES DONNÉES 

Comme on se retrouve cher ami terrien, j’espère que les hackeurs de BeiTech, ne t’ont pas tracé sinon les conséquences pourraient être funestes. Quoi que, en ce moment, ils ont d’autres problèmes plus urgents à traiter… Je viens te parler d’un nouveau dossier, et oui, « Alexander » n’était qu’un début.

Nom du dossier : Gemina.

[fnvdjfnnudbufbud *son inaudible* fjnviufgnvbiugbgygytt]

Il faut faire vite, nous n’avons plus beaucoup de temps. On quitte Kady, Ezra et l’Hypathia, pour se retrouver sur la station spatiale Heimdall. La population qui y vit s’apprête à célébrer la grande fête de Terra mais tout bascule lorsque les agents de la société Beitech s’introduisent dans la station et perturbent la fête à coups de balles, de peur et de menaces. Hanna, la fille du commandant de la station, se retrouve par hasard dans la zone que le groupe armé n’a pas encore pris en otage. Seule contre une dizaine d’agents surentraînés. Enfin pas tout à fait seule, puisque terré dans un autre bâtiment se cache Nicklas Malikos, un jeune dealer et membre d’un gang familial dissimulant ses activités au fond de la station. Ces deux héros vont unir leur force pour libérer leur station mais pas seulement : la vie d’une centaine d’innocents est entre leurs mains.  Une nouvelle bataille contre le temps et contre la mort s’amorce. Et, cette poursuite dans l’espace m’a réservée quelques sueurs froides.

Pour être honnête, j’ai commencé la lecture du dossier sans savoir dans quoi je me lançais. Une centaine de pages s’écoule pour que je me souvienne du contexte initial et comprenne l’arrivée de ces nouveaux personnages. Hanna Donnelly, fille du commandant, passionnée d’arts martiaux, elle aime écrire et dessiner dans son journal et elle a un petit penchant pour déjouer les règles. Une héroïne bad-ass avec une grande force mentale,  car son esprit  a été entraîné par les jeux quotidiens avec son père de stratégie militaire. Nicklas Malikos a peut-être des tatouages, un côté de dragueur lourd et les mains plongées dans le trafic de drogue familial, il n’en reste pas moins un garçon avec beaucoup d’humour et dévoué pour sa famille. Vous voyez le stéréotype arriver ? Je ne le nierais pas, on retrouve des clichés du roman adolescent : le faux « bad boy », le triangle amoureux, la romance sur le modèle de Roméo et Juliette et une héroïne sans pouvoirs magiques et aussi forte que Wonder Woman ! Mais Amie Kaufman et Jay Kristoff ont repris ces archétypes de manière ingénieuse. L’intrigue principale et les péripéties priment sur le récit. Une complexité entoure les héros principaux, qui sont accompagnés par des personnages attachants et percutants –je ne pense notamment à Ella, un petit génie de l’informatique-. Quant au triangle amoureux, dieu merci, il se résout rapidement. L’unique élément qui m’a chagriné est le personnage d’Hanna : tout comme Kady dans le premier tome, on est face à une jeune fille qui du haut de ses 16 ans arrive à se tirer de n’importe quelle situation même quand trois armes sont pointées sur elle. A de très nombreuses reprises, elle se retrouve au pied du mur et elle arrive toujours à s’en sortir. C’est peut-être un peu trop : trop improbable, trop gros.

D’un autre côté, réussir à tenir en haleine son lecteur pendant six cents pages avec seulement des bribes de conversations ou de retranscriptions vidéo, est un pari réussi et innovant. J’ai adoré replonger dans cette atmosphère d’urgence qui m’avait tant plu dans le dossier « Alexander ». Un rythme haletant tout au long du roman. On s’inquiète pour nos héros, on tremble et s’essouffle avec eux lorsque l’ennemi est à leurs trousses et on peut plus lâcher ce livre. Cet univers dans la galaxie s’enrichit et introduit de nouveaux éléments de la science-fiction : le monstre et une notion d’espace-temps aussi complexe qu’un épisode de Stranger Things (mais promis je n’en dis pas plus !).

Illuminae, une saga aux 3 forces : un univers dans la galaxie extrêmement bien construit, une avalanche d’actions et un support de lecture original. J’espère retrouver ces trois éléments dans le dernier tome qui  promet une réunion des héros de la saga.

[*sons stridents* déclenchement de plusieurs alarmes de détresse]

Je dois partir. Il est temps de faire ton choix : lire ou pas le dossier Gemina 02 : à toi de savoir si tu veux découvrir un univers de science-fiction intergalactique avec deux adolescents qui tentent de sauver leur peau, leur station et accessoirement une centaine de rescapés.

*****CE MESSAGE S’AUTODETRUIRA DANS 10 SECONDES*****

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! BOOM !

★    
Gwendoline

2018

Toute la lumière que nous ne pouvons voir

00:59

de Anthony Doerr


« [Roman qui] nous entraîne, du Paris de l’Occupation à l’effervescence de la Libération, dans le sillage de deux héros dont la guerre va bouleverser l’existence : Marie-Laure, une jeune aveugle, réfugiée avec son père à Saint-Malo, et Werner, un orphelin, véritable génie des transmissions électromagnétiques, dont les talents sont exploités par la Wehrmacht pour briser la Résistance. », Toute la lumière que nous ne pouvons voir, édition Albin Michel

Destins croisés. De deux enfants pendant la guerre. Allemagne. France. Werner, une jeune orphelin qui passe son adolescence dans les camps militaires hitlériens. Marie Laure, une jeune fille aveugle, qui fuit Paris, sa chambre et ses repères pour la mer. Connaître l’angoisse, la peur ; grandir trop tôt pour être au milieu de la crainte, de l’oppression et des bombardements. Un seul leitmotiv : être courageux c’est survivre. Deux âmes éloignées, deux camps ennemis et une rencontre dans ce chaos.

Toute la lumière que nous ne pouvons voir. C’est peut être ces images que Marie Laure ne voient plus, car une voix, un individu, un lieu se transforment en un son coloré, à des sensations. 6 bouches d’égout avant le parc. Un éclat de rouge quand son père rit ; des tons de gris quand il allume, pensif, sa cigarette dans le salon. Cette lumière éteinte, c’est peut être cette voix française à la radio que Werner écoutait avec sa sÅ“ur Jutta, jusqu’à ce silence rompe ce doux moment loin de la précarité, de l’orphelinat et de la vie à la mine qu’on lui destine. Cette lumière est peut être ces rencontres et ces instants égarés au milieu de ce monde de terreur : les balades sur la plage et la chasse aux mollusques, cet ami amoureux des oiseaux, les lectures à voix haute des romans de Jules Verne ou encore les lettres de sa sÅ“ur. Cette lueur invisible, discrète, vite oubliée, et pourtant essentielle à la survie de nos héros. De chaque côté, les interdits et les menaces n’entachent pas les forces de la résistance ou de l’humanité.

Un récit à deux voix. Qui s’entrechoquent et s’entrecroisent autour de chapitres courts. Pourtant les mots se posent lentement : peut-être trop lentement, l’intérêt se décroche, quelques lignes sautent et on reprend doucement la lecture. J’ai aimé suivre le point de vue détaillé des personnages, seulement, souvent, le rythme ralentissait et s’allongeait. Comme cette narration parallèle au récit principal et inutile autour d’une pseudo chasse au trésor. Je regrette que ces phénomènes de descriptions et de ralentis n’aient pas eu lieu lors des scènes finales. Une rencontre. Presque aussi rapide qu’un battement d’aile. Le temps de cligner les yeux et tout est déjà loin. Alors cette scène reste en suspens avec un goût amer.

Toute la lumière que ne nous pouvons voir. Une lecture historique en demi-teinte, assombrie par des longueurs aux effets décrocheurs. Un récit lumineux pour ses héros : deux jeunes adolescents enrôlés dans les sursauts de leur époque, dans une guerre qui a massacré leur enfance.

Gwendoline

★   ✩ 

2018

Un funambule sur le sable

08:25

 de Gilles Marchand


« C'est l'histoire de Stradi qui naît avec un violon dans le crâne. A l'école, il va souffrir à cause de la maladresse ou de l'ignorance des adultes et des enfants. A ces souffrances, il va opposer son optimisme invincible, héritage de ses parents. Et son violon s'avère être un atout qui lui permet de rêver et d'espérer. Roman de l'éducation, révérant la différence et le pouvoir de l'imagination. », Un funambule sur le sable, édition Aux forges de vulcain

La mer à l'horizon. Le vent s'engouffre sous les vêtements et glisse sur la peau. Il siffle dans les oreilles. Est-ce vraiment lui qui produit ce bruit chuchotant ? N'est-ce pas le grincement d'une corde ? N'est-ce pas le son scintillant qui éclate au coup d'archer ? Un violon dans la tête. Une jolie image pour décrire un rêveur. Un assemblage étrange de mots pour parler d'un fou. Pour le héros de cette histoire, pas de sens figuré, c'est une réalité. Il est Stradi, le garçon avec un violon dans la tête.

Un funambule sur le sable. Un acrobate qui chavire entre normalité et extraordinaire, soutenu par les cordes de son violon prêtes à trembler, à craquer à tout moment. Le récit s'ouvre sur un enfant avec un violon dans la tête qu'on transporte d'hôpitaux en hôpitaux. "Extraordinaire !" "Incroyable !" "Du jamais vu !" Les mêmes interjections et la même réponse "il n'y a rien à faire". Enfermé dans son cocon familial : un père inventeur, fou de science et grammaire, une maman dévouée et amoureuse des livres et un grand frère intrépide. Une seule visite de l'extérieur : la gentille infirmière et sa piqûre porteuse d'une douleur stridente. Le violon de Stradi chante suivant ses émotions, improvise une série de notes toute la nuit. Les vacances à la mer. L'unique moment de l'année où l'instrument se tait, s'efface face aux chants des vagues. Le temps d'un été, le silence s'installe dans sa tête. Puis en septembre : les cordes se réveillent, Stradi passe ses journées dans les pages d'un livre ou partage de longues conversations avec des oiseaux. Une autre particularité de son violon. Puis la vie s'immisce dans cette tranquillité. Le collège. Le regard des autres. Les jugements. Les invitations d'anniversaire jamais reçues. L'amitié. Le lycée. Les premiers sentiments. L'indépendance. Les premiers boulots. La vie couple. La vie de famille. Et toujours la mélodie d'un violon en fond. L'histoire d'une différence, d'un don raconté sur une longue partition de vie.

J'ai ouvert les pages de ce roman à l'aveuglette. Sans attentes ou scénario préconçu. Un personnage avec un violon dans la tête ? Drôle d'idée ! Pendant plusieurs chapitres, j'ai douté : est-ce une métaphore ? une interprétation de la folie ? Non, juste un petit instrument de musique logé dans une boîte crânienne. Et alors tout est devenu doux, magique et musical. Je me suis très vite attachée à Stradi - d'ailleurs on ne le connaît qu'au travers de ce joli surnom- : un jeune garçon timide, rêveur et courageux. On le suit à chaque étape de sa vie : sa première piqûre, sa première rentrée scolaire, son premier ami, son premier baiser. Quand ses parents découvrent effrayés ses conversations avec les oiseaux, quand à l'école il retient le son de son violon comme on retient son souffle ou quand son violon interprète les battements de son cœur. Poésie et émotion. Un roman à écouter. Entre les lignes, on imagine quelques notes de musique éclore par ci par là. Je ne me suis pas lassée de ce texte une minute.

Un funambule sur le sable, une partition sur la différence, l'extraordinaire, des notes qui résonnent toujours en fond, et, à chaque nouvelle étape, changement de portées, le tout sur des tons poétiques et attachants.

Gwendoline

★   ★ ✩ 

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