2018

Qui ment ?

00:38

de Karen MacManus


« Dans un lycée américain, cinq adolescents sont collés : Bronwyn (l'élève parfaite), Addy (la fille populaire), Nate (le délinquant), Cooper (la star du baseball) et Simon (le gossip boy du lycée). Mais Simon ne ressortira jamais vivant de cette heure de colle...  Et les enquêteurs en sont vite sûrs, sa mort n'est pas accidentelle. Dès lors qu'un article écrit par Simon contenant des révélations sur chacun d'eux est découvert, Bronwyn, Addy, Nate et Cooper deviennent les principaux suspects du meurtre. », Qui Ment ?, édition Nathan

La cloche sonne. Les portables résonnent dans quatre sacs. La sanction tombe : une heure de colle. Cinq adolescents rejoignent la classe en traînant des pieds. L’aiguille tourne. Jusqu’à ce que le « clic clac » de l’horloge se bloque. Tout s’arrête. Il tombe. Il s’étouffe. Il meurt. Une mauvaise journée qui vire au cauchemar. Le quotidien banal de 4 lycéens bascule en une seconde ; quand le monde se remet en marche, ils deviennent les seuls témoins d’un meurtre.  Mais aussi les seuls suspects. Les médias s’emparent de cette affaire mystérieuse. Les premières pages des journaux diffusent les portraits de Bronwyn, Addy, Nate et Cooper et se posent la même question : qui a tué Simon –le garçon qui lâchait sur son blog chaque petit secret de ses camarades- ? La petite fille modèle promise à Harvard ? La princesse du lycée qui ne décolle jamais les yeux de son petit-ami ? Le jeune délinquant avec un père alcoolique à la maison ? Ou le sportif aimé de tous ?

Un roman à suspense au goût de mensonge. Un mensonge amer et un peu trop stéréotypé pour moi. Une lecture agréable mais en rien surprenante. Quelques sursauts, quelques inattendues et une révélation que je souhaitais plus renversante.  Trop d’attentes ? Un titre et un synopsis trompeur ? J’espérais me faire tromper, malmener par ces héros narrateurs qui dévoilent à chaque chapitre leur point de vue sur ce meurtre, cette enquête et son avancée. J’avais plus l’impression de lire une enquête du Club des Cinq avec le Breakfast Club. Bon, j’exagère un peu.

La fin n’est en rien mauvaise. Les personnages sont attachants et on les voit se libérer des stéréotypes qui collent à leur peau au fil du roman même s’ils gardent une enveloppe très lisse – leurs petits secrets n’ont rien d’exceptionnels et font juste de ces êtres de papiers des ados normaux et humains-.Nate et Addy restent les personnages que j’ai préféré suivre : bien plus complexes notamment à cause de leur contexte familial, bien plus travaillés ; cette enquête les invite à se remettre en question sur eux-mêmes et ils connaissent une belle évolution (surtout Addy) !

 Quand les complices sortent de l’ombre, la révélation finale nous éclate au visage et l’action monte crescendo. Contrat rempli. Néanmoins ce roman se termine avec un murmure de déception : « j’espérais mieux ».

Qui ment ? est un bon roman à suspens jeunesse, sauf si vous avez trop d’attentes ou que vous êtes le genre de détective-lecteur à échafauder les scénarios les plus hallucinants.

★   ✩ 

Gwendoline 

2018

The princess saves herself in this one

12:53


de Amanda Lovelace


Ah, life- the thing that happens to us while we're off somewhere else blowing on dandelions & wishing ourselves into the pages of our favorite fairy tales." The princess saves herself in this one, ed Andrews McMeel Publishing

Un peu de poésie. Quelques mots échoués sur une page blanche. Un recueil qui ressemble à un conte. Une princesse. Une demoiselle. Une reine. Une tour, des dragons et des épines. Mais attention à ce qu’il se cache derrière ce conte de fées : les cendres d’une réalité cruelle et injuste. Une réalité dure mais existante. Maltraitance. Maladie. Mort. Anorexie. Traumatisme. Rupture. Les éclats d’une âme brisée déteignent sur le papier. Des éclats que les mots recollent. C’est l’histoire d’une renaissance. D’une belle au bois dormant qui se réveille après un sommeil éternel.

« this is not a fairy tale
there is no princess
[…] there is simply a girl
faced with the difficult task
of learning to believe in
herself »
« warning II : happy ending ahead »

Un peu de poésie contemporaine. En anglais. Après Rupi Kaur, j’ai à nouveau laissé quelques vers se mettre sur mon chemin de lecture. Un voyage plus apaisé, moins contradictoire que Lait et Miel. J’en encore cherche les raisons. Un instant propice à la poésie ? Dépasser les barrières de la traduction et marcher librement dans l’Å“uvre en suivant la voix originale de l’auteur ? Quand Rupi Kaur parlait majoritairement de féminité et de ses expériences en tant que femme, Amanda Lovelace retrace l’ascension d’une princesse en quête d’elle-même, d’une princesse qui prend confiance en elle, d’une princesse qui ignorait que le chevalier qu’elle attendait pour la sauver était enfoui en elle. Est-ce les raisons qui m’ont fait aimer ce recueil ? Peut-être bien.

« the princess
locked herself away
in the highest tower
hoping a knight
in shining armor
would come to her
resccue
- i din’t realize i could be my own knight »

Un recueil de poésie, une danse en 4 temps. Une princesse enfermée dans sa tour passant ses journées avec des êtres de papiers et savourant chaque page qu’elle engloutit comme des bonbons sucrés. Une échappatoire pour oublier les odeurs de vomi sur le tapi et les remarques devant le miroir aussi fortes que l’alcool avalé par sa mère tous les jours. Une demoiselle avec un cÅ“ur piétiné par l’amour. Deux pertes tragiques. Le chagrin marqué sur sa peau. Hantée par le passé jusque dans ses os. Dans cette tour en feu, elle renaît de ses cendres.
« who would
i have
been without
the inspiration
behind my
demons ?
- probably not a poet »

Une reine qui porte fièrement sa couronne. Une reine prête à prendre sa vie en main. Encore des batailles à mener mais la reine a gagné plusieurs alliés : la confiance, l’apaisement, l’amour.

« once upon
a time
the princess
rose from the ashes
her dragon lovers
made of her &
crowned
herself
the
motherfucking
queen of
herself
- how’s that for a happily ever after ? »

Et surtout elle renoue avec ce “you”, cette poésie, ce goût des mots qui ne l’a jamais quitté. Des vers sur le pouvoir de la fiction.
«  Fiction :
the ocean
i dive
headfirst
when i
can
no longer
breathe
in
reality
- a mermaid escapist II »

Des vers éparpillés. Des pensées placées dans un même tiroir. Catastrophe naturelle. Culture du viol. Homosexualité. Harcèlement moral. Règles. Diktats auxquels sont soumises les femmes. C’est une voix libérée qui s’exprime. Et  une voix qui invite à faire de même : faire couler l’encre sur le papier. La princesse silencieuse a transformé le verre brisé dans ses mains en une couronne qu’elle porte fièrement.
« I. You will
Come across people
Who simply cannot wait to watch you fail.

II. There will be many times
In which you
Will fail
(miserably)

III- But your failures
Are just what happened-
They don’t have to be
Who you are

IV. All you can do is
Take those mistakes
& use them as fertilizer
To help you grow

V. You have to
Keeping moving forward
No matter what
Their voices say»

Il était une fois un petit livre de poésie qui parlait de princesses et de dragons. Cette princesse vivait dans un royaume compliqué appelé « la réalité » : elle a attendu le Prince Charmant, elle a affronté les ronces du destin et a trouvé en elle la magie qu’il lui manquait pour écrire une fin heureuse à son histoire. Une poésie délicate et intime !

★    
Gwendoline

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