L'espionne

13:39

de Paulo Coelho


« Arrivée à Paris sans un sou en poche, Mata Hari s’impose rapidement comme une danseuse vedette du début du XXe siècle. Insaisissable et indépendante, elle séduit le public, ensorcelle les hommes les plus riches et les plus puissants de l’époque. Mais son mode de vie flamboyant fait scandale et attire bientôt les soupçons tandis que la paranoïa s’empare du pays en guerre. Arrêtée en 1917 dans sa chambre d’hôtel sur les Champs-Élysées, elle est accusée d’espionnage. », L’Espionne, édition Flammarion

C’est la Belle Epoque, et Paris tombe amoureux d’une danseuse, une néerlandaise qui cultive l’exotisme avec une danse javanaise et exalte les foules. Elle se fait appeler Mata Hari. Les femmes admirent sa sensualité et les hommes fantasment sur son corps. Mata Hari, c’est l’emblème d’une époque ; une femme moderne qui ne rêve que de liberté, une femme qui la première à dévoiler son corps nu dans des spectacles parisiens, une femme engagée qui se fait fusiller en 1917 pour contre-espionnage. Tous les parisiens s’arrachaient les cartes postales à son effigie mais qui était Mata Hari, ou de son vrai nom : Margaretha Geertruida Zelle ?

Ce n’est pas une biographie classique. A la fin du roman, Paulo Coelho admet que les paroles de Mata Hari sont difficiles à démêler : entre l’imaginaire et la vérité il n’y a qu’un pas. On comprend alors pourquoi l’écrivain  brésilien a privilégié la biographie romancée. En endossant la voix de Mata Hari, Paulo Coelho est au plus près de son sujet. Il tente de saisir son intériorité. Tout débute par une lettre adressée à un avocat ; un testament où le mythe Mata Hari se démystifie et où Margaretha Zelle se dévoile. Elle nous livre les instants cruciaux de son existence : de son enfance tristement volée à son mariage désastreux, jusqu’à sa fuite vers Paris. Au fil de ces lignes, on assiste à la naissance d’un fantasme. Un rôle qu’elle endosse pleinement, signe d’échappatoire et de liberté pour cette jeune femme hollandaise qui a traversé des tempêtes houleuses et dramatiques  dans son passé, qui ont à jamais modifier son regard sur l’amour et la sexualité. Bien plus qu’une simple prostituée, Mata Hari a créé la fascination avec ses danses exotiques et sensuelles. Quand elle est sur scène, son corps  s’illumine, envoute, chamboule. Mata Hari, c’est aussi H-21. Une espionne au service de la France. Une France qui l’idolâtre, un France qui la tuera. Au sommet de sa carrière, la première guerre mondiale éclate, et la captivante danseuse s’enrôle dans la résistance. Et bientôt, elle sera trahie, jugée et exécutée. Elle meurt. Debout. Avec élégance et héroïsme.

L’espionne, c’est le magnifique récit d’une femme morte pour sa liberté et sa modernité. L’auteur nous offre de magnifiques moments où Mata Hari s’efface derrière des doutes, une vulnérabilité. Paulo Coelho dévêtit l’icône pour montrer la femme : une hollandaise touchante et extrêmement courageuse qui « ne cherchai[t] pas à être heureuse, seulement à être moins malheureuse et moins misérable. » (citation tirée de l’ouvrage). 

★ ★  ★ 
Gwendoline

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