Jamais assez maigre : journal d'un top model

13:00

de Victoire Maçon Dauxerre 


«À 17 ans en pleine révisions du bac Victoire fait du shopping à Paris, quand elle est repérée par un chasseur de mannequins. Engagée par l’agence Elite, elle mesure 1,78 m et pèse 56 kg. Trop grosse ! Ou pas assez maigre. Elle va perdre 9 kg en ne mangeant que trois pommes par jour, afin de répondre aux exigences tyranniques des maisons de couture. […]Un récit sans fard de la vie d’un top model d’aujourd’hui. Un témoignage bouleversant. », Jamais Assez Maigre : Journal d’un Top Model, édition Les Arènes

Beauty queen of only eighteen. She had some trouble with herself…” Les paroles de la chanson She Will Be Loved des Marron 5 ont amèrement résonné dans mes oreilles pendant la lecture de ce livre. A 18 ans, Victoire est la reine de beauté que tous les grands couturiers s’arrachent. Être reine de beauté, mais à quel prix ? Tout démarre d’une façon incongrue. Une balade dans le marais avec sa mère. Un agent la repère. Une grande déception après avoir été recalée aux concours de Science Po. A peine le temps de souffler, car Victoire devient le nouveau top prometteur d’Elite et s’envole pour la grosse pomme. Cette pomme et ses buildings, elle ne peut pas la croquer savoureusement : les castings s’enchaînent à rythme effréné. L’attente, le claquement des talons sur le parquet, les chuchotements moqueurs des autres tops. Des repas qui sautant et seulement trois pommes dans son frigo. Pas plus. Que trois minuscules fruits se balancent aisément dans son estomac, depuis que l’agence lui a dangereusement murmuré tout bas : « pour les défilés, il faut rentrer dans une taille 32 sinon personne ne voudra de toi ». Refusant un nouvel échec, elle fait confiance à la petite voix qui lui dit « tu es trop grosse, arrête de manger ! ». Son ventre se vide. Sa peau tire. Sa silhouette se creuse. Ses cheveux tombent. Son corps s’émiette pendant que les flashs crépitent sur elle, pendant que les plus belles créations haute couture glissent sur sa peau.  Le monde l’appelle, l’adule, elle fait les couvertures de magazines jusqu’à ce que ce le feu des projecteurs s’éteignent brutalement. Le rêve, le cauchemar a duré 8 mois.


On connaît la mode avec sa célébrité, ses défilés, sa fortune et sa beauté. Que se passe-t-il quand les caméras se coupent, quand les ampoules grillent et que le rideau se lève. Le témoignage de Victoire Maçon Dauxerre dévoile les coulisses de ce monde aussi envoûtant qu’inconnu. J’ai été extrêmement touchée par l’histoire de cette adolescente embarquée sur le fleuve machiavélique de l’industrie de la mode. Surtout pour les mannequins. L’identité s’efface derrière un nombre (celui de leurs mensurations), ces jeunes femmes se transforment en poupée de chiffon qu’on habille, qu’on coiffe et qu’on pique avec des aiguilles. Ce récit est d’autant plus poignant que Victoire partage ses émotions : comme face à son journal intime, le lecteur découvre ses angoisses, sa solitude, son changement physique et psychologique. Les mots sont vrais, naïfs et innocents, représentatifs de cette ancienne lycéenne, plus enfant, ni encore adulte, plongée dans l’arène calculatrice et insensible des professionnels de la mode. Cette arène n’est pas complètement noire : des visages amicaux et des élans protecteurs atténuent son cauchemar.  De l’excitation sur les podiums aux crises lors des castings, Victoire démystifie la vie idéalisée du mannequin illustrée par les médias.

Strass, paillettes et talons aiguilles ; régime, jalousie et faux-semblants : Jamais Assez Maigre ou le récit d’un top model brisée par ce que cache les photos glacées d’un magazine de mode ! 

Gwendoline

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