2019

Sissi, une femme au delà du conte de fées

06:17

de Giorgia Marras (ed. Steinkis)

Sissi. Quand j’attends ce nom, je vois le visage de Romy Schneider et sa robe bleue, les roses à la main le jour de l’annonce de ses fiançailles. Je vois le tableau du peintre Franz Xaver Winterhalter avec cette impératrice à la robe voluptueuse, cette chevelure en couronne tracée par des fleurs blanches. Sissi, je la connais depuis mon enfance. J’admirais son goût de liberté, son entêtement, sa beauté, ses robes majestueuses. Puis, j’ai découvert la femme derrière le mythe. Derrière le voile cristallisé du cinéma.

Une femme prisonnière d’une cage dorée. Un oiseau sauvage fermé entre quatre murs. Une jeune fille qui se bat pour faire entendre sa voix d’impératrice et ses opinions politiques. Un cour impériale hostile. Un corps athlétique, un cœur malheureux, une chevelure de 5 kg, véritable une torture au quotidien, cette impératrice à la beauté mondiale était une femme complexée par son image et son poids.

Toutes ces vérités, que l’on ignore (ou pas), se dessinent au fil des planches de cette bande dessinée. Le ton sépia prend tout son sens. Il retranscrit les difficultés et les désillusions de l’impératrice. Il s’oppose aux traits doux et ronds de Giorgia Marras qui s’apparentent à la douceur des contes de fées. Les moments clés ne sont pas épargnés. Néanmoins, des longueurs ralentissent le récit et l’autrice désoriente son lecteur avec des transitions trop abruptes. Plusieurs fois, j’ai tourné et retourné les pages pour comprendre le fil de la narration.

Cette bande dessinée n’est pas l’histoire d’une princesse mais le conte d’une femme avant-gardiste et déchue.

2019

signée poète X

10:18







        Le jour où j'ai rencontré Poète X

Je me suis retrouvée,
nez à nez,
avec une adolescente de 16 ans du quartier d'Harlem,
 gonflée de rage et de désir,
qui voulait qu'on l'aime,
et qu'on lui accorde l'attention qui lui manquait tant.
Elle aurait aimé de temps en temps,
ne pas sortir les poings constamment,
s'échapper de ce corps trop grand,
et des commandements dictés par sa chère maman.

Des émotions,
coincées entre la pression maternelle et la religion,
qui éclatent sur les pages blanches de son carnet.

La poésie
devient son appui.
un souffle,
une pause,
un répit.

Une poésie qui
se récite et se dit.
C'est dans le slam
que Xiomara soigne son âme

et qu'elle recueille les moments clés
de ses journées :
des baisers cachés,
un petit frère à protéger,
une prof de littérature impliquée,
et une relation maternelle compliquée.

Ce jeu avec les mots
n'est jamais trop.
C'est avec une douceur poétique et l'honnêteté du slam
que le narrateur déclame
au lecteur,
la vie et les peurs
de Xiomara. 

J'ai été touchée en plein cœur
par cette adolescente qui ouvre son cœur,
par cet éclat de sentiments,
par cette sincérité,
par cette jolie chanson sur le pouvoir des mots.

Des sujets de société contemporains
se tissent au récit
et aux poignets de notre héroïne :
harcèlement de rue
religion
émancipation
masturbation féminine
maltraitance infantile
sexisme
slut-shaming
violence verbale et psychologique
découverte de soi.

Un roman coup de poing.
Il secoue.
Néanmoins,
j’ai aimé être témoin
de cette brutale délicatesse.

𝕤𝕚𝕘𝕟𝕖𝕖 𝕡𝕠𝕖𝕥𝕖 𝕏

rep : homosexualité, héroïne racisée (afro-dominicaine) et grosse, roman #ownvoice
tw maltraitance infantile / violence psychologique / slut-shaming / agression sexuelle / homophobie



chronique

daisy jones and the six

11:49

de Taylor Jenkins Reid (ed. Charleston)


Ça commence avec 2 accords de guitares. 2 échos distincts. Qui se répondent, se cherchent sans se trouver. Deux accords qui étouffent le brouhaha mélodique formé par la basse, le clavier et les percussions en fond. Deux notes que le guitariste décide d’unir. C’est la naissance d’un des groupes de rock les plus mythiques des années 70.

Daisy Jones et Billy Dunne sont comme ces deux notes de guitare. Des leaders. Des étoiles qui aspirent toute la lumière autour d’elles. Elles sont hypnotiques et chaotiques car derrière leur voile magnétique, on y découvre un trou noir.

Daisy est la Cendrillon du groupe Téléphone. Elle « est la plus jolie des enfants ». Ignorée par ses parents, elle s’en va « sur son cheval blanc ». Elle « commence à boire, à traîner dans les bars » et c’est tout qu’il a suffi pour « la changer en junkie ». Cette Cendrillon rebelle ne se laisse pas marcher sur les pieds (merci de rire à ce jeu de mots pourri) : elle se bat pour chanter ses compositions et balaie d’un revers de mains les paroles naïves qu’on lui impose.

Billy est l’idole des foules et des femmes.  C’est une rockstar. Le meneur des Six. Il chante. Il compose. Il dirige. Et les autres suivent. Jusqu’à ce que le phénomène Daisy Jones s’invite dans la bande.

J’étais hyper impatiente de replonger dans l’écriture de Taylor Jenkins Reid. Une nouvelle fois, elle berne son lecteur à la perfection. Un décor authentique. Une narration inédite, construite sous forme d’interview où les voix des personnages se mélangent, donnent leur perception de l’histoire et la chute de ce groupe emblématique. Très souvent, les discours et les points de vue divergent sur un même évènement (parce que on vit et on perçoit tous les choses différemment). On y croit tellement qu’à la fin, on fredonne l’air de ces chansons qui n’ont jamais existé. Et on s’imagine nos grands parents danser sur ces hits imaginaires. L’autrice nous offre même à la fin de notre lecture les paroles de toutes les chansons qui ont rythmé le roman.



Cette minutie pour nous impliquer dans son univers se retrouve aussi dans la construction de ses personnages. Les trois héroïnes principales rayonnent. Elles gravitent autour d’un cercle majoritairement masculin et une industrie musicale patriarcale. Daisy est l’enfant abandonnée qui se métamorphose en interprète-compositrice acharnée et en figure d’obsession. Karen est la musicienne ambitieuse sans attaches. Camilla est la femme, la mère et l’épouse, prête à tout pour obtenir ce qu’elle veut. Un écho féministe résonne entre les lignes. Je me suis attachée à ces trois femmes et à l’évolution de leurs histoires. J’ai aussi énormément apprécié le respect et l’amitié qui se tissent entre elles. (girls support girls)

Je retiens le combat de Daisy pour défendre son art et ses textes dans cette industrie musicale sexiste (et qui clairement n’a pas trop changé quand on sait qu’il y a quelques mois Taylor Swift a perdu les droits de ses 6 albums à la suite d’un contrat signé à l’âge de 15 ans).

L’autrice en profite pour démystifier cette représentation idéalisée que l’on a du monde du rock. Elle montre le revers de cette fameuse maxime « sex, drugs and rock’n’roll », glamourisée depuis les années 1970, en développant le thème des addictions qui affectent les personnages. Tout comme The Seven Husbands of Evelyn Hugo, on est témoin d’une phase plus sombre de la célébrité et des paillettes.

Mon concert des Daisy Jones and the Six était électrique, authentique, poignant et féministe mais il lui manque cette force scénaristique et ces ascenseurs émotionnels qui m’avaient retourné pendant ma lecture de son précèdent roman.

Je suis impatiente de retrouver le groupe pour sa prochaine tournée sur sa seule et unique date sur Amazon Prime très bientôt.

Et si, c’était une chanson ? :

-       Le roman : 𝒶𝓂𝑒𝓇𝒾𝒸𝒶𝓃 𝓅𝒾𝑒 - 𝒹𝑜𝓃 𝓂𝒸𝓁𝑒𝒶𝓃

-       Daisy Jones : 𝒸𝒽𝑒𝓇𝓇𝓎 𝒷𝑜𝓂𝒷 - 𝓉𝒽𝑒 𝓇𝓊𝓃𝒶𝓌𝒶𝓎𝓈

-       Billy Dunne : 𝓈𝑜𝒷𝑒𝓇 - 𝑒𝓁𝓁𝑒 𝓀𝒾𝓃𝑔

(retrouve la playlist complète sur instagram !)

𝕕𝕒𝕚𝕤𝕪 𝕛𝕠𝕟𝕖𝕤 𝕒𝕟𝕕 𝕥𝕙𝕖 𝕤𝕚𝕩

tw: addictions / drogue / alcoolisme / avortement


2019

le prince et la couturière

11:20

de Jen Wang (ed. Akileos)


Une bande dessinée jeunesse sous forme de conte qui mêle 
douceur, acceptation de soi et robes de bal !

Tout ce qu’on veut pour le prince Sébastien, c’est qu’il se trouve une épouse. Tout ce que le prince Sébastien veut, c’est porter des robes.  La nuit, il devient en Lady Cristallia. Il court les cafés parisiens habillé de robes audacieuses et fabuleuses créées par sa couturière Francès. La jeune fille ne manque pas d’imagination pour faire de Lady Cristallia une icône de la mode mais garder le secret du prince se complique quand plusieurs épouses potentielles se pressent au palais.

J’avais comme une envie de lire de la bande dessinée récemment alors, quand j’ai aperçu celle-ci en librairie -sachant qu’elle attendait depuis trop longtemps dans ma wishlist-, je n’ai pas pu résister. Le prince et la couturière est une très belle bande dessinée sur la tolérance et la différence, elle balaye d’un revers de main les stéréotypes de genre. Sébastien est un garçon attachant, peu sûr de lui car il cache au monde une facette de sa personnalité dont il a peur d'être jugé. L’histoire se construit comme un parcours initiatique vers l’épanouissement du personnage principal et retrace son amitié avec Francès, une jeune fille ambitieuse, bienveillante et loyale. Les questions de la liberté de soi et de l’acceptation de la différence sont bien traitées et s’accompagnent de petites touches d’humour et d’émotions (notamment la scène du défilé final). L'avancée des événements est peut être en trop prévisible même si cet aspect est compensé par la relation entre les personnages, leurs personnalités et le trait de crayon de Jen Wang.



Ses dessins dégagent une simplicité et une certaine douceur avec des traits assez ronds et épais et les couleurs vives utilisées qui accentuent cette atmosphère féerique. J’ai beaucoup aimé le travail fait sur les expressions des personnages et leurs représentations. Ils ne sont pas aussi lisses et parfaits que les héros Disney et ça fait du bien ! Gros coup de cœur pour la palette de robes qui nous est offert dans cette histoire. L’objet livre en lui-même est magnifique et on peut même découvrir le processus de création à la fin de la bande dessinée.

Il ne m’en fallait pas plus pour tomber amoureuse de cette petite pépite !  

𝕝𝕖 𝕡𝕣𝕚𝕟𝕔𝕖 𝕖𝕥 𝕝𝕒 𝕔𝕠𝕦𝕥𝕦𝕣𝕚𝕖𝕣𝕖
rep  genderfluid

2019

l'année solitaire

06:33




d'Alice Oseman (ed. Nathan)

Un vent froid s’abat sur ces doux jours d’été. C’est la même brise glaciale qui couve le cœur de Tori. Cette adolescente pessimiste, cynique et introvertie passe ses jours enfermée derrière son écran d’ordinateur ou à porter un regard désabusé sur le monde avec son casque de musique vissé sur les oreilles. Solitaire, elle ne l’est pas. Sa meilleure amie Becky la traîne à toutes les soirées pizzas et les fêtes les plus branchées. Ses frères sont toujours là pour combler son ennui ou ses mauvaises journées avec une grosse pile de cartons. Solitaire, elle l’est. Dans sa tête. Dans son cœur. « Je suis du néant. Du vide. Je ne suis rien. », dit-elle. Jusqu’à ce que le projet « solitaire » et Michael Holden arrêtent sa chute silencieuse.

Qu’est-ce que j’ai entendu parler d’Alice Oseman. Qu’est-ce que j’ai attendu bien trop longtemps pour la découvrir. Et puis son premier roman est arrivé dans mes mains pour quelques sous. C’était l’occasion. L’occasion de tomber amoureuse de la plume d’Alice Oseman, de ses personnages et de son illustration des émotions. L’occasion de grincer des dents et de m’emmêler dans cette intrigue décousue et un peu floue. Comme l’esprit de Tori.

En effet, Alice Oseman a le talent de retranscrire avec authenticité, l’adolescence avec ses mots et ses émotions. On se reconnaît dans ses personnages, leurs solitudes, leurs espoirs, leurs discussions stupides. On s’attache à cette palette d’adolescents : de Tori la solitaire, à l’excentrique Michael – aussi solaire et exaltant que notre cher Augustus Walter de John Green – jusqu’à Becky, la meilleure amie avec qui on s’éloigne. La complexité de chaque personnage s’explique aussi par la diversité des sujets abordés : dépression, solitude, troubles alimentaires, maladies mentales, homosexualité. Ces éléments sont développés avec justesse et sensibilité grâce au style poétique et sincère de l’autrice. Le livre est d’ailleurs parsemé de nombreuses références pop-culture et littéraires (qui raviront les fans d’Harry Potter ou qui pourront très vite vous taper sur le système !).

Je regrette cependant cette intrigue narrative bancale. On avance dans le noir, à tâtons. Sans but précis. A se demander où l’on veut nous emmener. Et cette péripétie autour du blog Solitaire n’est pas claire (même à la fin), elle désoriente et vacille de temps de temps dans l’invraisemblance. Elle aurait mérité d’être plus fouillé et réfléchi.

L’année solitaire n’est pas un roman qu’on lit pour son intrigue ni parce qu’on veut être assommé par les rebondissements, on le lit pour le développement émotionnel d’un personnage, la sincérité de ses émotions et le chaos qu’elles provoquent quand elles éclatent.




Mon commentaire sur le blog de Tori :

Cher Tori,
Tu crois que tu vogues en apesanteur vers un trou noir. Tu crois que le silence grésille dans tes oreilles. Tu crois que les rires et les sourires te font disparaître. Tu crois que le soleil te fera disparaître. Tu crois que ce nuage noir qui t’accompagne ne partira pas. Tu crois que rien ne pourra soulager les sacs de peines sur tes épaules. Tu crois que l’éloignement est la meilleure des guérisons. Tu te crois solitaire. Mais tu ne l’es pas.


Je tiens à préciser que ce n’est pas un roman que je mettrai entre toutes les mains. C’est pourquoi je vous invite à lire attentivement les trigger warnings (tw).

𝕝'𝕒𝕟𝕟𝕖𝕖 𝕤𝕠𝕝𝕚𝕥𝕒𝕚𝕣𝕖
rep  homosexualité, maladies mentales
twdépression / pensées suicidaires / troubles alimentaires / automutilation


chronique

Moxie

09:09

de Jennifer Mathieu (Milan)


MOXIE : désigne le caractère audacieux d'une personne prête à défendre ses convictions envers et contre tous.

Vous entendez peut-être la chanson Rebel Girl des Bikini Hill hurler au loin. Dans les couloirs du lycée d’East Rockport au Texas, plane un vent de rébellion contre les stars de la ville : les footballeurs. Non aux tee-shirts insultants ! Non aux remarques sexistes ! Vivian, une adolescente de 16 ans discrète, ne supporte plus ces comportements sexistes que personne ne condamne.  Du papier, de la colle, des mots aiguisés et une envie de changement. C’est ce qu’il suffit pour que le mouvement des Moxie Girls éclate au lycée d’East Rockport.

Ce roman je voulais le lire depuis deux-trois ans alors, quand il est sorti en France cette année, je me suis enfin décidée à sauter le pas. Le féminisme et la lutte contre le sexisme sont plus que jamais des sujets d’actualité et j’étais curieuse de voir comment ils allaient être traités dans un roman jeunesse.

 J’admets que j’ai pris un peu peur en lisant l’introduction de l’autrice qui s’adresse à l’un de ses anciens profs qui l’avait insulté de féminazi : « La vengeance est un plat que se mange froid, abruti ». Je n’avais pas envie de lire un livre écrit dans ce seul et unique but de vengeance.

Heureusement mon appréhension s’est vite dissipée. J’ai déjà beaucoup apprécié comment était construite le personnage de Vivian. Nous ne sommes pas face à une héroïne pleine de rage qui déteste les hommes et qui cherche à tout prix à s’opposer à eux, comme certains(es) auraient tendance à associer les féministes. Vivian est une adolescente discrète, elle se définit comme la « fille modèle » à l’opposé de sa mère qui était une adolescente engagée car elle faisait partie du mouvement punk rock féministe des Riot Grrrl. Dans cette petite ville au Texas, la vie est rythmée par l’équipe de football masculine du lycée d’East Rockport. Et Vivian s’en contente. Jusqu’à ce que la découverte des fanzines -magazine féministe- de sa mère et les nouveaux vêtements des joueurs de foot font naître en elle un sentiment de révolte. On assiste à la naissance de son esprit féministe.

Je ne suis rien une experte mais je trouve que la notion de féminisme est bien abordée au fil des pages. Il occupe une place centrale dans le récit sans jamais étouffer l’intrigue en elle-même et le quotidien de Vivian dont on connaît les préoccupations familiales, sentimentales, etc. L’autrice déconstruit les clichés qu’on peut avoir sur ce mouvement et les discussions entre les personnages permettent de comprendre l’enjeu du féminisme :

«  -  (…) Le mot féminisme fait peur, il sonne pas très bien. Ça donne l’impression qu’on déteste les hommes. Je dirais que je suis pour l’égalité, c’est tout.

-Mais c’est bien ça le féminisme, non ? L’égalité des sexes ? Je crois pas que ça signifie qu’on refuse de sortir avec des mecs. Tu vois ce que je veux dire ? »

« (…) je me dis que c’est ça, être féminisme. Pas humaniste ou égaliste, ou je ne sais quoi. Mais féminisme, vraiment. Le terme convient tout à fait.  A partir d'aujourd’hui ce sera mon mot préféré. Parce qu’en somme, ça veut dire des filles qui se soutiennent et qui veulent être traitées de façon égalitaire dans un monde qui n’arrête pas de leur répéter qu’elles sont inférieures ».

L’autre pan majeur du roman est l’amitié qui lie toutes ces jeunes filles. Alors qu’on cherche toujours à vouloir opposer les filles entre elles, ici, elles se soutiennent et se serrent les coudes. Elles ont des profils différents, des perceptions du féminisme variées et chaque échange invite à l’apprentissage et à l’évolution d’un mode de pensée.

D’ailleurs, le personnage de Seth est également très intéressant même si je ne me suis pas du tout attachée à son histoire ou à sa relation avec Vivian. Seth soutient Vivian dans son projet, il est compréhensif et essaye de comprendre les revendications des Moxie Girls. Ce personnage prouve que le féministe ne s’adresse pas seulement aux femmes.



♡  Les petits plus que j’ai aimés :

-    -  L’insertion des fanzines Moxie dans le roman : cela permet de s’immerger pleinement dans l’histoire et je dois avouer que je suis fan du format et de l’esthétique de ce magazine.

-       -  La soutien d’une diversité dans le mouvement féministe : dans l’un des extraits, l’autrice évoque le problème du white feminism qui a pu être observé dans le groupe des Riot Grrl. Dans le roman, plusieurs portraits féminins d’origines variées se dessinent et s’impliquent dans les Moxie Girls.

-       -  La  réponse à l’argument not all men. Dans le roman, Vivian dénonce le comportement général des garçons du lycée à la suite d’une énième action sexiste et Seth répond que tous les garçons ne sont pas comme ça, ce qui vexe Vivian qui prend ensuite le temps de lui expliquer la raison de sa réaction. « J’ai eu le sentiment que tu essayais de me convaincre que la situation avec le tournoi n’était pas si grave. Parce que toi, t’es pas comme ceux qui jouent à ça. Et j’ai trouvé ça très frustrant, parce que, bien sûr, je sais que tu n’es pas comme eux, mais le problème, c’est que ces gars existent, et qu’ils sont ici, à East Rockport. Et…ils sont très nombreux ». Je trouve ce passage extrêmement intéressant, il fait réfléchir notamment quand on sait que l’utilisation du terme men are trash  peut amener à ce même genre de réaction.

-        -  L’écart de traitement apporté à l’équipe de football masculine et celle féminine

Moxie est un hymne sur la sororité et le féminisme qui dit STOP au sexisme, au favoritisme, et au harcèlement sexuel ! Un ouvrage que j’aurais aimé avoir à mes côtés pendant mes propres années lycée.


avis

mon avis sur la saison 3 de stranger things

05:26



L’été est là. C’est le retour des glaces, des sorties à la piscine et des feux d’artifices à minuit. Mais c’est surtout le retour de Stranger Things. Après deux ans d’attente, on retrouve Eleven, Mike, Dustin, Will, Lucas, Max et toute la clique pour un été de folie. Au programme : amours d’étés, balades au centre commercial, rats et fore obscure.

Nos petits héros ont grandi, ils sont maintenant des adolescents avec des préoccupations qui dépassent Donjons & Dragons. Depuis deux saisons, on a eu le temps de connaître les personnages et de s’y attacher. Dans cette troisième saison, de nouvelles amitiés se créent et d’autres se renforcent.



Max aide Eleven à être plus indépendante. Dustin et Steve nous offrent des moments hilarants. Mon duo de détectives préférés : Nancy et Jonathan se lancent dans une nouvelle enquête. Entre deux disputes, Jim et Joyce cherchent à découvrir ce qui se cache derrière la perturbation du champ magnétique. Notre groupe est éclaté en duos ou en petits groupes. De nouveaux personnages viennent apporter un vent de fraîcheur : Erica, la sœur de Lucas adepte de chantage et créatrice des meilleures punchlines, ou encore Robin, la vendeuse de glaces et l’acolyte hyper attachante et intelligente. Je regrette que le personnage de Will n’ait pas été assez développé dans cette saison, il reste absent et encore une fois à l’écart du groupe.


Cette saison 3 est en voie de devenir ma saison préférée de la série. J’aime énormément la manière dont ont évolué les personnages, l’intrigue ne manque d’action ni de rebondissements et les frères Duffer manient à la perfection ce balancement entre scènes légères et moments dramatiques (et ça ce n’est pas bon pour nos émotions). Sincèrement, cette saison ne nous laisse pas indemne. On rit et lminute d’après les larmes nous montent aux yeux. Pour preuve : à la 25ème minute de l’épisode final j’éclatais de rire (« never ending story » #toimêmetusais) et 5 minutes plus tard, je pleurais (je ne m’en remets toujours pas).

Encore une fois, cette série ne déçoit pas en termes de réalisation. Sa qualité ne se résume pas seulement à son intrigue mais aussi à ses décors, son travail de lumière, ses costumes, sa bande son et la composition de ses plans qui sont travaillés avec beaucoup de soins. C’est un bijou à regarder que cela soit les lumières de la fête foraine ou les effets spéciaux.


En plus, cette saison fourmille de thématiques importantes à la fois sur le plan sociétal ou sur l’adolescence : la rupture (désirée ou non) avec l’enfance, l’amour au cœur des relations amicales, le sexisme au travail, la découverte de soi, l’oppression du capitalisme sur les petits commerces, les violences conjugales, la maltraitance, etc.

Alors, n’ayez pas peur de tomber dans le monde à l’envers, ni de croiser des rats étranges sur votre passage car entre deux balades au centre commercial, vous pourriez croiser une bande d’ados attachants qui vous embarque dans une aventure inédite dans les années 80.

2019

The seven husbands of Evelyn Hugo

05:19


de Taylor Jenkins Reid

The seven husbands of evelyn hugo, c'est comme regarder dans une vieille caméra. Traverser le temps. Sur cette couverture de magazine en noir et blanc elle fascine les hommes et les femmes qui jalousent et envient sa beauté. On spécule sur ses relations, ses mariages, sa sexualité. Après tout c'est une actrice, alors sa vie ressemble obligatoirement à une série dramatique. Mais que se cache-t-il derrière Evelyn Hugo : cette icône sensuelle et avant-gardiste d’origine cubaine ? C'est à l'âge de 70 ans qu'elle révèle au monde la vraie femme qui se trouve derrière ce nom célèbre et le secret de ses 7 mariages. Ce secret est l'histoire de l'amour d'une vie qu’elle raconte pour la première fois à Monique, une journaliste tout juste divorcée.

Je vous vois déjà taper dans votre moteur de recherche : "Evelyn Hugo" et vous dire "comment j'ai pu passer à côté de cette légende des années 50 ?". Evelyn et son histoire ne sont que le fruit de l'imagination de Taylor Jenkins Reid. Je vous rassure on se fait tous avoir et on espère trouver une photo d’Evelyn aux côtés de Marilyn Monroe ou d’Elizabeth Taylor. Tout au long de cette lecture on s’y prend à y croire tellement la cadre historique est bien construit. De nombreuses coupures de journaux permettent d'ailleurs de renforcer cette authenticité historique.

Vous pensez être que cette histoire n'est qu'une romance historique ? Encore une fois vous vous trompez.

Evelyn est l'un des personnages les plus complexes et féministes que j'ai eu l'occasion de rencontrer. Elle connaît ses atouts. Elle en joue pour s'élever dans une société et industrie artistique patriarcales. C'est un personnage très intelligent qui comprend très vite dans quelle image on veut l'enfermer et elle décide de tirer les règles d'Hollywood à son avantage. Jamais elle ne se laisse dicter ses choix et elle n'hésite à manipuler et blesser pour protéger sa vie privée ou sa carrière. Elle n'est pas parfaite, elle fait preuve d'égoïsme, d'opportunisme. Elle est humaine. Tous les personnages sont d'un grand réalisme et ils vont toucheront en plein cœur (petite dédicace à Harry et Célia).



J'ai toujours été fasciné par les coulisses de films ou l'envers du décor. Ici, Hollywood est un héros à part entière. Quand le réalisateur crie "and….cut !", que les caméras se coupent et que les lumières s'éteignent un univers bien moins glamour s'offre à nous.  À Hollywood, tout est orchestré, préparé, scénarisé pour offrir aux magazines des histoires qui seront des sources de commérages sur la plage. À Hollywood on ne peut pas aimer qui on veut alors on se met en scène avec un autre, on cache ses bleus sous du maquillage ou on se teint les cheveux et on perd son accent pour rentrer dans le moule.

Des sujets forts apparaissent dans le roman et ils sont traités avec une grande justesse : les violences conjugales, le racisme, le sexisme, l'homosexualité, la bisexualité, la sexualisation de la femme. On passe de l'autre côté de l'écran et on découvre le revers de la célébrité : la solitude, l'appât du gain, la soif de la reconnaissance et cet effort constant pour protéger sa vie privée et sa réputation en s'enfermant dans un rôle. L'écriture de Taylor Jenkins Reid retranscrit magnifiquement bien les sentiments d'Evelyn Hugo, cette jeune cubaine de New York qui quitte un père oppressant et découvre le cinéma, le succès et l'amour à Los Angeles mais aussi la perte, le mensonge et la manipulation.

Tous les personnages qui entourent Evelyn sont d'une grande diversité et complexité. Monique, la journaliste, reste peut-être le personnage le plus discret et le moins pertinent même si Evelyn Hugo ne l'a pas choisi pour écrire sa biographie par hasard.

Ce roman ne vous laissera pas indemne. Et il est aussi beau à lire que destructeur. Préparez-vous aux derniers chapitres car ils donnent de sacrés coups.

Je ne peux vous inviter à faire un tour dans les années 50 pour découvrir la vie insoupçonnée et bouleversante d'Evelyn. J'attends la sortie française avec impatience en attendant je vous conseille la version originale ou l'audiobook. 


5 messages à retenir

5 messages à retenir du clip "You need to calm down"

10:34



Me voilà de retour sur le blog ! Aujourd’hui je ne vous parle pas bouquin mais plutôt de musique, d’égalité et d’engagement. Ce n’est pas une surprise (si c’est le cas tadaaaa !), je suis de très près la carrière musicale de Taylor Swift. C’est une artiste que j’apprécie pour de nombreuses raisons que je n’ai pas le temps d’évoquer (sauf si un article sur le sujet vous intéresse :).

Lundi dernier, elle a sorti une nouvelle chanson intitulée You need to calm down (Tu devrais te calmer) qui se révèle être la grande sœur de Mean écrit en 2010. J’avais envie de vous parler des messages de tolérance, d’acceptation et d’égalité qui contiennent la chanson et le clip.

Alooooors, c’est parti !

1.  « shade never made anybody less gay »


Pour ce mois des Fiertés, Taylor a choisi de mettre à l’honneur la communauté LGBT+. Au cœur de ce camping arc-en-ciel, elle invite les homophobes à se calmer et à se taire. Pour l’occasion, de nombreuses personnalités queers font une apparition : Ellen Degeneres, Hayley Kiyoko, Todrick Hall, Rupaul, Jesse Tyler Ferguson, les coachs de l’émission Queer Eye et pleins d’autres.

Cette nouvelle prise de position pro-LGBT+ de l’artiste a d’ailleurs enclenché plusieurs critiques, dont des accusations de pinkwashing (terme critiquant une technique marketing utilisée par les entreprises qui se servent de la communauté LGBT+ pour vendre ou se donner une image tolérante).

L’engagement de Taylor Swift envers la communauté LGBT+ était déjà visible bien avant la sortie de la chanson et il s’est intensifié depuis qu’elle a fait le choix de partager publiquement ses opinions politiques. En 2014, dans sa chanson Welcome to New York, Taylor disait :

 « And you can want who you want / Boys and boys and girls and girls »
(Et tu peux avoir qui tu veux / Des garçons et des garçons et des filles et des filles)

 et elle exprimait déjà son soutien à l’association “GLAAD” (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) dont elle a encore apporté son aide récemment. Lors de sa dernière tournée, elle a collaboré avec plusieurs artistes LGBT+ dont Troye Sivan ou Hayley Kiyoko. Au début du mois, elle a lancé une pétition en faveur de « Equality Act », un projet de loi contre les discriminations appliquées suivant le genre, l’identité ou l’orientation sexuelle d’un individu.

2.  Le cyberharcèlement c’est pas fun du tout !

Les premières paroles de la chanson s’adressent aux haters et condamnent le cyberharcèlement. Taylor pointe du doigt la négativité présente sur les réseaux sociaux et la facilité à critiquer quand on se cache derrière un écran : 

« Say it in the street, that's a knock-out (Dis le dans la rue, tu finis K.O.)  
But you say it in a Tweet, that's a cop-out (Mais le dire dans un tweet, c'est de la lâcheté) ».

3.  « Mom i am a rich man »


Vous avez peut-être remarqué cette affiche dans les premières secondes du clip. Taylor Swift adore laisser des indices sur ses titres à venir mais ici, elle place une référence forte en signification. Cette citation est tirée d’une interview de Cher, où la chanteuse et actrice américaine dénonce le sexisme et encourage l’émancipation féminine : 

« I think men are the coolest (…) But you don't really need them to live. My mom said to me, 'You know, sweetheart, one day you should settle down and marry a rich man. I said, 'Mom, I am a rich man.' ». 
(Les hommes sont cools (...) Mais tu n'as pas besoin d'eux pour vivre. Ma mère m'a dit "Tu sais, ma puce, un jour tu devrais te fixer et épouser un homme riche. Je lui ai répondu : "Maman, je suis un homme riche")

Ce clin d’œil est une manière aussi de condamner le sexisme au sein de l’industrie musicale. On reproche souvent à Taylor Swift d’écrire sur ses expériences amoureuses alors qu’on adore chanter à tue-tête les derniers titres d’Ed Sheeran. Et étrangement aucune critique ne s’élève quand il s’agit d’un artiste masculin.

4.  « We all know now we all got crowns »


Les médias et les fanbases cherchent sans cesse à diviser les artistes féminines et à entretenir des rivalités. Qui sera la meilleure ? Katy Perry VS Taylor Swift. Aya Nakamura VS Angèle. En France comme aux États-Unis, on cherche toujours à les opposer. Preuve que le sexisme est bien ancré.

Taylor Swift montre bien qu’elle veut en finir avec les dramas. Dans la deuxième partie du clip, elle dit « vive le sororité!  » et elle invite les filles à se serrer les coudes entre elles. Dans l’une des scènes du clip, des drag-queens représentent les différentes pop-stars du moment (Beyoncé, Adèle, Sia, Ariana Grande, Cardi B, etc) qu’on compare les unes aux autres au lieu de reconnaître le talent de chacune : 

« And we see you over there on the internet (Et on te voit sur internet) / 
Comparing all the girls who are killing it (Comparer toutes les filles qui réussissent) / 
But we figured you out (Mais on t'a compris) / 
We all know now we all got crowns (On sait maintenant qu'on a toutes une couronne) ».


Elle marque un dernier coup de force en officialisant sa réconciliation avec Katy Perry à la fin de la vidéo.

5. Sois fier et montre-le !


C’est surement le message général de ce clip et de cette chanson. Dans le clip, on retrouve des identités et des personnalités différentes qui sont fières de qui elles sont et qui ne se laissent pas atteindre par les critiques.

La participation du mannequin et danseur Dexter Mayfield encourage la diversité et l’estime de soi à l’image du mouvement body positive.

C’est tout pour ce soir ! J’espère que cet article vous aura donné envie de découvrir ou redécouvrir le clip « You need to calm down ». Portez vous bien et n’oubliez pas de rester calmes !

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