Le Petit Chose

11:51

d'Alphonse Daudet


« Le premier roman d'un célèbre écrivain qui cache à peine une autobiographie à la fois tendre et violente. L'histoire est celle d'un petit provincial pauvre et fragile dont on va suivre le parcours semé d'embûches, d'une enfance difficile à une maturité douloureuse. Cette sorte d'Education sentimentale avant l'heure s'adresse tout particulièrement aux adolescents à l'âme romantique et joue sur une identification très forte du lecteur à ce Petit Chose souvent si démuni devant la terrible école de la vie. Le style, de facture classique, fait de cette œuvre un des romans les plus représentatifs de la littérature du 19e siècle et a valu à son auteur le surnom de "Dickens français". », Le Petit Chose, édition Le Livre de Poche

L’histoire d’un enfant. Un enfant devenu grand. Qui nous conte son enfance, ses robinsonnades, l’éclatement de sa famille et son indépendance forcée. Le Petit Chose c’est un roman  qui puise ses sources dans la vie de son auteur : Alphonse Daudet. Peut-être que certains le connaisse pour Les Lettres de Mon Moulin. Ici on est face à une œuvre d’apprentissage. Ce jeune garçon maigrichon et tout petit, Daniel Eyssette, est contraint de grandir trop vite. Fini les aventures de Robinson dans les locaux de son père, toute la famille déménage vers le nord, à Lyon, sans sou en poche. On espère y retrouver la fortune perdue. Cette famille exilée devient une famille déchirée quand quelques années plus tard, la misère n’a plus seulement envahi leurs visages mais aussi les murs. Il ne reste plus qu’à se séparer  et  combattre cette perfide pauvreté chacun de leur côté. Le petit Daniel réintègre les bancs de l’école mais pas en tant qu’étudiant ; dorénavant il est pion. Son unique quête est de reconstruire cette harmonie familiale détruite. Y parviendra-t-il ? Réussira-t-il à s’élever de sa simple condition de surveillant ? Le Petit Chose est le récit d’une enfance privée, d’une lutte constante pour s’imposer dans un monde de misère et de désillusions au XIX ème siècle.

Après Pagnol, continuons avec les auteurs français et leur rapport avec l’école. Alphonse Daudet a également inscrit l’école comme un de ses décors majeurs du roman. L’école, un luxe pour les petites gens, où les distinctions sociales sont inévitables et où les moqueries fusent pour un simple cartable usé. L’école, un lieu d’enseignement pas toujours facile à contrôler, où l’autorité est nécessaire. Notre héros principal va passer un bout de sa vie dans ce lieu rempli d’encre, de craie et de pupitres. Elève puis pion il est toujours victime des autres. Ne croyez pas que ce livre contient autant d’action qu’une épopée ou autant d’amusement qu’une comédie. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle un peu Daudet le « Dickens français » : l’univers y est lugubre, une série de malheurs s’enchaînent et au milieu de cette constante noirceur très rarement dissipée par des éclats de bonheur : on a un héros  qui encaisse très jeune toutes les tristesses du monde. Daniel Eyssette n’échappe au modèle du vilain petit canard : un joli minois, une innocence et une faiblesse de caractère, une incapacité à se prendre en charge et un besoin de se réfugier dans les bras d’un amour maternel. Une âme d’enfant dans un corps d’homme, je dirai. Même si ce roman retrace des épisodes émouvants et joyeux, ces moments sont vite effacés face au quotidien malheureux de ce personnage, en pleine détresse émotionnelle et qui a certain penchant pour faire les mauvais choix. Malgré tout, cet homme qu’on surnomme «  Le Petit Chose », m’a touché. Après toutes les épreuves qu’il a dû traverser dans l’enfance, on juste envie de le voir réussir ; et quand la déprime l’enferme on aimerait le prendre dans nos bras et lui dire de s’accrocher. On irait presque jusqu’à le sermonner à haute voix quand il part à la dérive et empire sa condition en choisissant le mensonge, l’irrationalité ou les élans colériques de son cœur. C’est un héros qui nous prend par les sentiments et qu’on  plaint sans cesse.

L’écriture favorise peut être aussi ce rapport si intime que l’on entretient avec Daniel. A la première personne du singulier, il s’adresse souvent à nous lecteur : il nous raconte son histoire, nous interpelle sur les évènements à venir. Il y a une réelle importante accordée au personnage que « Le Petit Chose » incarne : il arrive couramment à ce narrateur fictif de se présenter à la troisième personne du singulier pour renforcer la condition pathétique dans laquelle il se trouve.

Lire Le Petit Chose, c’est accepter de découvrir la vie ordinaire et malheureuse d’un garçon du XIXème siècle, au milieu d’un univers dicté par les classes sociales, l’hypocrisie et la misère. 

Gwendoline

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