2017

Comme par magie

13:08

de Elizabeth Gilbert


« Depuis près de dix ans, des milliers de lecteurs de par le monde ont été inspirés et influencés par les livres d'Elizabeth Gilbert. Aujourd'hui, l'auteure puise dans son propre processus de création pour partager avec nous sa sagesse et son point de vue unique sur la créativité, et nous encourage à aller à la recherche de notre inspiration. Elle nous montre comment capturer ce que nous aimons le plus et comment tenir tête à ce qui nous fait le plus peur ; évoque les attitudes, les approches et les habitudes dont nous avons besoin pour vivre notre vie de la façon la plus créative qui soit. », Comme par magie, édition Le Livre de Poche

On connait tous le mot « créativité ».  On est tous capables de le définir en quelques phrases. Elizabeth Gilbert, elle, a décidé d’y consacrer un roman entier. Comme par Magie est un livre d’épanouissement personnel pour « vivre sa créativité sans la craindre ».

Pour la première fois, je me lançais dans la lecture d’un ouvrage de ce genre. Quel émerveillement, quelle révélation ! Je méconnaissais totalement Elizabeth Gilbert et maintenant je n’ai qu’une envie : découvrir son Å“uvre Mange, Prie, Aime qui a fait son succès et qui a même été adaptée au cinéma. Ici, l’auteur offre un regard unique sur le phénomène qui entoure la création (cette création peut être multiple : littéraire, artistique, poétique etc). Elle retrace toutes les étapes de la création, de la captation de l’idée, à son acceptation et sa persistance. Tous les doutes, les préjugés, les motifs qui assaillent l’individu dans son processus créatif sont évoqués. Une certaine magie accompagne son discours. Elle parle elle-même de « Grande Magie » lorsque des coïncidences artistiques incroyables se croisent ou quand nous sommes envahis par cet élan incontrôlable, par cette Idée qu’il faut saisir sur l’instant. Elizabeth Gilbert nous apprend à vivre notre créativité différemment. De l’intérieur. Accepter nos peurs, nos doutes, nos expériences personnelles, notre égo, et établir une harmonie dans cette rivière de sentiments chaotiques.

Je ne vais pas vous mentir ; ce livre est une pure tuerie ! Je n’ai pas pu m’empêcher de garnir les pages de post-its tellement son écrit regorge d’extraits inspirants et motivants. Vous savez, c’est le type d’Å“uvre qu’on range dans un endroit précis car on sait que tôt ou tard, on aura besoin d’y retourner, de s’y reporter ou même s’y reposer. L’éclat de ce roman est que ce n’est pas une simple Å“uvre théorique, un modèle à suivre où l’auteur débite, par exemple, que pour ne plus avoir peur de créer il suffit de prendre son courage à deux mains. Non. Il y a quelque chose de beaucoup plus sentimental, personnel et rassurant dans l’écriture d’Elizabeth Gilbert. Chaque raisonnement qu’elle développe est agrémenté d’anecdotes personnelles, de citations ou d’un fait inédit toujours en rapport avec l’art et le monde de l’écriture. Je l’imaginais, assise en face de moi, dans un café, et elle me parlait de son expérience, et me confiait sa propre définition de la créativité et de la manière dont on pouvait l’atteindre.

Simple. Apaisant. Motivant. Magique. 4 mots qui résument mon état d’esprit pendant et après ma lecture.

Comme par magie, Elizabeth Gilbert embarque son lecteur dans sa vision positive de la création. Elle le prend doucement par la main, elle lui ouvre les yeux sur le chemin qu’il doit parcourir, sur les harmonies qu’il doit trouver ; tout en s’arrêtant de temps en temps en route pour lui raconter une histoire –son histoire à elle ou celle des autres-.
 COUP DE COEUR 
(et un livre que je vais garder près de moi longtemps)
Gwendoline

2017

Un palais d'épines et de roses

13:31

de Sarah J. Maas


« Partie chasser pour subvenir aux besoins de sa famille, Feyre, 19 ans, abat un loup. Sans le savoir, elle a tué un immortel, créature redoutée par les humains. Et les conséquences ne se font pas attendre. Un être terrifiant se présente chez elle et lui ordonne de la suivre à Prythian, le royaume des immortels. Là-bas, Feyre découvre que son ravisseur n’a rien d’un monstre. Chez lui, Feyre est traitée comme une princesse et rien ne lui est refusé. Mais dans sa prison dorée, elle fait d’étranges découvertes et commence à se poser des questions. Pourquoi tout le monde au château dissimule-t-il son visage derrière un masque ? Quel est ce mal qui a gagné les terres des immortels et menace de s’étendre au monde des hommes ? », Un palais d’épines et de roses, édition La Martinière Jeunesse

Il était une fois une belle qui tuait une bête. La belle n’avait pas le nez enfoui dans ses romans, non. Elle maniait peut être mal les mots, mais pas ses flèches. Feyre se rendait chaque jour dans les entrailles d’une forêt paralysée par le froid, pour nourrir son père et ses trois sÅ“urs. Un loup immense croisa son regard ; les yeux d’une affamée qui percèrent d’une flèche le corps robuste de l’animal. Grave erreur. Sous cette fourrure, se cachait un Grand Fae, c’est-à-dire un être puissant et presque divin. Immortels et mortels vivaient en paix, jusqu’à ce que les orgueils s’échauffent et inondent les terres de sang. Depuis, un mur et des contrats magiques séparent ces deux catégories d’êtres. Feyre est contrainte de suivre un monstre qui réclame vengeance. L’humaine traverse la frontière et découvre un monde qui dépasse les limites de son imagination. Paysages féeriques. Créatures maléfiques. Une magie au goût métallique. Emprisonnée dans un palais somptueux, elle apprend à connaître la bête qui dirige les lieux, Tamlin, et les domestiques qui l’entourent. Très vite, des doutes se matérialisent et embarquent Feyre dans une aventure périlleuse.

Sarah J. Maas ne se contente pas de reprendre le conte de La Belle et La Bête, elle le complexifie et l’enrichit grâce à des personnages originaux et un univers inédit, coincé entre l’humain et l’immortel, entre le réel et l’imaginaire. Un roman fantasy, comme je les aime ! J’ai beaucoup apprécié l’écriture de Sarah J. Maas ; elle expose ce royaume enchanté de façon assez poétique et sensorielle.

A la lecture des premiers chapitres, Feyre, notre chasseuse aguerrie, s’impose avec ses airs de Katniss Everdeen. Ses jeunes épaules supportent un foyer entier, la survie passe avant les sentiments : elle n’a pas peur d’égorger un animal et de passer le pas de la porte, les mains collantes de sang après s’être réchauffée dans les bras d’un des fermiers du village. On nous offre une héroïne indépendante, courageuse et un brin insolente. Mais une fois les grilles du palais passées, un changement étrange assaillit le personnage. Rapidement le cÅ“ur féroce de Feyre se ramollit comme de la guimauve. Heureusement la dernière partie du roman ranime ce personnage fort que j’avais vu un peu s’effondrer.

Une grande majorité du roman se révèle descriptive et narrative. Des lenteurs que je pense nécessaires même si elles ont un peu freiné ma lecture. L’auteur pose correctement les bases de son univers complexe avec ses royaumes, sa géographie, ses règles et ses dons surréalistes. La dernière phase du livre rattrape notre soif de rebondissements : c’est un véritable ascenseur émotionnel où les protagonistes ne sont pas ménagés. De nouveaux décors et de nouveaux personnages secondaires se dévoilent. Le dénouement aiguise fortement la curiosité du lecteur : de nouveaux enjeux attendent Feyre et annoncent un second tome prometteur sur le plan de l’intrigue principale et amoureuse.

Un palais d’épines et de roses : autour d’une réécriture de la Belle et la Bête pousse un décor original et des personnages qui piquent l’intérêt du lecteur ! Feyre va se frôler aux épines pour percer le mystère de ce palais de masques et de roses ! 

★ ★  ★ ★ 
Gwendoline

2017

Rien de s'oppose à la nuit

09:26

de Delphine de Vigan


« Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence. », Rien ne s’oppose à la nuit, édition Le Livre de Poche

Qui est cette femme, le regard tourné vers un ailleurs, une cigarette coincée entre ses doigts ? Sur un fond autobiographique, Delphine de Vigan se lance un défi douloureux : éclaircir le portrait mystérieux de sa mère, Lucile. Essayer de trouver où le fil s’est coupé, où son âme s’est fracturée et s’est peu à peu enfermée dans ses troubles bipolaires, où ce mécanisme infernal, qui l’a conduite jusqu’au suicide, s’est enclenché.

C’est un avec un grand courage que l’auteur réveille le passé pour dessiner sa vision de la femme qu’elle a connu. Les souvenirs s’échappent de cartons poussiéreux et de photos endormies. Les voix craquent, s’illuminent, hésitent. Chacun rembobine les cassettes de son passé : père, mère, sÅ“ur, frère, petits-enfants ; une génération complète plonge dans sa mémoire embrumée.

Rien ne s’oppose à la nuit, est un récit familial. Les souvenirs remontent dès l’enfance de Lucile : une petite fille discrète, silencieuse. Son visage d’ange est placardé sur toutes les publicités parisiennes des années 60. Au milieu de ses 8 frères et sÅ“urs, elle fait figure à part, un halo mystérieux l’entoure. Vacances d’étés. Drames familiaux. Déménagements. Secrets. Ce cycle se répète inlassablement pour la famille Poirier.  Rires et larmes vacillent, et peu à peu Lucile grandit : l’adolescente qui fumait ses cigarettes sur son lit devient une mère qui s’enferme dans sa chambre avec ses joints.

Delphine de Vigan s’attarde plusieurs fois sur ce travail d’écriture intense et troublant : les doutes, les insomnies, la peur de faire basculer l’histoire de Lucile dans la fiction, la peur de décevoir et d’heurter ses proches. Et pourtant « poser les mots » paraît nécessaire, thérapeutique pour l’auteur.

Une famille avec ses peines et ses joies. Une femme avec ses dons et ses démons. Une lourde partie s’attarde sur les failles psychologiques qui peuvent assaillir l’humain. Ici, c’est la bipolarité que combat Lucile : un monstre fourbe et incontrôlable qui perturbera  sa vie et son entourage. 

Delphine de Vigan rend un hommage poignant à sa mère : Lucile, une femme détruite, une femme courageuse, une femme délivrée ! 

★ ★  ★ 
 Gwendoline 

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