En attendant Bojangles

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d'Olivier Bourdeaut


« Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom. » En attendant Bojangles, édition folio

Ouvrir le roman En attendant Bojangles, tourner la première page et ouvrir la porte du pays des merveilles. Comme face à un miroir inversé, Olivier Bourdeaut dépeint le portrait d’une famille déjantée et sans règles. Les yeux de Georges et Louise se rencontrent lors d’un gala, et après quelques mensonges échangés, ils ne se quittent plus. Ce couple sorti tout droit d’une autre dimension –d’une fiction ?- embarque leur fils dans cette vie extravagante. Danser toute la nuit. Boire. Fumer. Lire de la poésie. Vivre dans un château en Espagne. Ne jamais ouvrir le courrier. Le laisser s’empiler. Se déguiser. Faire la fête. Rêver. C’est avec une grande innocence que le fils de ce couple décalé nous conte son quotidien. Une vie que beaucoup trouveraient irréelle. Une maman qui change de prénoms tous les jours. Qui lui apprend à vouvoyer chaque passant ou à faire un baisemain à chaque fille qu’il croise. Qui s’envole quand Mr Bojangles résonne dans une pièce. Il est entouré de musique, de contes, d’aventures et de paillettes. La vie n’est qu’un divertissement où entre deux pas de danse on s’aime, on rit. Derrière cette heureuse représentation, les rires se fissurent. Et si rester au pays des merveilles est l’unique moyen d’oublier la cruelle vérité ?

Une histoire douce, pétillante et terriblement bouleversante. Deux versants dans cette famille secouée par la légèreté de l’instant et ensuite par les conséquences de cette ivresse joyeuse. « Mettons un peu de folie dans notre vie », dit-on. Mais qu’en est-il quand il y en a trop ? C’est la première fois que je lis un roman qui évoque les troubles psychologiques d’une manière aussi originale. Le décor n’est pas déprimant ou sombre. Sous l’œil de ce petit garçon, les mots s’envolent aux côtés de sa maman, l’embellissent. Innocence et grâce se dégagent de ses phrases. En parallèle, Georges, le père de ce trio, confie au lecteur l’amour inconditionnel qu’il éprouve pour Louise. Un amour délirant. J’ai lu les dernières lignes la gorge nouée. J’ai été assommée par des milliers d’émotions en même temps : de la joie, de la tristesse, de la nostalgie. C’est beau. C’est tragique. C’est magnifiquement renversant.

Je n’en dirai pas plus. Mettez Mr Bojangles, montez le son, dansez –like nobody is watching-, sautez sur votre lit puis munissez-vous d’un mouchoir et d’une coupe de champagne : Georges et Louise vous attendent déjà pour la fête. Vous n’avez plus qu’à commencer par le chapitre un. 

 COUP DE COEUR 
Gwendoline

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