l'année solitaire

06:33




d'Alice Oseman (ed. Nathan)

Un vent froid s’abat sur ces doux jours d’été. C’est la même brise glaciale qui couve le cœur de Tori. Cette adolescente pessimiste, cynique et introvertie passe ses jours enfermée derrière son écran d’ordinateur ou à porter un regard désabusé sur le monde avec son casque de musique vissé sur les oreilles. Solitaire, elle ne l’est pas. Sa meilleure amie Becky la traîne à toutes les soirées pizzas et les fêtes les plus branchées. Ses frères sont toujours là pour combler son ennui ou ses mauvaises journées avec une grosse pile de cartons. Solitaire, elle l’est. Dans sa tête. Dans son cœur. « Je suis du néant. Du vide. Je ne suis rien. », dit-elle. Jusqu’à ce que le projet « solitaire » et Michael Holden arrêtent sa chute silencieuse.

Qu’est-ce que j’ai entendu parler d’Alice Oseman. Qu’est-ce que j’ai attendu bien trop longtemps pour la découvrir. Et puis son premier roman est arrivé dans mes mains pour quelques sous. C’était l’occasion. L’occasion de tomber amoureuse de la plume d’Alice Oseman, de ses personnages et de son illustration des émotions. L’occasion de grincer des dents et de m’emmêler dans cette intrigue décousue et un peu floue. Comme l’esprit de Tori.

En effet, Alice Oseman a le talent de retranscrire avec authenticité, l’adolescence avec ses mots et ses émotions. On se reconnaît dans ses personnages, leurs solitudes, leurs espoirs, leurs discussions stupides. On s’attache à cette palette d’adolescents : de Tori la solitaire, à l’excentrique Michael – aussi solaire et exaltant que notre cher Augustus Walter de John Green – jusqu’à Becky, la meilleure amie avec qui on s’éloigne. La complexité de chaque personnage s’explique aussi par la diversité des sujets abordés : dépression, solitude, troubles alimentaires, maladies mentales, homosexualité. Ces éléments sont développés avec justesse et sensibilité grâce au style poétique et sincère de l’autrice. Le livre est d’ailleurs parsemé de nombreuses références pop-culture et littéraires (qui raviront les fans d’Harry Potter ou qui pourront très vite vous taper sur le système !).

Je regrette cependant cette intrigue narrative bancale. On avance dans le noir, à tâtons. Sans but précis. A se demander où l’on veut nous emmener. Et cette péripétie autour du blog Solitaire n’est pas claire (même à la fin), elle désoriente et vacille de temps de temps dans l’invraisemblance. Elle aurait mérité d’être plus fouillé et réfléchi.

L’année solitaire n’est pas un roman qu’on lit pour son intrigue ni parce qu’on veut être assommé par les rebondissements, on le lit pour le développement émotionnel d’un personnage, la sincérité de ses émotions et le chaos qu’elles provoquent quand elles éclatent.




Mon commentaire sur le blog de Tori :

Cher Tori,
Tu crois que tu vogues en apesanteur vers un trou noir. Tu crois que le silence grésille dans tes oreilles. Tu crois que les rires et les sourires te font disparaître. Tu crois que le soleil te fera disparaître. Tu crois que ce nuage noir qui t’accompagne ne partira pas. Tu crois que rien ne pourra soulager les sacs de peines sur tes épaules. Tu crois que l’éloignement est la meilleure des guérisons. Tu te crois solitaire. Mais tu ne l’es pas.


Je tiens à préciser que ce n’est pas un roman que je mettrai entre toutes les mains. C’est pourquoi je vous invite à lire attentivement les trigger warnings (tw).

𝕝'𝕒𝕟𝕟𝕖𝕖 𝕤𝕠𝕝𝕚𝕥𝕒𝕚𝕣𝕖
rep  homosexualité, maladies mentales
twdépression / pensées suicidaires / troubles alimentaires / automutilation


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