La Femme de Trente Ans

16:04

d'Honoré de Balzac


«Un des mythes fondateur de l’histoire de la condition féminine. «  A trente ans », l’héroïne de Balzac découvre que non seulement elle peut encore être aimée mais qu’il ne lui est plus interdit de devenir un être humain à part entière. Au prix de quelle lutte ! », La Femme De Trente Ans, édition Folio Classique

Dans cet univers balzacien, au milieu du régime de Napoléon, on nous présente Julie. Julie. Le roman est son histoire ; l’histoire d’une femme (et des femmes en général) au départ comme les autres : elle tombe amoureuse d’un homme au premier regard, découvre les particularités du mariage et  les premières déceptions. L’illusion d’un amour idéal et parfait s’écaille. Balzac illustre dans cette œuvre, le devoir imposé aux femmes de l’époque en tant qu’épouse. Leur liberté est limitée contrairement à celle des hommes. Leur vertu doit être sans accrocs, de même que leur fidélité et dévotion à leur mari.


Ici, l’auteur délivre son héroïne et toutes les âmes féminines qui tournent ces pages : une femme a le droit d’aimer et de se sentir aimée à nouveau, elle peut être humaine et succomber aux passions. Balzac rend justice à ces mères, ces filles, ces épouses et ces compagnes soumises à une société patriarcale.

Le personnage de Julie, la comtesse d’Aiglemont, est attachant. Au début de la lecture, elle nous apparaît naïve et rêveuse, battant des cils dès le premier corps masculin venu, à la recherche de l’amour, sans entendre les méfiances de son père, sur sa condition à venir une fois mariée. L’ironie veut qu’une fois mère et fanée par le temps, Julie elle-même tente prodiguer cet avertissement à sa cadette qui demeure aussi indifférente et sourde qu’elle avait pu l’être dans sa jeunesse. Cette anecdote nous apprend bien que la prise de conscience féminine sur la désillusion du mariage et des relations amoureuses se sait par l’expérience. D’où cette répétition.



La jeune Julie se lasse rapidement de sa nouvelle union et sombre dans une lassitude et une monotonie, une maladie de l’esprit, non identifiée par l’auteur qu’aujourd’hui on nommerait la dépression. Pourtant la beauté de ses traits et les joies renaissent lors de sa rencontre avec la tante de son mari, Madame de Listomère : une vieille dame qui l’écoute, la console, lui parle. Ensuite, une rencontre inattendue va lui réapprendre à aimer. S’en suit alors un rôle d’épouse et d’aimante. Sa naïveté fait place à une connaissance approfondie des mariages, des adultères, des apparences et des passions. Chaque chapitre fait avancer la comtesse dans les années. On la voit surmonter la perte, la maternité et l’envol de ses enfants, et plus particulièrement de ses filles, vers l’âge adulte. Ce personnage énigmatique n’en est pas moins sans défauts : son amour maternel peut être contesté, et son apitoiement sur elle-même et son malheur quelque peu exagéré peut exaspérer le lecteur. Néanmoins ce roman reste une lecture instructive et émouvante sur le dessein des femmes dans leur rôle à jouer au cours de leur vie.

C’est le troisième livre de Balzac que je lis (après Le Père Goriot et Le Lys dans La Vallée) et il est pour le moment mon favori. C’est un témoignage tellement réaliste et poignant sur les femmes du XIXème, leur quotidien et surtout leur libération dans un siècle où leur conduite est dictée par des codes et des convenances.

Je conseille La Femme de Trente Ans, aux individus souhaitant se confronter à un classique plein d’émotions, sur la vie commune et chahutée d’une femme, qui n’était qu’une jeune fille en quête d’un amour indéfectible ! 


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