2016

Au Bonheur des Dames

04:18

de Zola


« Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s'amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu'une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connait une vie d'enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. », Au Bonheur des Dames, édition J’ai Lu

Paris. XIX ème siècle. Un siècle de changement. De modernité. De fortune pour les uns, de faillites pour les autres. Le commerce se fracture. D’un côté, les grands magasins jouent sur la quantité pour faire baisser les prix. De l’autre, les petits commerçants travaillent à la sueur de leur front dans des boutiques exiguës. La rivalité est indéniable. Ancien contre modernité.

Denise, jeune provinciale débarquant à Paris avec ses deux frères, va assister au déchirement entre l’ancien et le nouveau commerce. Depuis la draperie de son oncle, elle est étrangement attirée par le nouveau magasin, Au Bonheur des Dames, qui déferle la critique et l’admiration. Ses aléas professionnels la mènent à la fois dans les entrailles de cette « machine » qui écrase tout, et l’obscurité des petites boutiques qui s’endettent pour rivaliser contre ce géant de la consommation. Au-delà d’être un roman sur les réalités du commerce, c’est aussi une romance  aussi inédite qu’inattendue qu’on suit au fil des pages. Certains traits de Denise rappellent La Princesse de Clèves ; Zola dessine une héroïne vertueuse, travailleuse, sensible et patiente à l’allure banale. Elle se différencie des vendeuses pour sa vertu et sa discrétion, pendant que d’autres se nourrissent d’apparence, des railleries, de rumeurs et d’amants. Jusqu’aux dernières lignes, on ignore si Denise se donnera le droit d’aimer.


Au Bonheur des Dames est « un poème de l’activité moderne », pour reprendre les mots de Zola. Entre séduction et techniques de vente, ce grand magasin est un paradis pour la femme. Au cÅ“ur d’une société patriarcale, Octave Mouret lui offre le pouvoir ; au Bonheur des Dames, elle est la reine. Tout est fait pour qu’elle ne quitte plus les lieux : un personnel à ses soins, une avalanche de produits et de tissus raffinés à bon prix, un salon de lecture et même des présents pour les enfants. Y rentrer, c’est assurer de repartir les bras chargés. L’éclat, la beauté, l’immensité, l’abondance de ce magasin est révolutionnaire. Les idées commerciales – je dirai même marketing- d’Octave ne sont pas si poussiéreuses. Il est facile de faire le lien avec notre société de consommation : toujours acheter plus, acheter au meilleur prix dans des espaces qui nous émerveille dès la vitrine.

Ce roman symbolise la réussite d’un homme qui a cru à la modernité, d’un homme qui maîtrise l’art de la vente. C’est la représentation d’un monde qui achète, qui se paraît, qui vit malgré les noirceurs qui se créent derrière le tableau. Tout au long de la lecture ce n’est qu’un contraste entre deux mondes, entre deux sentiments. Espoir et désillusion. Vie et mort. Richesse et misère.

Magnifique récit sur la condition et l’évolution du commerce au XIX ème siècle, où on ne se lasse pas de contempler ce magasin et la romance qu’il renferme ! 

Gwendoline

christelle dabos

Le Passe-Miroir T2 (Les Disparus du Clairdelune)

10:30


 TOME 2  du Passe-Miroir

de Christelle Dabos


« Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au coeur d’une redoutable vérité. », Les Disparus du Clairdelune (T2 du Passe-Miroir), édition Gallimard Jeunesse

 Ce synopsis vous intrigue. Les mots « Citacielle » « conteuse » « passe-miroir » et « clairedelune » vous sont inconnus ? Je vous conseille de commencer par les Fiancés de l’Hiver, le premier tome de cette saga fantastique. Dans un premier roman, Christelle Dabos pose les bases de son univers, laisse divaguer son imaginaire pour offrir une histoire pleine de fantaisie et d’originalité. Tout se complexifie ensuite dans Les Disparus du Clairedelune. Maintenant qu’Ophélie, issue d’une grande famille d’Animiste, a percé la réalité de la Citacielle avec ses illusions, ses faux-semblants, ses apparences et ses complots, il est temps pour elle de faire son entrée à la Cour et de se présenter à Farouk, le grand esprit de famille qui dirige le Pôle. Loin de sa terre d’accueil, la jeune liseuse (traduction : personne ayant la capacité de découvrir l’histoire d’un objet et de son propriétaire rien qu’au toucher) va devoir se faire une place dans ce microcosme rempli d’artifices ; bientôt mariée à l’un des hommes les plus détestés de la Citacielle : Thorn, il en est de sa sécurité et des siens d’entretenir de bonne relation avec l’esprit Farouk. Pourtant sa vie est vite menacée quand elle se lance dans une enquête qui dépasse les simples histoires de Cour. Au-delà d’une fiction autour de personnages, Christelle Dabos fait trembler un univers fictionnel. Mais Chut ! Je n’en dis pas plus.

J’avais beaucoup aimé Les Fiancés de l’Hiver. Avec ce second tome - même si les petits aides mémoires sont nécessaires -  on met pied en terre connue. On ne peut oublier la Citacielle et ses extravagances. Tous les personnages qu’on a découverts dans le premier, sont de retour : Ophélie, Thorn, Bérénilde, Gaëlle, Renard, Archibald… et de nouveaux visages se rajoutent à cette ribambelle de visages.  Des évolutions sont notables. Cette cité de glace rendurcit Ophélie. Sa gaucherie est certes toujours là mais méfiez-vous, derrière cette douce héroïne existe une jeune femme courageuse, qui ose prendre sa vie en main, hausser la voix et imposer ses choix. Quant au ténébreux Thorn, et bien, il garde un comportement hostile. Néanmoins cet homme peu démonstratif et rigide a des failles, qu’on voit s’esquisser dans le récit. Je n’évoque que nos héros principaux et pour autant, de nombreux protagonistes interviennent au fil de ces pages.

 C’est avec enthousiasme que je constate que la romance ne prend pas le pas sur l’intrigue principale. L’action met un peu temps à arriver; Christelle Dabos choisit de nous immerger avec douceur dans l’intrigue. On a droit à de nombreuses descriptions du palais, des scènes diverses entre les différents intervenants à la Cour avant de voir se profiler le problème. Mais quand l’action est là plus rien ne s’arrête ! Les évènements s’enchaînent, Ophélie encaisse les coups, se relève,  se surprend. Nos héros finissent bien amochés.

Je dois avouer que la suite de cette histoire m’a surprise. Un étrange récit se manifeste entre deux chapitres. Un récit venu du passé. Il désoriente le lecteur. Mais pas autant que la fin. Evidemment tout est fait pour nous donner envie de lire la suite. Nos héros favoris sont en dans de délicates situations et on aimerait avoir le tome 3 sous la main pour se rassurer. Bagarre, sang et révélation n’amènent que dégât. Et d’un côté, je ne sais que penser de cet être mystérieux qu’on découvre lors des dernières pages. Tout se chamboule. Comme si on assistait à une pièce de marionnettes et qu’on découvrait soudainement que les poupées n’étaient que des êtres inanimés contrôlés par une puissance extérieure. Peut-être que je vous aie perdus. Ce n’est pas grave. Il faut vraiment se laisser entièrement embarquer dans l’imaginaire de cet auteur, dans cette invraisemblance, dans cette fantaisie, où on finit toujours surpris.

Vous êtes tombés amoureux des Fiancés de l’Hiver ? Alors partez à la recherche des Disparus du Clairdelune et risquez un peu plus votre vie au côté d’Ophélie, laissez le réel de côté et tournez-vous vers l’imaginaire ! 

Gwendoline

chronique

Le Labyrinthe (T1)

09:57


 TOME 1  L ÉPREUVE

de James Dashner


« Quand Thomas reprend connaissance, sa mémoire est vide, seul son nom lui est familier... Il se retrouve entouré d'adolescents dans un lieu étrange, à l'ombre de murs infranchissables. Quatre portes gigantesques, qui se referment le soir, ouvrent sur un labyrinthe peuplé de monstres d'acier. Chaque nuit, le plan en est modifié. Thomas comprend qu'une terrible épreuve les attend tous. Comment s'échapper par le labyrinthe maudit sans risquer sa vie ? Si seulement il parvenait à exhumer les sombres secrets enfouis au plus profond de sa mémoire... », Le Labyrinthe (Tome 1), édition Pocket Jeunesse

Cette histoire ne m’était pas inconnue, j’avais déjà succombé au film avant de découvrir les livres de James Dashner. Cette semaine j’ai retrouvé le Labyrinthe au creux des pages. Le lecteur devient l’ombre de Thomas. Comme lui, c’est un "bleu" qui découvre le Bloc, le labyrinthe, les Griffeurs, les mystères… Être enfermé dans une boîte. Se réveiller au milieu de visages inconnus. Des blocards curieux de connaître le prochain malheureux qui les rejoint. Dans la tête, un chaos : entre question, surprise, peur. Imaginez que votre vie actuelle soit des photographies scellées dans un tiroir nommé « souvenirs ». Videz ce tiroir. Tous ces jeunes garçons ont vécu cette situation. Coincés pour on ne sait combien de temps et pour une raison inconnue, au Bloc. Aucune chance de fuir. Autour des murs. Des murs étouffants et imposants. Sortir du Bloc, c’est signer son arrêt de mort. Thomas refuse de se conformer tranquillement aux règles de cette micro société ; il veut s’échapper. En sera-t-il capable ? Son audace ne menace-t-elle pas son intégration dans ce groupe d’adolescents ?  Entrez dans le labyrinthe et vous saurez…

Je ne m’étais absolument pas ennuyée en découvrant Le Labyrinthe au cinéma et j’espérais retrouver cette dynamique dans ce roman. Ce fut le cas. James Dashner segmente son livre en une multitude de chapitres assez courts où tout est fait pour garder le lecteur en haleine. Rebondissements, actions, révélations, morts, chaque fin de chapitre nous assure une suite excitante. Tout au long du récit, on se demande où mène cette histoire, quelle portée a ce gigantesque labyrinthe, les réponses n’en sont plus que surprenantes et palpitantes. Ce livre séduit tous les lecteurs en quête de roman post-apocalyptique.


Thomas. Il impressionne pour son charisme et son courage. Le danger ne le fait pas fuir. Au contraire, il l’attire. Cette particularité et les souvenirs que sa mémoire lui cache font de lui un membre particulier. On s’identifie facilement à lui car nous aussi on veut connaître le sombre secret de ce labyrinthe. Pas question d’attendre et de rester les bras croisés – après je pense que je regretterais fortement cette idée si je me retrouvais nez à nez avec un Griffeur - . Dans le livre, son amitié avec Newt est davantage développée et j’ai beaucoup aimé la relation qui pouvait exister entre ces deux personnages. Lorsque j’ai vu le film, Alby était représenté comme un leader respecté, fort mais beaucoup plus lisse que celui que j’ai appris à connaître dans le livre. Les blocards de James Dashner ont tendance à être beaucoup plus humains avec leur brutalité, leur méfiance et leur propre langage. Ils n’ont pas un physique ou un comportement parfait. Les blocards forment un groupe avec ses failles et ses différents. Ces détails apportent une dimension un peu plus réaliste à la situation. Rester bloqué entre quatre murs pendant des mois sans explication ne doit pas rendre l’individu doux comme un agneau.

A retenir. Le Labyrinthe est un roman post-apocalyptique (et non une dystopie  autant pour moi ) addictif , pleine d’action. Suivez Thomas, cet adolescent qui va faire voler en éclat la stabilité du Bloc et remettre en question les certitudes d'un groupe. Entrer dans le labyrinthe est simple, en sortir est une épreuve ! 


Gwendoline


allison morgan

J'ai fait un Voeu

09:22

d'Allison Morgan


« Un job en or, un homme idéal, un avenir resplendissant… Lanie pense qu’elle a une belle vie, presque parfaite. Jusqu’au jour où elle retrouve une liste rédigée quand elle était enfant : la liste de ses envies, des choses qu’elle voulait absolument vivre. Bientôt trentenaire, Lanie se souvient qu’elle a eu des rêves et qu’elle a été une personne amusante… autrefois. Et quand elle frôle la mort à cause d’une tranche de citron dans un verre de Martini, elle se rend compte que la vie est trop courte pour avoir, un jour, des regrets. Lanie prend donc une décision : sa liste d’envies à la main, elle va réaliser un à un tous ses rêves d’enfant. […] », J’ai Fait Un VÅ“u, édition City

Certains font des bucket lists, Lanie, elle, avait oublié l’existence de son bocal à vÅ“ux jusqu’à ce qu’elle le retrouve caché dans carton. Une vague de nostalgie l’envahit. Des rêves d’enfants, écrits sur des bouts de papiers, en compagnie de son père. Aujourd’hui ce père amoureux du risque a disparu et Lanie a bien grandi. Dans 3 mois elle se marie avec Evan, un riche agent immobilier. Elle ne remet pas en question sa vie jusqu’à la découverte de ce bocal à rêves. Une rencontre incongrue, et une mauvaise tranche de citron. Il n’en fallait pas plus. Elle a 3 mois pour réaliser tous les vÅ“ux inscrits sur ces morceaux papiers. Réaliser à tout prix ses envies. Risquer d’ouvrir les yeux et d’affronter la réalité. Risquer de prendre un tournant majeur dans sa vie. Risquer de renouer avec un passé douloureux. C’est le pari qu’elle ose se lancer.

Une lecture idéale pour la saison estivale, allongée sur la plage. Passer un agréable moment. Je décrirai ainsi J’ai Fait Un VÅ“u. Un livre divertissant mais pas enrichissant. J’ai apprécié suivre les péripéties de Lanie, qui a le don pour se mettre dans les situations les plus inconfortables et hilarantes que possible, tout en avouant que je n’ai pas trouvé cette histoire transcendante. On a droit à de nombreux clichés et on retrouve des thèmes largement développés aujourd’hui en littérature. On retient de ce livre, un leitmotiv : « vivre ses rêves », « oser », « profiter de l’instant présent sans se préoccuper du lendemain ». C’est un beau message qui malheureusement, de mon point de vue, passe en second plan. Je regrette que son histoire passée soit si vite éclipsée par sa situation amoureuse. La romance domine cette histoire, et elle est remplie de stéréotypes. Dès les premières pages on devine la fin. Il y a le bon et le mauvais. Celui qui est compréhensif, attentionné – aka le prince charmant -, et celui qui ne pense qu’à ces intérêts. Un manichéisme à s’en tirer les cheveux. Ne comptez pas sur une romance originale. Parfois les traits sont tellement accentués qu’ils frôlent l’invraisemblance.

J’arrête de cracher mon venin. Malgré ces points dérangeants, ce roman reste une fiction simple, amusante et appréciable sans prise de tête. Le personnage de Lanie séduit : un brin maladroite, fan de football américain, inébranlable face aux petits moments gênants, elle garde le sourire et elle s’émancipe au fil de pages. A la fin, c’est une femme heureuse, courageuse, indépendante et confiante qui se présente à nous.

J’ai Fait un VÅ“u ou le pouvoir d’un petit bocal, d’un pot à rêve, qui transforme à jamais la vie d’une héroïne qui avait oublié ses envies d’enfants ! 


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