2019

02:45


(5 mois sans lire)
(le jour où j'ai appris à ne plus être prisonnière de mes livres)

La panne de lecture. On y passe tous. Un moment ou un autre. Sur ta table de chevet, un livre. 20 pages grignotées. Et depuis, il prend la poussière. Des jours, des semaines et des mois, qu'il t'attend là. Tu le vois quand tu te couches, quand tu te lèves. Tu l'entends presque te murmurer "dévore moi!". Mais tu ne peux pas. Tu as l'appétit coupé. Tu ouvres le livre, regarde la page puis tu le refermes. Tu n'as encore croqué aucun morceau mais tu es déjà rassasiée. "C'est juste une histoire de goût", voilà comment tu te rassures. Alors tu fouilles dans ta bibliothèque et dans celle des autres : tu goûtes d'autres mots, d'autres récits. Mais sans jamais réussir à finir le plat. A la page 20, tu ne peux même plus avaler une bouchée. Chaque livre qui te passe entre les doigts te parait plus fade que du papier mâché.

Le diagnostic tombe : panne de lecture sévère.

Je ne vais pas vous dire comment j'ai surmonté cette panne de lecture. Tout simplement car je ne pense pas encore l'avoir surmontée. Je ne pense pas avoir encore trouvé les bons conseils à suivre. Je viens vous parler de la première grosse panne de lecture que je traverse depuis bien longtemps (la dernière doit remonter aux années lycée). Je partage avec vous mes hypothèses sur son origine.

Bienvenue dans la tête d'une lectrice en pleine détresse.

Ironie du sort : elle lit toujours sauf quand elle est le seul maître à bord.

TOU DOUM!

Est-ce que je t'ai perdu ? Si tu réponds "non", c'est que tu mens. Comment est-ce que je ne peux plus lire alors que je lis tous les jours, hein ? C'est une énigme bien épineuse à résoudre n'est-ce pas ?
Laisse moi t'expliquer.

Il y a maintenant 5 mois, j'ai posé mes valises à Paris. Ah Paris ! la ville des lumières, la ville de l'amour ! Pour moi, elle est surtout la capitale française de l'édition et un passage obligé pour une étudiante dans les métiers du livre (disons, dans l'édition, c'est plus court; et ça me représente plus). Me voilà à faire le stage de mes rêves et à lire entre autre plusieurs manuscrits par semaine. Et c'est là que c'est arrivé ! Cette pause que je pensais liée à la rentrée s'est transformée en panne de lecture. Quand je passais la porte de mon studio impossible d'ouvrir la moindre page d'un livre. J'enviais et je détestais à la fois tous ces gens dans le métro qui avaient le nez dans leur bouquin.

Quel maléfice m'a t'on jeté pour que je puisse lire jusqu'à 6 manuscrits par semaine et me retrouver tétaniser devant les 300 pages d'un de mes livres ? Des milliers de réponses et de questions ont suivi. Est-ce la lecture appartenait maintenant au domaine du travail et de la contrainte ? J'ai pris peur. Peur de ne plus lire pour le plaisir. Puis j'ai réalisé quelque chose : cet amour de la lecture ne peut disparaître. Même dans le travail. Même lorsque je suis guidée par mon esprit critique et mon jugement liés aux attentes d'une maison d'édition ou d'un type de lecteurs. Le plaisir n'est jamais absent. Cette sensation excitante quand on découvre un texte pour la première fois (ou qu'on relit sous un oeil nouveau). Ces émotions qui nous traversent à la lecture d'un manuscrit, quand l'intrigue nous percute, quand les mots sont justes, quand les personnages sont attachants, quand un texte n'est pas parfait mais qu'on voit son potentiel. Cette excitation garde au fond d'elle ce plaisir de lire.

Peut être que mon cerveau cherche encore les limites de tout ça : entre lecture "travail" et lecture "personnelle", les frontières sont ambiguës. C'est peut être une petite erreur dans le système qui ne demande que du temps pour dissocier ces deux actes de lecture. Peut être que je lis tellement en semaine que j'ai perdu toute mon énergie dès le vendredi soir ? Impossible de donner des réponses concrètes à ces questions.


Je dois accepter cet entre-deux instable. Je dois accepter cette panne de lecture. Je crois qu'au fond de moi, j'en avais besoin.

Pour mieux comprendre mon rapport à la lecture.
Grâce à cette panne de lecture, j'appris quelque chose.

Les livres sont un monde merveilleux c'est indéniable, mais attention à ne pas tomber dans le trou du lapin. 

Je ne veux pas que ce palais de papier devienne ma forteresse.

Je ne veux pas que les pages de mes livres m'étouffent mais qu'elles me libèrent.

Quand, j'ai commencé mon blog en 2015 : j'avais besoin de m'accrocher à quelque chose après une année dure physiquement et mentalement. J'avais perdu confiance en moi (le peu que j'avais du moins).

J'étais seule, triste et un peu perdue.
Les livres ont été ma bouée.
Ce blog puis ma chaîne youtube ont défié le courant pour me ramener sur la côte.

Alors oui, soudain, lire est devenue une bulle d'air : je respirais, je me sentais mieux. J'avais une nouvelle routine qui motivait mes semaines et mes mois. Elle éveillait ma curiosité, mon goût pour la lecture et ma créativité. Surtout cela faisait renaître en moi, cette confiance, que j'avais perdue.

Alors oui, tout d'un coup lire un livre par semaine, publier une vidéo le mercredi et rédiger une chronique le dimanche étaient comme des petites lumières qui guidaient mon chemin. J'étais toujours seule mais j'avais mes livres. J'avais mes rituels qui comblaient mon temps.

Petit à petit, cette routine a commencé à s'effriter. C'était il y a deux ans. Puis ce métronome s'est déréglé. Je m'accordais des absences. Peut être que ce manque de régularité vous a surpris ou interrogé. En fait, je m'accordais juste le temps de respirer et de vivre.

Alors, cette panne de lecture n'est pas si anodine. Durant ces 4 derniers mois, j'ai voulu sortir, mettre le nez dehors et connaître le secrets de cette si jolie ville.


Aujourd'hui, je veux renouer avec la lecture de manière plus apaisée.


Mes chers livres, je vous aime mais vous ne serez plus mes compagnons de solitude. Je veux vous retrouver comme de vieux amis à qui j'ai envie de rendre visite et non comme des amis auxquels je m'accroche pour rester enfermer.

Je ne veux plus être dépendante de vos histoires, de vos aventures et de vos royaumes. Je ne suis plus prisonnière de votre labyrinthe. J'ai la clé et c'est moi qui choisis d'y rentrer ou d'en sortir.

Voilà.

C'est tout.

C'est l'histoire d'une lectrice qui apprend à vivre avec ses livres et non plus à dépendre d'eux.

Mon histoire, c'est peut être la tienne. Toi aussi, tu es peut être en pleine de panne de lecture. Alors si tu veux en parler ou partager ton histoire, je te donne rendez vous en commentaire.

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